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Pierre-Ambroise Bosse : "Je sais ce que j'ai à faire et quand je dois le faire"

ParVO²

Mis à jour 13/08/2014 à 08:06 GMT+2

Sûr de lui et déterminé, Pierre-Ambroise Bosse vise le titre sur 800m aux Championnats d'Europe. Après son record de France, il arrive avec la pancarte de favori.

Pierre-Ambroise Bosse

Crédit: Panoramic

Vous avez battu le record de France du 800 m de Mehdi Baala, en 1’42’’53. Pensez-vous, un jour, lui prendre celui du 1 500 m (3’28’’98) ?
P.-A.B. : Avant, il y a 1 000 mètres (2’13’’96) et c’est la prochaine étape. J’ai déjà essayé de le battre et je sais que ce sera très dur. Même Mahiedine (Mekhissi) a tenté de le faire... Je suis un coureur de 800 et le 1000 est la distance qui se rapproche le plus. Quant au 1 500 mètres, avant d’y penser, je préfère être champion olympique du 800 mètres.
Vous êtes un homme de record. Avez-vous la même "fibre" en ce qui concerne les championnats ?
P.-A.B. : Je l’ai démontré dans mes années jeunes, en juniors et espoirs, mais c’est très différent en seniors. Une carrière se construit petit à petit. On l’a vu avec celle de Mehdi Baala. De nos jours, tout le monde s’entraîne dur plus tôt et on ne peut plus se dire : 'j'ai dix ans pour faire une carrière'. Maintenant que j’ai battu le record de France du 800, je peux prétendre réellement aux podiums internationaux et aux titres.
Pour votre première grande finale, aux Europe d’Helsinki en 2012, vous aviez terminé troisième. Puis, éliminé en demi-finale des Jeux de Londres. Et enfin, septième de la finale des Mondiaux 2013. A Zurich, vous arrivez avec le statut de leader européen. Vous êtes l’homme à battre…
P.-A.B. : J’ai des objectifs. Si les Jeux avaient lieu en 2014, je ne pourrais pas être champion olympique. Cette année, je suis en tête du bilan européen (il est deuxième au niveau mondial, ndlr). Je sais ce que j’ai à faire et quand je dois le faire. En l’occurrence, terminer premier en finale à Zurich. Toutes les courses que j’ai pu faire avant m’ont permis de me tester face à mes adversaires et dans tous les types de courses. Je sais qu’il n’y en a pas qu’un qui peut me battre dans des courses tactiques et je vais devoir m’adapter à chaque configuration.
Après la finale olympique de Londres, la course de Monaco est le 800 m le plus relevé disputé en meeting, avec cinq coureurs sous les 1’43". Cela vous conforte dans votre objectif zurichois ?
P.-A.B. : C’est incroyable de se dire que j’y étais et qu’en plus, j’ai terminé deuxième derrière Amos, en battant Rudisha. Depuis, je suis toujours sur un petit nuage, car je n’ai pas loupé cette course, alors que je ne m’y attendais pas. Le 800 m de Monaco a tout remis en question, car il m’a ouvert d’autres perspectives, des portes que je pensais verrouillées. 1’42’’53, ce n’est pas un chrono auquel je m’attendais, cette année. En toute humilité, je pensais faire 1’42’’99. Maintenant, réaliser un jour moins de 1’42 ne me semble plus inaccessible.
A vous écouter, vous donnez également l’impression d’avoir franchi un cap mentalement...
P.-A.B. : Pour moi, le sport est relié à la vie. En termes d’anxiété et de confiance, je fonctionne comme des vases communicants. Plus ma dose de confiance augmente, plus celle d’anxiété diminue. Que ce soit à l’entraînement ou en compétition. Ce record de France était donc la meilleure chose qui pouvait m’arriver et la pire pour mes concurrents, car entre eux et moi, l’écart se creuse encore un peu. À chaque fois que je suis arrivé en confiance dans un championnat, je l’ai gagné. J’ai beaucoup plus d’expérience et ce sera mon point fort. Alors que ma fougue est considérée comme mon point faible. Mes adversaires, eux, pensent que c’est ma folie qui me perdra.
Ne pensez-vous pas qu’avec votre statut de favori, vos principaux pourraient se liguer contre vous et tenter de vous sortir avant la finale ?
P.-A.B. : Je pense que j’aurai cette pancarte en demi-finale. Sur une course tactique, je peux m'en sortir. Avec un train élevé, aussi. En finale, ce sera différent et je dois m’attendre à qu’ils me barrent la route, me bloquent dans un couloir et qu’ils s’expliquent ensuite, entre eux. Je pense aux Polonais Lewandowski et Kszczot et au Britannique Osagie qui seront les plus dangereux. Mais il faudra qu’il passe en 49 ou en 50 au premier 400 m. Actuellement, ils ne sont pas beaucoup à pouvoir le faire.
Nous connaissons l’athlète que vous êtes, votre progression et vos ambitions. Et l’homme dans tout cela. Quelle est la place de l’humain dans votre évolution ?
P.-A.B. : Tout change progressivement. Je me vois grandir. Mes conversations changent, ma répartie et mon humour. Mes convictions politiques aussi. Pendant longtemps, j’ai été de gauche et si j’étais Américain, je serais démocrate plutôt que républicain, même si je ne crois pas dans la politique des États-Unis. J’ai cru en celle de la France, mais dans le gouvernement actuel, on voit bien qu’il n’y a plus de gauche ni de droite... Les hommes sont prisonniers d’un système. Personnellement, j’ai encore une certaine liberté. Grâce au sport, je suis devenu autonome. L’athlétisme est mon métier et je vis de ma passion. C’est un sport qui me fait grandir. Je pourrai rester dans ma bulle et ne pas me soucier du monde qui m’entoure, alors qu’il se passe des choses bien plus graves que la souffrance que je peux ressentir à l’entraînement. Être ainsi serait malheureux.
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