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Le Top 30 des Mondiaux: Lillak, Pearson, Krabbe, Drummond, Riedel

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 12/08/2013 à 12:05 GMT+2

1983-2013: les Mondiaux d'athlétisme fêtent leurs 30 ans à Moscou. L'occasion de revenir sur 30 moments qui ont marqué cet évènement. Deuxième volet ce lundi.

Mondiaux Top 30 Montage 4/3 Krabbe

Crédit: Eurosport

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25. L'ACTE FONDATEUR DE LILLAK
Incontestablement un des premiers moments d'anthologie de l'histoire des Championnats du monde. Une forme d'acte fondateur. En 1983, l'acte I de ces Championnats du monde se tient à Helsinki. Un des berceaux de l'athlétisme moderne. La Finlande, terre de fond, est aussi dingue de javelot. C'est une épreuve-reine là-bas. Alors, quand Tina Lillak est en finale du javelot dames, le stade s'embrase. D'autant qu'il s'agit là de l'unique chance de médaille d'or du pays organisateur. En finale, Lillak doit composer avec la Britannique Fatima Withbread, dont le premier essai à 69,14m semble figer le concours. Une heure plus tard, ce jet permet toujours à Withbread de tenir la corde et l'or. Il ne reste plus qu'un essai à Tina Lillak. Poussée par la foule, elle arrache un ultime jet à 70,82m. Explosion du stade et de Lillak, qui entame une course effrénée, presque un tour d'honneur, dans une ambiance délirante. La Finlande n'oubliera jamais sa première médaille d'or de l'histoire des Mondiaux. Parce que c'était à domicile, parce que c'était le javelot et parce que le scenario a constitué la cerise sur le gâteau. Pour Fatima Withbread, le dénouement était trop cruel. L'image de la Britannique, en larmes, dans les bras de sa mère, s'est elle aussi ancrée dans les mémoires. Withbread aura sa revanche, quatre plus tard, à Rome. Là, elle décrochera enfin l'or. Et pas une Italienne pour la priver de son rêve au dernier moment.
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Mondiaux 1983 Helsinki Javelot Lillak

