Un titre à fructifier

Et maintenant ? La France vient à peine de s'installer au sommet de l'Europe. Une belle surprise pour une équipe qui avait été catastrophique en 2007 avec une piteuse huitième place. Mais déjà, il faut réfléchir à l'avenir. Si les Bleues ont su imposer leur rigueur collective et une discipline à toute épreuve tout au long de la compétition pour jouer les trouble-fête et venir à bout des Russes, grandes favorites en finale, le staff de l'équipe de France ne va pas devoir se reposer très longtemps sur ses lauriers. Le plus vite possible, les Tricolores vont devoir trouver les moyens de capitaliser ce succès inattendu.

En clair : penser au futur et notamment au grand objectif de cette génération : les JO 2012. "La difficulté va être de recommencer, se projetait d'ailleurs déjà l'entraîneur Pierre Vincent qui a réussi sa première chez les Bleues. Il faudra retenir les leçons. On a une équipe jeune qui a une discipline et une puissance énorme. Ca fait beaucoup d'armes quand même. L'objectif prioritaire, ce sera l'Euro 2011 et surtout les JO à Londres l'année suivante". Le technicien a pris un part majeur dans l'acquisition de ce trophée en tirant le meilleur de son groupe dans une compétition jugée assez faible de l'avis des experts.

Si le succès français a surpris, la France a toutefois des raisons de regarder l'avenir sereinement. Céline Dumerc et Sandrine Gruda, les deux futures coéquipières d'Ekaterinbourg, ont ainsi démontré qu'elles avaient tout pour devenir deux stars du basket européen. La petite meneuse nerveuse de 26 ans (8,1 points, 3,3 passes en moyenne) et la panthère noire intérieure ont tenu à bout de bras les leurs et éclaboussé l'Euro. Logiquement, elles finissent dans l'équipe-type et Gruda (15,4 points et 7,7 rebonds) aurait même mérité de décrocher le titre de MVP. Derrière, des Bleues inexpérimentées ont su prendre leur place et se révéler après des débuts hésitants.

C'est le cas de la deuxième meneuse Anael Lardy, future joueuse de Bourges, qui a fait preuve de culot. Il en est de même pour Isabelle Yacoubou qui, révoltée par les critiques nées de son début d'Euro difficile, a ensuite contribué à faire exploser les Russes et les Grecques en imposant sa puissance sous les cercles. A 23 ans, le pivot de Tarbes, MVP française du championnat de France cette saison, a encore une belle marge de progression et pourra rendre des beaux services à l'équipe de France. Peu de joueuses avaient déjà disputé l'Euroligue féminine. Pour certaines qui devraient encore s'améliorer en se frottant à la concurrence, cette erreur sera réparée l'an prochain pour le Mondial en République tchèque.

En revanche, la France va perdre son vieux soldat Cathy Melain, le seul nuage qui plane dans son ciel bleu. A 35 ans, la Rennaise s'est encore montrée indispensable. Ex-scoreuse, elle a cette fois apporté sa défense, son énergie et son placement parfait au collectif. Revenue pour cette échéance après quatre ans d'absence au niveau international, Melain pourrait être imitée par une autre Rennaise, Edwige Lawson (CSKA Moscou), qui n'a plus été sélectionnée depuis le désastre de l'Euro-2007 en Italie.

A 30 ans, la meneuse aux 153 sélections a encore de beaux jours devant elle et les intérêts supérieurs de la nation peuvent primer. Sinon, la relève sera à chercher du côté d'Allison Vernerey et de Diandra Tchatchouang, deux espoirs du centre fédéral qui partent étudier et jouer aux USA, à Duke pour l'intérieure, et dans le Maryland pour l'ailière d'origine camerounaise. Toutes les deux ont fini dans l'équipe-type du dernier Euro junior, le seconde étant même désignée MVP. Voilà de quoi construire sereinement...