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Et le ciel est tombé sur la tête de Lavillenie...

Laurent Vergne

Mis à jour 16/08/2016 à 09:28 GMT+2

JO RIO 2016 – Renaud Lavillenie a été le héros malheureux d'un concours de la perche légendaire, lundi soir au Stade Olympique. Après avoir tout effacé au premier essai jusqu'à 5,98m, éphémère nouveau record olympique, le Clermontois a vu ses rêves de doublé s'envoler lorsque le Brésilien Thiago Braz Da Silva a sorti un 6,03m monumental.

Renaud Lavillenie à Rio

Crédit: Panoramic

Et l'incroyable s'est produit… Renaud Lavillenie avait neuf orteils sur la première marche du podium, lundi soir au Stade Olympique. Après avoir effacé toutes ses barres au premier essai, jusqu'à ce saut à 5,98 m qui, pensait-on, allait lui permettre de doubler la mise londonienne, le perchiste français y était presque. Puis plus du tout. Thiago Braz Da Silva a sorti le saut de l'impensable, à 6,03m, dix centimètres au-dessus de son précédent record. "Il nous a mis une belle carotte le gars et on est comme des cons, soupire Philippe D'Encausse, l'entraîneur du recordman du monde. C'est comme ça…"
Pourtant, Lavillenie a donc été presque parfait. Contrairement à ce qui s'est parfois produit aux Mondiaux, comme l'an dernier, il a été lui-même. Le Français a fait le concours qu'il devait faire. "Le concours se passe pas trop mal, dit-il dans un sacré euphémisme. Je passe tout au premier essai, je suis super content. Il avait fallu gérer l'attente avec la pluie. Je l'ai plutôt bien fait." Il a même battu son propre record olympique, établi à Londres. Puis le ciel lui est tombé sur la tête, avec ce saut venu de nulle part.
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Renaud Lavillenie à Rio

Crédit: AFP

Tant qu'il reste un essai à quelqu'un, tu serres les fesses
De nulle part ? Pas tout à fait, juge Renaud Lavillenie. "Je le connais bien, il a été champion du monde juniors en 2012. Techniquement, il met bien les choses en place, et je l'ai souvent vu sauter, je savais qu'il avait les six mètres, il avait ce potentiel, explique le Français. Donc je ne suis pas totalement surpris. Après, je ne savais pas quand et où il les sortirait. Et c'était ce soir, en finale olympique, le bon jour. Bravo à lui."
Philippe D'Encausse, non plus, n'a pas cru que l'affaire était dans le sac à 5,98m. "Tant qu'il reste un essai à quelqu'un, tu serres les fesses, assure-t-il. Le local de l'étape sort le concours de sa vie au bon moment, et on est comme des cons. Après, bravo. Le mec arrive à planter 6,03m en finale des Jeux. Alors qu'il traine dix essais dans le concours. Je le félicite le mec, il est bon." Même si le tandem tricolore n'est pas tombé de l'armoire, D'Encausse ne s'attendait pas à ce dénouement. "On savait que c'était un des adversaires principaux de Renaud, oui. Est-ce qu'on pensait qu'il était capable de sauter 6,03m ? Peut-être pas 6,03m..."
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Renaud Lavillenie en finale de la perche

Crédit: AFP

Le plus terrible, c'est que le médaillé d'or de Londres a été tout près de tuer définitivement le concours. A 6,03m, aussi. Sur ses deux premiers essais, il a échoué de peu. "Renaud n'a pas grand-chose à se reprocher, estime son coach. La seule petite chose qu'on peut lui reprocher, c'est d'avoir raté de peu 6,03m. Ça arrive, vous savez, de ne pas passer 6,03." "Je m'en veux un peu, ajoute le Français. Parce que j'étais tout près. Mais les sauts se sont enchainés très vite, il y avait de la fatigue. Il m'a manqué un peu d'énergie."
C'est quand même une deuxième médaille olympique
Du coup, Lavillenie a choisi de tenter le tout pour le tout, en faisant tapis sur le dernier essai encore à sa disposition, directement à 6,08m, plutôt que de se redonner trois essais en franchissant 6,03m. Mais D'Encausse balaie l'argument. "C'est facile de dire après, il faut faire ci ou ça. Les impasses, ça a déjà marché. Puis, s'il avait passé 6,03m et qu'il était battu quand même parce qu'il ne passe pas 6,08… Deuxième avec 6,03m, tu as encore plus les plombs, je pense." L'intéressé, lui, dira qu'il était "confiant" au moment de tenter son coup de poker. Mais la fatigue, et les sifflets du public, qu'il a pris comme "des insultes", l'ont perturbé et entrainé vers un dernier échec.
En ayant été à la hauteur de l'évènement, des attentes et de sa réputation, Renaud Lavillenie a réussi ses Jeux. "Il y a quand même la satisfaction d'avoir une médaille d'argent, c'est une deuxième médaille olympique, il faut respecter cette médaille", rappelle-t-il. Même si le scénario de ce "grand concours", comme il le dit, le laisse du mauvais côté de la légende. "Quand tu fais tout pour que ça marche, que ça marche, et que malgré tout, il t'en manque à l'arrivée, tu es comme un con. Surtout à chaud. Il faudra du temps pour digérer."
De notre envoyé spécial à Rio, Laurent Vergne
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