Crédit: Imago

24. LE HUITIEME JOUR
Ils ne l'avouent pas toujours, mais les sportifs de haut niveau sont, très souvent, extrêmement superstitieux. Ce sont des mécaniques de haute précision, qu'un simple grain de sable peut rendre inefficace. Il en faut parfois peu pour semer le doute. Le sport a la malédiction facile. Les médias aussi. Il faut dire que, parfois, ils ont de bonnes raisons. Lors des Championnats du monde 2011, à Daegu, le programme officiel de la compétition mettait à l'honneur chaque jour une star, souvent archi-favori de son épreuve. Une sorte de sacre annoncé avant l'heure. Mais en Corée du Sud, tout part de travers. Le premier jour, Steve Hooker, le perchiste australien, est éliminé dès les qualifications. Pas de chance. Le lendemain, valeur sûre de chez valeur sûre, le programme placarde Usain Bolt en Une. C'est du tout cuit. Sauf que "Lightning", victime et coupable d'un faux-départ, ne peut défendre ses chances en finale. Heureusement, le troisième jour, cette mini-série noire prend fin. Dayron Robles, lui, tient son rang jusqu'au bout en remportant la finale du 110m haies. Tout va bien, enfin. Sauf que, quelques instants après, Robles est disqualifié pour avoir touché par deux fois la main de Liu Xiang durant la course. Et ça continue, encore et encore: Isinbayeva (4e jour), Yargelis Savigne (6e jour), Carmelita Jeter (pour le 200m) et Allyson Fel (7e jour), autant de vedettes mises en avant par ce foutu programme avant de rater magistralement l'or promis. Entre temps, seule la marcheuse russe Olgha Kaniskina est passée au travers, le cinquième jour. Mais son épreuve, le 20 kilomètres marche, ne se déroulait pas au stade de Daegu mais dans la ville, avec un départ et une arrivée au Gukchae-Bosang Memorial Park. Lorsque Sally Pearson se présente au départ de la finale du 100m haies le huitième jour de la compétition, aucune tête d'affiche du programme n'a donc encore réussi à s'imposer sur le tartan du stade coréen.
Une invraisemblable série qui commence à faire rire les observateurs autant qu'elle fait peur aux délégations. L'identité du "cover boy" ou de la "cover girl" du jour n'est pas connue à l'avance. Insignifiante à l'origine, l'identité du malheureux élu devient source d'attention au fil des jours. Le jour J, quand Sharon Hannan, la coach de Pearson, découvre que son athlète est en Une du programme, elle a un moment de panique. "C'était dur. Je suis allée faire un tour sur Facebook et Twitter, et je n'arrêtais pas de lire 'pauvre Sally, la pauvre Sally, elle ne sera pas championne du monde'". Quelques minutes plus tard, dans le hall de l'hôtel, elle retrouve Pearson. "Sally avait l'air un peu déconfite, reprend Hannan. Comme si elle venait d'apprendre une mauvaise nouvelle à laquelle elle s'attendait. Alors je lui ai dit 'écoute Sal', c'est juste une marque de respect. Tous ceux qui ont fait la Une du programme depuis le début ont déjà été champions du monde ou champions olympiques. Toi, non, et pourtant ils t'ont choisie, toi. C'est un signe de grand respect et tu vas leur montrer qu'ils ont eu raison de te respecter.' Je ne sais pas si ça a réussi à la convaincre, mais c'était important." Pearson est donc parfaitement au courant de ce qui se trame. Mais elle est si forte. Si dominatrice. Personne n'a pu la chatouiller sur 100 haies tout au long de cette saison 2011. Créditée de la meilleure performance mondiale en, arrivant elle l'a encore améliorée en demi-finales, en 12"36. Théoriquement, l'or ne peut lui échapper. Pourtant, au coup de starter, chacun ne peut s'empêcher de penser à cette histoire de programme. "The Curse of the Cover", comme disent les médias anglo-saxons.Pearson s'élance, efface les haies les unes après les autres. On attend la cagade, la chute, le drame. Il n'y en aura pas. Trop forte, trop rapide, trop sûre d'elle, trop tout, Pearson s'impose en 12"28, signant la quatrième meilleure performance de l'histoire sur la distance. Elle n'avait que deux adversaires: elle-même et ce trop fameux programme. Une fois la ligne franchie, rapidement, on vient lui en donner un exemplaire. Elle le brandit face caméra en hurlant. "Je n'allais laisser personne, rien ni personne, et certainement pas un stupide programme, m'empêcher d'accomplir mon rêve", claironnera l'Australienne un peu plus tard dans la soirée. Comme toutes les malédictions, tout cela n'avait évidemment aucune rationalité. Mais ça, c'est plus facile à dire qu'à écarter. 
