France - Iran, antisèche : Si Collet vise plus haut, il va falloir passer un palier

Il y a eu deux périodes sombres - en début et en fin de match -. Encore marqués par leur gifle face à l'Espagne et fatigués, les Français ont mis dix minutes à rentrer dans leur match et se sont relâchés dans les derniers instants avec un cinq expérimental aligné par Vincent Collet. Entre ces deux trous noirs, les Bleus ont su répondre présent. Ils ont élevé le ton en défense, mis du rythme en attaque et ont été adroits de loin. Du coup, ils ont refait leur retard (34-31, 19e) avant de prendre le large. Ce n'est pas un match abouti dans son ensemble, loin de là. Cependant, ils ont signé un peu plus de deux quart-temps de bonne facture.

Autant l'avouer, il n'a pas été facile de choisir. Joffrey Lauvergne a encore été redoutable d'efficacité quand il a foulé le parquet. On a aussi retrouvé Boris Diaw, hors sujet face à l'Espagne et longtemps sur la même lancée face à l'Iran avant de redevenir le Diaw dont la France a besoin (12 pts, 5 rbds, 3 pds). Mais le match de Thomas Heurtel est aussi à mettre en exergue. Le meilleur passeur des Bleus dans le tournoi (4.2 passes) a mis du rythme et apris ses responsabilités offensives pour terminer avec 15 points à 6 sur 9 aux tirs et 4 passes décisives. Seul bémol et non des moindres : ses pertes de balles (4). Mais en l'absence de Tony Parker, la France a besoin d'un meneur de cet acabit pour passer un palier. Et Heurtel a les atouts pour apporter un peu plus offensivement comme il a su le faire face aux Perses.

La maladresse tricolore avait été l'un des points noirs du match face à l'Espagne. Jeudi, les shooteurs tricolores ont réglé la mire. A l'image d'Evan Fournier (3 sur 5 de loin) mais aussi de Joffrey Lauvergne (2 sur 3 derrière l'arc !), la France a su exploiter les espaces laissés par la défense de zone des champions d'Asie. Ils terminent avec un beau 11 sur 24 de loin, soit 46% de réussite. Idéal pour retrouver confiance avant d'aborder les matches couperets où les Tricolores risquent cependant d'avoir des positions un peu moins confortables.  

Son début de tournoi a été décevant. Depuis quelques matches, Evan Fournier retrouve cependant ses sensations. Face à l'Espagne, il avait montré des choses intéressantes (9 pts). Contre l'Iran, il a été déterminant. Avec 10 de ses 13 points (son record en sélection) en neuf minutes au deuxième quart-temps, il a relancé les Bleus et fait mal à la défense adverse. Cerise sur le gâteau, il n'a pas démérité en défense.  "C'est son meilleur match", a résumé Vincent Collet. "Il a été plus juste, tout en gardant son agressivité. Il a eu plus de réussite également. Et surtout, par rapport à hier (mercredi), il a eu un investissement défensif."

Joffrey Lauvergne n'est peut-être pas le plus talentueux des Bleus. Avec son intensité, son envie et sa hargne, il se surpasse à chaque fois qu'il est sur le parquet et réalise une Coupe du monde solide.

"Il y a encore beaucoup de choses qu'on peut corriger. Il faut d'abord gagner le huitième de finale et ensuite le quart contre l'Espagne, la pression sera sur eux."

La première phase est terminée. Si la France peut regretter son raté initial face au Brésil qui la prive de la deuxième place derrière l’Espagne, elle n'a pas à rougir de cette phase de poules. Avec leurs moyens - limités par les absences -, les champions d'Europe en titre ont montré des choses intéressantes. Le banc est ainsi monté en puissance et apporte de plus en plus offensivement. Enfin adroits ce jeudi, les Bleus ont démontré quelques belles séquences collectives et répondent présent dans l'envie et l'engagement.

Pour "viser plus grand" qu’un huitième de finale comme l'a annoncé Vincent Collet, ils doivent maintenant passer une nouvelle étape. Ce qui implique de corriger les faiblesses de leur jeu qui se voient encore trop souvent : pertes de balles, manque de repli, absence de jeu rapide et leaders irréguliers. Avec une concentration accrue, il est possible de gommer ces manques. Il le faudra pour espérer une médaille. Surtout si la France retrouve l'Espagne en quarts de finale. Mais ça commence dès samedi (18h00) face à la Croatie, une rencontre qui ne sera pas une mince affaire.