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Oscar Pistorius était un égoïste qui humiliait Reeva, selon le procureur

ParAFP

Mis à jour 10/04/2014 à 19:35 GMT+2

Oscar Pistorius a été mis en grande difficulté par le procureur Gerrie Nel, jeudi, lors du procès pour meurtre de sa campagne, Reeva Steenkamp.

Oscar Pistorius

Crédit: Eurosport

Le procureur Gerrie Nel a dressé jeudi un portrait peu flatteur du champion paralympique sud-africain Oscar Pistorius, qui selon lui était un être égoïste rabrouant et rabaissant fréquemment son amie Reeva Steenkamp, qu'il a tuée en février 2013. Au deuxième jour de son contre-interrogatoire à Pretoria, le procureur a passé au crible les relations parfois tendues du jeune couple avant le drame. Analysant notamment des messages échangés entre les deux amants, il a décrit un homme jaloux et égocentrique, n'admettant jamais aucune responsabilité pour quoi que ce soit. Oscar Pistorius est resté calme, alors qu'il avait pleuré et vomi à plusieurs reprises ces derniers jours, ne lâchant rien. Il a excédé le procureur à plusieurs reprises, disant ne pas se souvenir d'éléments clefs. "Vous ne voulez vraiment rien concéder... ou admettre votre responsabilité pour quoi que ce soit", a soupiré Gerrie Nel.
"Dans une relation de quatre mois, alors que la relation devenait plus intense, on avait ça: on la traite mal, excuses, sourires", a résumé M. Nel. Revenant sur leurs disputes par texto, le redoutable procureur a montré qu'Oscar Pistorius n'a fait qu'humilier son amie, ne s'intéressant qu'à lui, qu'à sa propre image. Elle en souffrait, se plaignait, puis il s'excusait, avant de lui faire d'autres reproches, parfois en public: elle ne devait pas mâchonner de chewing-gum, elle ne devait pas le toucher dans le cou, elle devait faire attention à son accent...
"Fais pas ci, fais pas ça ! Il n'y en avait que pour vous. Ce qui était important pour elle n'avait pas d'importance!", a lancé le procureur. "Elle faisait tout pour vous rendre heureux, pour rendre Oscar heureux". S'en est suivit un échange haletant :
- "Ça vous était égal?"
- "Ce n'est pas vrai Madame", a répondu Pistorius, s'adressant formellement à la juge Thokozile Masipa.
- "Il n'y en avait que pour Pistorius. C'était ça, votre relation."
- "Ce n'est pas vrai Madame."
Je n'ai jamais eu l'occasion de dire à Reeva que je l'aimais.
Et l'athlète d'expliquer qu'étant lui-même sous le feu des médias, il lui donnait des conseils pour ne pas faire de faux pas en public, et qu'on ne pouvait de toute façon pas extrapoler toute une relation à partir de quelques messages. "Je voulais que nous puissions régler ça. Je voulais que ça marche. Je voulais que l'on soit dans une relation amoureuse", a dit Oscar Pistorius. "Dans votre réponse vous ne lui dites même pas que vous l'aimez", a relevé M. Nel, en référence à son explication après une nouvelle dispute. Oscar Pistorius a répondu qu'il n'avait jamais dit à quiconque qu'il aimait par SMS. "Je n'ai jamais eu l'occasion de dire à Reeva que je l'aimais", avait-il reconnu, ému, quelques dizaines de minutes plus tôt quand le procureur remarquait que les nombreux messages échangés par les deux amants ne parlaient jamais d'amour.
Le procureur Gerrie Nel a ensuite mis Oscar Pistorius en difficulté en évoquant l'incident survenu en janvier 2013 dans un restaurant bondé de Johannesburg, où l'athlète a déchargé le pistolet d'un ami par terre. "Je n'ai pas appuyé sur la gâchette", a répété Pistorius à plusieurs reprises. "Je n'avais pas le doigt sur la gâchette."
J'ai tiré avant de réfléchir
Ce qui est clairement impossible d'après le procureur - avis d'experts à l'appui -, qui a raillé "le miracle du coup qui part tout seul". Aussitôt contré par Pistorius : "Je n'ai pas eu le temps de réfléchir". propos immédiatement repris sarcastiquement par Gerrie Nel : "Je suis un amateur d'armes à feu, je n'ai pas eu le temps de réfléchir". La Cour a évidemment pensé aux paroles de l'athlète, au premier jour du contre-interrogatoire mercredi, quand il racontait comment il avait tiré quatre coups de feu sur la porte des toilettes derrière laquelle se trouvait Reeva, le 14 février 2013 : "J'ai tiré avant de réfléchir", "Je n'ai pas eu le temps de réfléchir à ce que je faisais", "J'avais l'arme, le doigt sur la gâchette, c'est un accident qui est arrivé"...
Oscar Pistorius plaide la thèse de "l'accident". Il dit qu'il a perdu ses moyens quand il s'est cru en danger après l'intrusion de cambrioleurs chez lui, aux premières heures de la Saint-Valentin 2013. Il a déchargé son pistolet sur la porte des toilettes, où se trouvait Reeva.
J'ai senti qu'un intrus venait m'attaquer
- "Nous savons, c'est un fait, qu'il n'y avait pas d'intrus dans votre maison cette nuit-là (...). Nous savons que Reeva était dedans (les toilettes). Nous savons que vous n'aviez aucune raison de tirer, objectivement", a relevé le procureur au deuxième jour de son contre-interrogatoire à Pretoria.
- "C'est exact, madame", a répondu Pistorius, s'adressant formellement à la juge Thokozile Masipa.
- "Pourquoi avez-vous tiré?"
- "Parce que j'ai entendu un bruit venant des toilettes que j'ai interprété pendant ce très court moment comme si quelqu'un venait m'attaquer", a-t-il répondu.
Pistorius dit avoir "tiré sur la porte (...) J'ai senti qu'un intrus venait m'attaquer." "Si elle était sortie ou si elle m'avait parlé, je n'aurais pas tiré", avait-il reconnu auparavant. Et le procureur Nel de conclure que ce n'était donc "pas par accident". Oscar Pistorius, 27 ans, risque une lourde condamnation si la juge estime qu'il n'avait pas de raison valable de tirer quatre balles surpuissantes sur la porte des toilettes, quelle que soit la personne se trouvant derrière.
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