Rudy Gobert, le Duncan des Bleus, fait sa loi dans la raquette et ça change beaucoup de choses

"Son impact me fait un peu penser à ce que nous vivons aux Spurs avec Tim Duncan. Je mesure d’autant plus l’importance que ça a sur notre défense." L’hommage en dit long et est signé Boris Diaw. Rudy Gobert l’appréciera à sa juste valeur. Son ombre rassurante plane sur la raquette bleue pour le deuxième été de rang maintenant. Cela ne sert presque plus à grand-chose de le présenter. Le géant de 2,17 m, avec son envergure tentaculaire de 2,36 m, a déjà suffisamment fait parler lui l’été dernier, lors du Mondial 2014, où il a surpris notamment face à Pau Gasol.

Cette année en NBA, il a confirmé et est devenu l’une des révélations de la saison quand Utah lui a laissé le champ libre en transférant Enes Kanter. Cinquième meilleur défenseur de la grande Ligue, troisième meilleur contreur, le pivot français de 23 ans a mis les choses au clair. Forcément, sa présence en équipe de France est un vrai plus. Il l’a démontré lundi, contre la Pologne (69-66), où il a eu un impact décisif. C’est une arme défensive de poids qui change forcément la donne chez les Bleus. Ses coéquipiers nous expliquent pourquoi. Mais tous sont ravis d’avoir à s’adapter.

Le public l’adore. Ses contres spectaculaires font rugir de plaisir les spectateurs de l’Arena de Montpellier depuis le début de l’Euro. Mais la présence de Gobert dans la raquette tricolore ne se limite pas à ça. Son travail ne se traduit pas toujours dans sa ligne de statistiques. Quand il est là, les adversaires sont ainsi obligés de le prendre en compte. Son abattage, ses bras interminables et sa capacité à dissuader les forcent à modifier leur trajectoire de tir, leurs habitudes, leur timing. "Les contres, c’est un peu comme les icebergs. C’est la partie visible. Mais le plus important avec Rudy, c’est que les adversaires le craignent et changent leurs tirs car il les gêne", se félicite Vincent Collet.

Souvent à ses côtés près du cercle, Boris Diaw s’en délecte. "Quand les adversaires entrent dans la raquette, ils sont obligés de changer leur shoot, de faire des passes, de ressortir parce qu’il voit le grand Gobert devant eux." Dissuasif, "Gobzilla" joue parfaitement le rôle de paratonnerre. "Cela fait longtemps, que l’on a pas eu un pivot comme ça, qui gêne autant", se réjouit Tony Parker.

Jouer avec Rudy Gobert, ce n’est pas anodin. Des intérieurs de ce style ne courent pas les rues. Surtout en équipe de France. Vincent Collet et son staff ont dû repenser leur manière de défendre. "Ça m’a permis de changer notre organisation défensive, explique Collet. On est moins agressif sur les écrans en grande partie grâce à sa capacité à couvrir. Et ça permet de moins l’éloigner du panier." Car le but pour la France, c’est de voir Gobert le plus près possible du panier pour qu’il joue à fond son rôle d’intimidateur et limite les paniers faciles.

Avec Rudy Gobert derrière eux, les extérieurs français ont une petite assurance. Ils savent qu’ils ont quelqu’un derrière eux pour venir les aider si leur joueur est passé. Cela change leur manière de défendre, forcément. Ils peuvent presser beaucoup haut. "Tu sais que tu peux prendre plus de risques sur les postes extérieurs, quitte à les faire driver, car tu sais que derrière, il est là pour gêner", reconnaît Evan Fournier.

Intérieur, Boris Diaw trace le même sillon : "L’avoir, ça change énormément de choses pour nous, les intérieurs. Ça nous permet d’être plus agressifs sur nos joueurs, de laisser moins de tirs ouverts parce qu’on sait que sur la pénétration, il y a quelqu’un à l’intérieur pour protéger notre panier", résume le capitaine des Bleus, qui rappelle aussi son importance en attaque avec ses écrans notamment et ses rebonds.

Voilà pourquoi on voit souvent les leaders du groupe lui parler et lui donner des conseils. Ils savent que l’impact de Gobert est énorme. Après deux matches mitigés, il a d’ailleurs répondu présent lundi. Il doit continuer sa montée en puissance. Tous savent que le titre passe en partie par là. Parker résume : "C’est un joueur très important. Car si on veut gagner la compétition, il va falloir que l’on défende."