Wayde van Niekerk battu pour deux centièmes par Ramil Guliyev, nouveau roi du 200m

Jeudi soir, à Londres, un sprinteur a été sacré champion du monde du 200 mètres en 20 secondes et neuf centièmes. Pas de doute, l'ère Usain Bolt est bien terminée. En l'absence du maître absolu de la discipline, en or aux Mondiaux ou aux Jeux Olympiques sans discontinuer depuis 2008, le demi-tour de piste était un cœur à prendre. Ramil Guliyev a été le courtisan le plus convaincant, et le plus rapide. Vainqueur en 20''09, le Turc a devancé de deux centièmes Wayde Van Niekerk (20"11), argenté pour… un millième devant Jereem Richards.

Cette finale aura finalement été parfaitement conforme à ce que l'on attendait : pas ultra-rapide, mais très accrochée. Un signe qui ne trompait pas, les deux principales têtes d'affiche de cette course, Van Niekerk et Isaac Makwala, sont d'abord des spécialistes du 400. Mais le Sud-Africain, fatigué par ses six courses en six jours, n'a jamais voltigé cette semaine sur le 200. La star sud-africaine a pourtant retrouvé des couleurs par rapport aux demi-finales et il ne lui a finalement pas manqué grand-chose pour réussir son pari insensé et rejoindre Michael Johnson, seul auteur du doublé 200-400 dans l'histoire, que ce soit aux Mondiaux ou aux Jeux.

Isaac Makwala, lui, va quitter Londres bredouille. Un vrai crève-cœur. Interdit de courir le 400 mètres, où on voit mal comment il aurait pu ne pas monter sur le podium, il espérait une revanche éclatante sur la distance inférieure. Mais le Botswanais, pourtant au coude-à-coude avec Guliyev et Van Niekerk à la sortie du virage, a explosé dans la ligne droite finale, pour terminer à une décevante 6e place, dans un chrono tout aussi frustrant (20"44). Quand on sait qu'il était en tête des bilans 2017 avec un chrono de 19"77, on mesure l'ampleur de sa déception...

Ramil Guliyev, lui, a donc bien répondu présent. Il comptait parmi les nombreux prétendants au titre. Il ne s'est jamais désuni. Sa fraîcheur a fait la différence dans la seconde partie de la course. Il a fait exploser Makwala, a contenu Van Niekerk et résisté au retour de Jereem Richards. Le Trinidadien a fini fort mais il a payé son départ moyen.

Le sacre de Guliyev a quelque chose d'historique puisqu'il s'agit de la toute première médaille d'or turque aux championnats du monde. Peu connu du grand public, l'ancien Azéri est un vrai spécialiste du 200. En 2009, à seulement 19 ans, il s'était déjà hissé en finale des Mondiaux. Ce jour-là, Usain Bolt l'avait emporté en 19"19, signant ce qui reste à ce jour le record du monde.

Huit ans plus tard, Guliyev a couru neuf dixièmes moins vite que le Jamaïcain, dans un chrono qui ne lui aurait même pas permis d'être sur le podium dans un passé récent. Lors des cinq dernières éditions des Mondiaux, le médaillé de bronze du 200 avait couru entre 19"80 et 20"05. De quoi raviver quelques regrets pour Christophe Lemaitre. Il y a un an, à Rio, il avait décroché le bronze en 20"11. Un temps qui lui aurait à nouveau permis de jouer le podium à Londres. Mais le talent, c'est aussi de savoir saisir les portes de l'histoire quand elles s'ouvrent. A cet égard, Ramil Guliyev a été magistral jeudi.