Usain Bolt - Justin Gatlin, destins parfaitement croisés
ParLoris Belin
Mis à jour 06/08/2017 à 11:47 GMT+2
MONDIAUX 2017 - L'un devait être le roi qui ne perdrait jamais sa couronne, le héros au sourire permanent. L'autre est un ancien paria condamné à rester valet, le méchant de tout bon film d'action. Un crime de lèse-majesté plus tard samedi soir, les destins d'Usain Bolt et de Justin Gatlin se sont mêlés pour l'éternité du sprint mondial.
Comme dans bien des histoires mythiques, il fallait un protagoniste et un antagoniste. Dans le stade olympique londonien, le dernier 100 mètres d'Usain Bolt en individuel a donné lieu à un tremblement de terre dans l'histoire du sprint. Un choc des mondes et un dénouement théâtral des plus parfaits, Justin Gatlin s'agenouillant devant le maître jamaïcain. A l'exception près qu'au bout de la ligne droite ce samedi soir, c'est bien l'Américain le nouveau roi de l'exercice le plus prestigieux de l'athlétisme. La croisée des chemins entre deux athlètes que tout sépare : leur carrière comme leur personnalité.
D'un côté, Bolt, le seigneur du 100 mètres, celui vers qui tous les regards étaient tournés pour une sortie à la mesure de ses dix années sur le tartan : pavée de succès. Même si le recordman du monde n'a plus son lustre d'antan, il restait la référence absolue, le favori qu'importe les chronos de la saison, ou même la logique du temps qui passe. C'est aussi l'éternel showman, le spectacle et l'égo dans toute sa splendeur, au point d'en être supportables, voire appréciables. Car avec son geste de la victoire, ses grimaces avant le départ, Bolt est un gamin dans la vie d'un monstre, ce qui le rendait sympathique, ou au moins attachant.
Docteur Gatlin et Mister Bolt
A l'inverse du destin linéaire fait en paillettes de Bolt, Justin Gatlin a connu plusieurs carrières en une seule. Un parcours chaotique fait de débuts en fanfare (champion olympique de la course reine à 22 ans et doublé 100 - 200 aux Mondiaux 2005), puis d'une descente aux enfers - suspension pour dopage oblige - avant une rédemption dans un rôle de dauphin controversé de "la Foudre". Car si le Jamaïcain est adulé par la planète entière, l'arrogant Gatlin est l'enfant terrible des pistes, hué par le public de Londres à son arrivée, et dont le nom restera à jamais souillé par les affaires. L'indécrottable vilain de cette aventure de superhéros où Bolt gagnait toujours.
Avant ce samedi donc. Au départ de cette finale aux allures de clou du spectacle dès le deuxième jour des festivités anglaises, "Lightning" ne partait certes pas avec le meilleur temps des demies (déjà une anomalie) mais dans une meilleure posture que le New Yorkais, qualifié avec le sixième temps des prétendants au titre. Après un classique départ poussif, il ne manquait plus à Bolt qu'un énième retour dont il est coutumier pour une happy end prévisible, pour ne pas dire presque espérée. Mais le bulldog Gatlin avait plus de mordant. En retrait à mi-course, l'Américain est revenu comme un boulet de canon pour hurler sa rage à l'arrivée. Quatre couloirs à sa gauche, le lévrier de Jamaïque n'a pas eu la réponse, la patte plus aussi aérienne.
Le méchant a tué le héros
Dans le film dont Bolt était le héros, le méchant a finalement tué le gentil. Pour sa dernière séance en solitaire, le champion déchu a finalement laissé son sourire se parer du voile de la déception, malgré les hommages de son alter ego. Ou plutôt l'assassin de sa belle histoire, pour ce qui était peut-être aussi la dernière mouture de celle de Gatlin. Deux scénarios liés et diamétralement opposés. Pour un final inoubliable.
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