Kahudi, c'est leur "Homme"

Il n'est pas venu en Lituanie pour briller. Juste apporter des coups de main au groupe France quand le besoin devait s'en faire ressentir. Quelques minutes ici ou là. Pas beaucoup plus. Faire le travail en défense pour signer quelques stops. Voilà le contrat que lui avait proposé Vincent Collet avant le début de l'Euro. Toujours avec un état d'esprit irréprochable, Charles Kahudi, profitant des absences pour être de l'aventure finale, avait signé des deux mains. Il ne le regrette pas. Collet non plus.

Après avoir joué quatre petites minutes sur les trois premiers matches, le Manceau a trouvé sa place dans la rotation tricolore. On le voit de plus en plus bondir sur les lattes pour aller chercher un rebond. Six minutes face à l'Italie où il a mis en exergue ses qualités athlétiques hors-normes (3 rebonds en 12 minutes). Une grosse rentrée en défense face à la Serbie (4 points, 1 rebond, 1 passe décisive en 12 minutes). Et une sortie encore plus surprenante face à la Turquie. Contre les Turcs en plus d'amener sa dureté défensive, il a su contribuer au scoring en marquant notamment deux shoots à trois points. Il entre dans le "dépassement de fonction" cher à Roger Lemerre, l'ancien sélectionneur de l'équipe de France de football.

Avec 8 points à 2 sur 2 de loin, 5 rebonds et 1 passe en 17 minutes, Charles Kahudi a parfaitement noirci la feuille mercredi soir face à la Turquie (68-64). Tous ses partenaires ont tenu à lui rendre hommage après la rencontre : "Charles a fait un gros, gros, gros match", applaudit Batum. "Il a bien défendu et su prendre les tirs quand il le fallait", félicite Tony Parker. Vincent Collet, qui ne l'a pas retenu pour ses shoots primés, ne cache pas sa satisfaction : "Il est complètement dans le registre que j'attends de lui. Je veux qu'il continue d'apporter cette énergie. C'est un défenseur féroce qui va au rebond et est bien dans les systèmes", se réjouit le sélectionneur tricolore.

Surnommé "l'Homme" par les autres Bleus pour sa musculature, Charles Kahudi, qui développe une puissance physique rare à son poste, garde sa sobriété hors des parquets. Homme de devoir en équipe de France, le natif de Kinshasa ne veut pas sortir de son rôle. "Je suis plus frais que les autres parce que j'ai moins de matches, moins de courses, moins de minutes. Donc quand je rentre, si je peux apporter cette fraîcheur, je le fais au maximum", résume l'ailier de 26 ans sur son "job" à Vilnius. "J'ai commencé à me concentrer sur la défense en me disant que le reste allait suivre, raconte-t-il encore tout en modestie. La confiance est montée au fur et à mesure. Maintenant il faut continuer comme ça". Vincent Collet l'espère. Car avec la blessure Mickaël Gelabale, il va devoir trouver des joueurs pour compenser.