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23. KRABBE, L'EPEHEMERE SOLEIL DE L'EST
Grande. Belle. Blonde. Jeune. Victorieuse. A l'été 1991, Katrin Krabbe fascine. Au début des années 90, tout le monde envie à l'Allemagne, fraichement réunifiée, cette sprinteuse de rêve, nouvelle star incontestée de l'athlétisme féminin. A Split, lors des Championnats d'Europe 1990, Krabbe remporte le 100m, le 200m, et le 4x100m. Un an plus tard, aux Championnats du monde de Tokyo, tout est en place pour le sacre de la reine. Il ne manque pas de survenir. "Double K" triomphe à la fois sur 100 (10"99) et 200 mètres (22"09), elle devance à chaque fois, dans cet ordre, l'Américaine Gwen Torrence et la Jamaïcaine Merlene Ottey. Le monde est à ses pieds. La vitesse de sa foulée écrase ses adversaires, quand le bleu de ses yeux fascine la caméra. Il n'y en a que pour elle. Katrin par ci, Krabbe par là.
A 21 ans, la grande Katrin incarne le symbole d'une nouvelle Allemagne. Elle devient LA première star du sport de l'Allemagne (ré)unie. Krabbe, c'est une révolution. Pas seulement sportive, mais surtout économique. Pour la première fois, un produit de la R.D.A. devient "bankable" comme on ne dit pas encore alors. Mercedes lui signe un contrat en or, idem pour une marque de cosmétiques. Fin 1991, alors qu'elle est désignée sportive de l'année en Allemagne pour la deuxième année consécutive (devant Steffi Graf, par exemple…), Krabbe pèse plusieurs millions de dollars en contrats divers. Les Jeux de Barcelone qui s'annoncent doivent lui permettre d'asseoir définitivement son statut de reine-star du sprint. Mais elle ne foulera jamais le tartan catalan. 1992 sera le terminus de sa carrière. Elle échappe à une première chaude alerte au mois de janvier, lors d'un stage en Afrique du Sud, où trois échantillons (notamment le sien et celui de Grit Breurer) s'avèrent identiques. L'IAAF flaire le mauvais coup et après enquête, suspend les jeunes femmes quatre mois. Décision cassée par la Fédération allemande à la surprise générale. Mais le répit est de courte durée.
Juste avant les J.O., Krabbe est contrôlée positive au clenbutérol, substance qui sera à nouveau popularisée par l'affaire Contador 18 ans plus tard. Krabbe n'avoue pas. Elle évoque un traitement pour l'asthme, puis parle de complot. Là, c'est la curée. Le mythe Krabbe s'effondre aussi vite qu'il s'était formée. Elle redevient, aux yeux de tous, unes Est-Allemande. Le symbole a fait long feu. Il faut vite le brûler. Tout remonte à la surface. Certains, les mêmes que cela n'avait jamais dérangé pendant deux ans, s'étonne qu'elle ait continué à travailler Thomas Springstein, son entraineur depuis l'époque est-allemande. Comme si, en changeant de nationalité, elle avait pu changer de méthode. C'est pourtant ce que tout le monde a voulu croire. Krabbe aggrave son cas en se défendant très mal. Pour Josh Hermens, son manager à l'époque, elle n'était pas prête à gérer tout ça. "Katrin ignorait tout du mode de fonctionnement de la presse occidentale, explique-t-il. Elle a été surprotégée jusqu'à l'âge de 20 ans puis, après, elle a été pris dans un tourbillon, pour le meilleur d'abord, pour le pire ensuite. Comme elle n'est pas du genre à pleurer et à s'apitoyer, les gens ont cru que c'était une femme dure alors que c'était une femme forte."
Bannie d'abord un an, elle écopera au total de trois années de suspension. La Fédération internationale devra lui verser près de deux millions d'euros en 2001 à la suite d'une longue procédure, l'avocat de l'athlète ayant fait entendre qu'elle avait été condamnée deux fois pour la même infraction. Une victoire sur la forme, pas sur le fond. Krabbe n'est jamais revenue. En 1995, à la fin de sa suspension, elle est tombée enceinte. Rideau définitif. Chez elle, à Neubrandebourg, sa ville natale où elle est retournée vivre, pas une photo ne rappelle son glorieux mais éphémère passé de championne.  Son château de cartes s'est écroulé, en même temps que le Rideau de fer s'est effondré de façon définitive, comme si, malgré elle, elle devait en être un des ultimes vestiges. Malgré sa jeunesse, sa beauté et sa vitesse, Katrin Krabbe était un soleil de l'Est, levé trop vite, couché trop tôt.
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Mondiaux 1991 Tokyo Katrin Krabbe

