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Mondiaux d'athlétisme : Bolt - Farah, Londres a bien achevé ses légendes

Loris Belin

Mis à jour 13/08/2017 à 10:43 GMT+2

MONDIAUX 2017 - Usain Bolt, Mo Farah. Deux des plus grands athlètes de leur ère ont fait leurs adieux au Stade Olympique de Londres. Cette enceinte les avait couronnés rois de leur époque pour les Jeux de 2012. Ce 12 août 2017, elle les a vu passer de légendes imbattables à monarques déchus.

Usain Bolt et Mo Farah, monarques déchus à Londres

Crédit: Getty Images

La cerise sur le gâteau, avant même le dernier jour des Mondiaux. Les organisateurs avaient bien fait les choses. En choisissant de placer le samedi soir en prime time les dernières foulées d'Usain Bolt et de Mo Farah, ils pensaient sans doute offrir au public du Stade Olympique de Londres un feu d'artifice anticipé et un moment pour l'éternité. Bien involontairement, ils ont fait de l'enceinte de Stratford le cimetière des carrières de deux légendes, la porte de sortie bien trop étriquée eu égard à leur carrière monstrueuse.

Battu à la régulière, Farah s'en va sur des larmes et une humiliation

Doublé 5000 – 10000m aux JO 2012, Mondiaux 2013, Mondiaux 2015, JO 2016. Son palmarès sur le demi-fond n'est peut-être pas celui de Bolt sur le sprint, mais la domination sans partage de Mo Farah remplit tous les critères pour en faire l'égal du Jamaïcain parmi les plus grands de l'histoire de l'athlétisme. Pour parachever cette carrière sublime, le Britannique s'était lancé un nouveau défi : faire la passe de cinq devant son public et s'en aller au sommet avant de se consacrer exclusivement à la route et au marathon. Le fond le titille depuis ses débuts en 2014 sur le marathon de Londres.
Mais sa position de cador indéboulonnable et une certaine soif de revanche face aux accusations de dopage de la presse anglo-saxonne à son égard en 2015 l'avaient convaincu de faire durer le plaisir. Ces Mondiaux à Londres, devant la patrie qui l'a adopté et qui le soutient comme un de ses enfants chéris devaient être l'apothéose parfait. Sa victoire sur le 10 000 mètres en ouverture des championnats vendredi dernier avait parfaitement lancé son opération avec un dernier tour fulgurant comme il en a le secret. Le nerveux 5 000 mètres ne lui a pas laissé l'opportunité de doubler la mise.
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L'ultime effort de Farah est resté vain : le final du 5000m

Face à la colonie éthiopienne, Farah n'a pu qu'admettre son infériorité. En jouant la course d'équipe, les principaux adversaires du Somalien d'origine l'ont harassé, avant de le bloquer aux abords du dernier tour. En tête, Muktar Edris, numéro un mondial sur la distance cette saison, a tenu bon pour mettre fin à la folle série de "Sir Mo" et à ses doux espoirs. Et il ne s'est pas contenté de son succès dans les règles de l'art. Edris s'est même permis d'imiter le fameux "Mobot", geste de la victoire de Farah les bras sur la tête pour mimer un M et signer ses succès de son initiale. L'affront suprême devant la cour de son dauphin du jour.
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Edris domine Farah et le chambre dans le final du 5000m des Mondiaux 2017

Crédit: Getty Images

Battu, Farah le grand a fondu en sanglots à même le sol, dévasté par le sort, par la manière, par les circonstances. Il avait été battu sans discussion, à la jambe. Cela rendait la défaite encore plus difficile à avaler. Comme une dernière provocation, c'est Edris lui-même qui s'est chargé de le relever, transmission physique de l'ancien vers le nouveau patron.

Définitivement l'année de trop pour Bolt

Ironique, le destin a attendu à peine une heure pour frapper une deuxième fois sur le plus illustre des athlètes en activité, Usain Bolt. En quelques secondes et "une crampe à l'ischio-jambier gauche" selon le médecin de l'équipe jamaïcaine, "Lightning" est passé de celui qui a défié les prétendues limites humaines à un être imparfait qui subit une blessure à la cuisse comme nombre de sportifs du dimanche. Sur un évènement aussi foudroyant que sa foulée, la petite porte de son départ s'est encore rétrécie. Il s'en va sous le choc, pire avec la pitié d'un stade déjà pris de l'ivresse du titre britannique et à qui il ne pouvait rester que des applaudissements compatissants. Au pays de sa Majesté, le Roi est mort, vive le Roi.
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Bolt au sol, les Britanniques titrés, les Français frustrés : ce 4x100m restera dans l'histoire

Car de toute manière, Bolt n'était plus tout à fait Bolt. Toujours aussi populaire, il est resté ce grand échalas désinvolte de façade, enchaînant les dabs et les grimaces aux caméras. Mais il n'a pas su être imperméable à la pression du rendez-vous qu'il s'était fixé depuis bien longtemps. Sa gestion de l'entre deux courses, où il s'était fait des plus discrets en disait déjà long sur le coup de massue reçu derrière la tête - un comble dans l'actuel stade des Hammers de West Ham - par sa modeste (pour un champion de sa trempe) médaille de bronze samedi dernier. Même Kevin Jones, le soigneur de la délégation caribéenne en convenait après la course, "les trois dernières semaines ont été dures pour lui, vous savez."
Sa présence samedi matin sur la piste avait encore plus de quoi interloquer. Bolt s'était invariablement imposé ces dernières années comme le clou du spectacle, le fin de la fin. Le voir s'escrimer parmi le commun des sprinteurs avait ce côté rafraichissant d'une tournée d'adieu pour le plaisir de courir. Mais sa participation aux séries avait également tout du troublant passage vers la normalité.
Alors Bolt s'est blessé car pas assez échauffé, son corps l'a trahi tel un vieillard des pistes, même si la Grande-Bretagne et les Etats-Unis ont déploré l'attente trop longue en chambre d'appel et les muscles trop froids avant d'aborder une course aussi intense qu'un sprint. L'idole est partie dans la posture du cheval cabré en pleine course et qu'on envoie à l'abattoir la patte brisée, la carrière et le destin avec. Celui que l'on peut considérer comme le plus grand sprinteur de tous les temps a tiré sa révérence sur une crampe après 50 mètres de course. La cruauté du sport mise en lumière par l'habituelle brillance de l'être touché, dans un stade olympique londonien grandiose mais impitoyable, même pour ceux qu'il a jadis choyé.
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Usain Bolt effondré devant le fauteuil roulant qui l'attend vers la sortie

Crédit: Getty Images

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