Les Bleus au crible

La France ne pouvait pas rêver mieux. Malgré des atermoiements, la formation de Vincent Collet a terminé le premier tour sur un sans-faute. Et un bilan comptable parfait : trois victoires en trois matches. Idéal pour la suite. Avec deux succès au compteur avant de débuter le prochain tour, la France n'aura besoin que d'une victoire contre la Macédoine, la Croatie ou encore la Grèce pour retrouver les quarts de finale, passage obligé pour rêver du Mondial 2010. "On rejoint le deuxième tour avec deux victoires dans la besace. Une victoire vendredi (face à la Macédoine) peut déjà nous envoyer en quarts de finale", se réjouit Vincent Collet.

Un constat s'impose depuis le début d'Euro : l'équipe de France montre une force de caractère à toute épreuve. A chaque rencontre, les Français ont dû composer avec un déficit avant d'aborder la dernière ligne droite (-5 contre l'Allemagne, -10 face à la Lettonie, -7 contre la Russie). Jamais, ils n'ont baissé la tête et ont toujours su puiser dans leurs réserves pour inverser la tendance. Voilà qui promet... "On a vraiment montré du caractère. Une équipe est née. Etre à moins dix avec aucune attaque et revenir, c'est bon pour l'avenir", a lancé Tony Parker après le match contre la Lettonie. Même son de cloche chez Ronny Turiaf : "On a montré le visage d'une équipe qui continue à avancer quoiqu'il arrive."

C'est logique : si la France a pu montrer sa force mentale, c'est qu'elle se montre incapable d'aborder ses matches dans les meilleures conditions. Entre manque d'agressivité et mise en route difficile, les Bleus roulent au diesel dans cet Euro. Pour le moment, la faiblesse de l'opposition n'a pas su en profiter. Mais contre des équipes plus expérimentées comme la Grèce, ces cadeaux risquent de coûter cher. Alors, on attend la montée en puissance même si Tony Parker l'aperçoit déjà : "Je pense que c'est notre match le plus abouti. La balle a bien bougé. Tout le monde a pu scorer. C'est comme ça qu'il faut qu'on joue" , explique le meneur des Spurs après la victoire contre la Russie. A confirmer...

55.6 % de réussite ! Non, on ne parle pas de la réussite à deux points. Mais bien du pourcentage d'adresse des Français aux lancers-francs. Tout simplement catastrophique. Le pire de l'Euro, loin derrière la Turquie et ses 78.3%. Si Ronny Turiaf (9 sur 21 soit 42.9%) Nicolas Batum (40% mais à 2 sur 5) sont les cancres de la sélection tricolore à l'issue de ce premier tour, personne ne sort vraiment du lot. Même TP, qui tourne à 78.2 % en NBA, n'affiche qu'un piteux 70.4 %. Un mal très français depuis des années. Un mal qui pourrait faire la différence lors des matches couperets... "On n'est pas réputé pour être les plus adroits dans cet exercice. Face à la Russie, on a frisé le 50%", lâche Collet résigné. Le problème est identique à trois points. Avec un terrible 26.4 %, le 14e bilan de la compétition sur 16, les Français n'ont pas les armes pour faire exploser les zones adverses.

Si Tony Parker assume parfaitement son rôle de leader (19.7 pts de moyenne), si Ronny Turiaf a fait un chantier dans la raquette contre l'Allemagne et la Russie, si Nicolas Batum n'en finit plus d'apporter avec son activité débordante et qu'on a retrouvé Boris Diaw face à la Russie, tous les joueurs français ne sont pour l'instant pas au rendez-vous. On pense bien sûr à Florent Piétrus, actif en défense mais loin de son impact habituel en Bleu (2 pts, 3 rbds de moyenne). Mais surtout, au banc tricolore. Si Nando De Colo arrive de temps en temps à tirer son épingle du jeu (9 pts contre la Lettonie et 7 face à la Russie) et qu'Ali Traoré a fait passer une belle éclaircie contre la Lettonie, l'apport des remplaçants est bien maigre. Résultat, Vincent Collet ne peut pas reposer ses stars (36.7 minutes de moyenne pour Diaw et 33.3 pour Parker). Attention à l'usure sur le long terme...

La base est toujours là. Depuis des années maintenant, la France construit ses succès sur sa défense. C'est encore le cas en Pologne. Dans le sillage de Florent Piétrus, Ronny Turiaf et Nicolas Batum, les Bleus asphyxient leurs adversaires. Ils présentent d'ailleurs la meilleure défense de la compétition avec seulement 60 points accordés par match, loin devant la Serbie, deuxième avec 65 points. "Tant qu'on défend on aura toujours une chance de gagner les matches" , explique Parker. Si l'attaque se met au diapason, ils pourront peut-être se mettre à rêver...