Crédit: Imago

22. I DID NOT MOVE !
C'est probablement la phrase la plus célèbre de l'histoire des Championnats du monde d'athlétisme. Une colère dingue, une frustration immense et un bazar invraisemblable, jamais vue sur une piste. Nous sommes donc au Stade de France, en 2003. Jon Drummond est le favori de son quart de finale du 100 mètres. Après un premier faux départ, la tension monte. Le nouveau règlement stipule en effet que si le premier faux-départ n'est pas éliminatoire, le second le sera, même s'il s'agit du premier pour le fautif. La course s'élance, mais un deuxième coup de pistolet rappelle tout le monde. Le juge désigne Jon Drummond. L'Américain est donc éliminé. Pendant près d'une heure, Drummond va contester cette décision, refuser de quitter la piste, et entamer un show tragi-comique un peu pathétique, à grands coups de "I did not move" ("je n'ai pas bougé"). Quatre mots auxquels il sera à jamais associé et même réduit. Quatre mots repris en boucle, pour divers détournements et montages, y compris un disque. C'est son "je vous demande de vous arrêter" à lui. Il ne s'agit pas de douter de la sincérité de Drummond, probablement vraiment convaincu de ne pas être fautif. D'ailleurs, au premier coup d'oeil, l'impression visuelle lui donne raison. "Malheureusement, le ralenti sur l'écran géant du Stade de France est passé en boucle et on voit que Jon ne sort pas le premier", explique alors le Jamaïcain Canon Gervais Clarke, un ancien juge sur les pistes du monde entier, aux Mondiaux comme aux J.O. Mais ce n'est pas le critère. La seule chose importante, c'est de savoir qui appuie le premier sur la pédale, qui déclenche le mouvement."
Or sur ce point, le constat est implacable pour Drummond, dont le temps de réaction est deux fois inférieur au seuil minimal. Mais Drummond n'est pas en état d'entendre raison. Et le public, amusé, siffle tout ce qu'il peut, sans que l'on sache bien s'il soutient le sprinter de Philadelphie ou s'il le conspue. Il va tout faire: pleurnicher, s'allonger par terre en guise de protestation, hurler sur les juges. Attitude ridicule, d'autant plus qu'elle est inutile. "Drummond a eu un comportement indigne d'un sportif aujourd'hui", regrette Ronald Pognon, présent lui aussi dans ces quarts de finale. Un juge parlera de "comportement de rue" à propos de Drummond. Dans sa bouche, ce n'était pas un compliment. Le cirque va durer au total 50 minutes, sous les yeux du président de la fédération internationale d'athlétisme, Lamine Diack, et de son invité d'honneur du jour, Jacques Rogge, patron du C.I.O. Drummond a toujours été un showman. Dans son club, on le surnommait même "le clown de la piste". Au Stade de France, le clown est allé trop loin et son numéro a fini par ne plus faire rire personne. Mais le Drummond show n'aura pas été sans conséquences. Pour lui, d'abord. A 35 ans, il ne s'est jamais relevé de cet épisode. Sa carrière au plus haut niveau a pour ainsi dire été terminée. Quant à l'IAAF, elle a par la suite décidé de modifier la règle des faux-départs. Désormais, il n'y aurait plus un seul accroc toléré: le premier faux-départ serait directement éliminatoire. Un certain Usain Bolt en sera victime huit ans plus tard. Sans faire le même cirque.
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21. LA REVANCHE DE RIEDEL
En athlétisme, les lancers n'appartiennent pas forcément à la catégorie la plus glamour. Les sprint, le demi-fond, le fond, bref les courses, et même les lancers ont souvent plus la cote auprès des médias et du grand public que les lancers. Pour qu'un champion émerge en termes de notoriété, il faut vraimzent qu'il soit exceptionnel. Par ses performances et/ou son charisme. Lars Riedel appartenait à cette catégorie. Le discobole allemand a attiré la lumière sur sa discipline comme aucun autre avant, ni après lui. Grand (1,99m), avec une vraie gueule, véritable star, le natif de Chemnitz a fait du concours du disque un évènement à chaque grand rendez-vous. Riedel a connu son lot de frustrations. Il n'a jamais pu aller titiller le record du monde de son compatriote Jurgent Schult, établi en 1986 et inamovible depuis. Il ne compte qu'un seul titre olympique, à l'instar d'un Bubka à la perche.
Mais sa plus grande déception, il la vit à Séville, lors des Mondiaux 1999. Riedl est alors en lice pour un cinquième titre consécutif, performance uniquement réalisée par Bubka, justement. Mais en Andalousie, il doit se contenter du bronze. Deux ans plus tard, à Edmonton, il part donc en reconquête. Entre temps, il est également passé de l'or olympique à Sydney, oùm il a reçu l'argent. A 34 ans, Riedel est-il sur le déclin? Il apporte le plus formel des démentis au Canada. Pourtant, à mi-concours, il n'est même pas sur le podium. Puis la machine infernale se met en route. Un peu plus de 69 mètres au 4e essai, pour se hisser en tête, devant Virgilijus Alekna, son bourreau de Sydney. Au cinquième essai, Riedel améliore encore sa propre marque: 69,40m. Le concours est assommé. Dix ans après son premier titre, à Tokyo, l'Allemand est toujours en or. Cinq titres pour une légende. En descendant du podium, Riedel fait deux promesses.. Celle-ci, d'abord: "ce soir, je vais faire la fête comme si c'était le dernier jour de ma vie, ça va être énorme". Puis celle-là: "Et je serai encore là à Athènesen 2004 pour reprendre le titre olympique." Il ne pourra tenir que la première.
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Mondiaux 2001 Edmonton Lars Riedel

Crédit: Imago

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