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Dopage : 5 questions pour un scandale hors normes

ParAFP

Mis à jour 10/11/2015 à 14:33 GMT+1

Le monde du sport est secoué la révélation du rapport de l'Agence mondiale antidopage, paru lundi, qui met gravement en cause la Russie et son athlétisme. Mais au-delà de ce pays et de ce sport, la caisse de résonnance n'a sans doute pas fini de produire ses effets.

La Russie au coeur d'un gigantesque scandale de dopage

Crédit: AFP

Que révèle le dossier de l’AMA ?

Le rapport de la commission d'enquête indépendante de l'Agence mondiale antidopage accable la Russie, son gouvernement, les responsables de sa fédération d'athlétisme et ses athlètes. Le rapport juge que les JO 2012 de Londres ont été "sabotés" par la présence d'athlètes dopés et recommande la suspension à vie de cinq athlètes russes, dont la championne olympique en titre du 800 m Maryia Savinova. Le rapport publié lundi se concentre pour l’heure uniquement sur la Russie et l'athlétisme et son système de dopage organisé.
Le document de plus de 300 pages relate également comment le laboratoire moscovite, accrédité par l'AMA, faisait l'objet d'"interférences externes" dans son travail d'analyses. Des interférences matérialisées par des ordres verbaux en provenance du ministère des Sports, mais également par la présence constante de membres des services secrets russes, le FSB. Comme durant les Jeux de Sotchi.

Est-ce une faillite du système antidopage ou un problème de corruption ?

Le système de contrôle analytique du dopage n'a pas scientifiquement failli face à l'athlétisme russe : il était "juste" corrompu, de la prise de sang jusqu'au sommet du système. Premiers maillons, les prélèvements de sang et/ou d'urine étaient quasi systématiquement biaisés pour les athlètes russes, avertis en avance des contrôles les concernant par l'autorité responsable, l'agence antidopage nationale (Rusada) via leur entraîneur.
Dès lors, il leur était relativement aisé, avec des complicités, d'envoyer un prête-nom au contrôle ou d'ingérer des substances masquantes. Indispensable aux contrôles hors compétition --les plus efficaces--, le processus de localisation était, lui aussi, totalement dévoyé. Adresses manquantes, erronées... Nombre de préleveurs internationaux ont fait chou blanc à la porte d'athlètes russes. Quant à la Rusada, autorité censée infliger les sanctions pour "no-show" ou manquement aux obligations de localisation, elle a systématiquement traîné dans les procédures.
Une fois les prélèvements effectués en bonne et due forme, une fois avérée (si on parle bien de la manipulation) par les analyses le résultat positif, la manipulation était encore au rendez-vous. "Si un athlète ne pouvait s'arranger avec les préleveurs, alors il devait le faire, moyennant finance, avec les autorités du laboratoire antidopage", explique la commission d'enquête de l'AMA.
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Scandale dopage et corruption en Russie : Rapport de l'AMA distribué aux journalistes à Genève

Crédit: AFP

Quelles sanctions contre La Russie ?

L'AMA a annoncé mardi la suspension avec effet immédiat de l'accréditation du laboratoire antidopage de Moscou, première conséquence des recommandations présentées lundi. Le centre antidopage de Moscou dispose de 21 jours pour faire appel de cette décision devant le Tribunal arbitral du sport", a expliqué l’AMA dans un communiqué. Au-delà de cette décision, pour l'AMA, la Russie doit être suspendue de toute compétition en athlétisme, dont les JO 2016 à Rio de Janeiro, en raison de cas de dopage qui n'auraient "pas pu exister" sans l'assentiment du gouvernement. Et les mots du rapport sont cinglants : "une culture profondément enracinée de la tricherie" et "une mentalité fondamentalement dévoyée, profondément inscrite chez tous les athlètes russes".

La Russie est-elle l’arbre qui cache une forêt plus étendue ?

Au-delà du cas de la Russie, une question brûlante se pose: le scandale va-t-il s'étendre? Si oui, la crédibilité du sport et des valeurs qu'il est censé porter recevrait un coup terrible, à neuf mois des JO de Rio et sept de l'Euro de football en France. D'autant que le tableau a déjà été noirci cette année par les accusations de corruption à la Fifa. Selon plusieurs spécialistes de l'antidopage, le risque existe surtout dans des pays où le régime est fort. "De telles fraudes ne peuvent être qu'étatiques, avec plusieurs décideurs impliqués dont les services secrets", explique à l'AFP un spécialiste souhaitant garder l'anonymat, qui cite le cas de la Chine.
Le Kenya, l'une des nations majeures de l'athlétisme où les fondeurs représentent une fierté nationale, craint d'être, comme la Russie, mis au ban de l'athlétisme mondial. "Il semble plutôt clair, à partir du reportage de l'ARD (télévision allemande à l'origine de l'enquête de l'AMA, NDLR) et d'autres développements, que le Kenya a un vrai problème. Et cela a pris beaucoup de temps pour reconnaître qu'il y en avait un", a ainsi déclaré lundi Dick Pound, qui a présidé le rapport de la commission d'enquête indépendante diligentée par l'AMA. Le rapport ne cible, lui, pas le Kenya, puisqu'il se limite à la Russie. Mais le pays africain se sait dans le collimateur: s'il a obtenu onze médailles dont deux titres en athlétisme aux derniers Jeux de Londres, il a aussi vu depuis 2012 une trentaine de ses athlètes suspendus pour dopage.

D’autres sports peuvent-ils être touchés ?

D’autres sports sont susceptibles d’être concernés. Si le scandale n’a peut-être pas fini de s’étendre au plan géographique, il risque aussi d’éclabousser d’autres disciplines. Avant la fin de l'année, l'AMA pourrait d'ailleurs faire de nouvelles annonces puisque le mandat de la commission d'enquête a été élargi l'été dernier pour travailler sur ces dossiers. Car si le rapport s'intéresse en particulier au demi-fond et au fond en athlétisme, la natation, le ski de fond et l'aviron sont aussi évoqués.
Autant de disciplines où l'endurance est primordiale. Des questions ont été soulevées dans un reportage diffusé en août 2015 par la chaîne allemande ARD, dont un premier documentaire, en décembre 2014, a été à l'origine de l'enquête de l'AMA. Dans le reportage de l'ARD, l'ancienne athlète russe Yulia Stepanova, devenue lanceuse d'alerte, témoignait de la présence de sportifs d'autres disciplines dans la salle d'attente du médecin qui lui fournissait des produits.
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Dick Pound

Crédit: AFP

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