L'Espagne, reine d'Europe

C'était écrit d'avance. Championne du monde, vice-championne olympique et d'Europe en titre, l'Espagne arrivait en Pologne avec l'étiquette de grand favori sur le dos. Personne ne semblait en mesure de stopper la Seleccion dans sa quête d'or européen. Deux ans après avoir laissé échapper le trophée chez elle devant la Russie à la surprise générale, le Roja a réussi son pari. Après six médailles d'argent à l'Euro, la sélection ibérique est enfin sur la plus haute marche du podium pour la première fois de son histoire. En toute logique tant cette formation regorge de talent.

Le premier d'entre eux, Pau Gasol va en tout cas pouvoir dormir un peu plus tranquillement. Déçu d'avoir raté ses lancers devant ses supporters lors de l'été 2007, le pivot des Lakers voulait tout faire pour réparer cette "boulette" en Pologne. Et malgré une opération du doigt avant le début du tournoi, il a tenu à être au rendez-vous. Au grand bonheur de Sergio Scariolo. Tout juste auréolé de sa bague de champion NBA, le pivot a régné comme jamais sur les raquettes du Vieux Continent. Et l'Espagne n'a jamais semblé aussi dépendante de son intérieur.

Pau Gasol était en manque de rythme au début de la compétition ? L'Espagne a alors tremblé. Mais quand le champion NBA a retrouvé ses jambes, la Roja a retrouvé de sa superbe. Au pire des moments pour la France. Au meilleur pour les supporters ibériques. Car le tableau final s'est transformé en un long fleuve tranquille. La France, la Grèce puis la Serbie, écrasées par le rouleau compresseur espagnol et battues avec un écart moyen de 20 points, pourront en témoigner.

Les Serbes sont d'ailleurs les mieux placés pour parler de la montée en puissance espagnole. Au premier match de l'Euro, les "Plavi" avaient profité d'un Pau Gasol loin d'être au sommet de son art pour s'imposer. Presque deux semaines plus tard, ils ont été mangés tout crus par l'invincible armada espagnole. Dépassés aux rebonds (24 rebonds à 7 pour l'Espagne à la mi-temps), incapables d'arrêter Pau Gasol dans la peinture (18 pts, 11 rbds en 22 minutes) et trop passifs sur les extérieurs espagnols, les jeunes serbes, qui se sont cassés sur les dents sur la défense adverse, ont pris l'eau dès le début du match (24-9 à la 9e, 52-29 à la pause). Au final, ils n'auront jamais pu lutter au tableau d'affichage malgré les efforts de Krstic, TripKovic et Velickovic.

La Serbie avait de toute manière déjà réussi son pari. Arrivés sans grandes références, désertés une nouvelle fois par la plupart de ses vedettes, les protégés de Dusan Ivkovic, avec un noyau de jeunes, étaient venus en Pologne pour préparer l'avenir. Et ils l'ont fait de belle manière avec cette première finale depuis leur titre mondial en 2002 qui laisse entrevoir de beaux lendemains. L'Espagne en aura aussi même si son palmarès est déjà bien rempli. Après ce titre européen, la sélection de Sergio Scariolo, qui devrait enregistrer le retour de José Manuel Calderon, ira en Turquie avec la ferme intention de conserver son bien mondial et devrait offrir une belle opposition aux Etats-Unis. Et quand on se souvient de la finale des Jeux Olympiques, on a déjà hâte d'y être...

Espagne: P. Gasol (18), Fernandez (13), Rubio (10), Navarro (12), Claver (2), Reyes (7), Cabezas (7), Lopez (2), Llull (5), M. Gasol (6), Mumbru (0), Garbajosa (3)

Serbie: Popovic (1), Tepic (2), Teodosic (5), Paunic (1), Bjelica (0), Markovic (2), Tripkovic (15), Raduljica (6), Krstic (12), Perovic (4), Velickovic (15), Macvan (0)