Les notes des joueurs, le grand casse-tête de NBA 2K

En septembre, c'est aussi la rentrée pour le petit monde de la NBA. Et qui dit retour sur les parquets, dit nouveau NBA 2K. La version 2018 sort le 15 septembre mais la simulation de basketball n'a pas attendu son arrivée dans les rayons pour faire parler d'elle. Depuis quelques années, les joueurs NBA accordent une importance de plus en plus grande à leur note dans le jeu, autant qu'à leurs performances. De quoi donner lieu à de belles séances de trashtalking sur les réseaux sociaux avant même d'avoir repris le chemin de l'entraînement, mais aussi à un travail monstre pour les développeurs de ce qui est considéré comme la référence actuelle des jeux de sport.

De passage à Paris pour la présentation à la presse de 2K18, Rob Jones, producteur du jeu, a expliqué plus en détails tout le processus derrière ces chiffres tant attendus par les gamers et les basketteurs eux-même. Non sans livrer quelques précisions sur comment gérer des basketteurs qui en voudraient toujours plus pour leurs avatars virtuels. Ainsi, après avoir annoncé à John Wall sur Twitter sa note de 90 (excellente au demeurant), le meneur des Washington Wizards s'était montré particulièrement agacé, qualifiant ce 90 de "blague".

"L'histoire avec John Wall était assez marrante, explique Rob Jones. Quand il tweete qu'il est énervé par sa note, on sait que c'est un joueur phénoménal. Mais il doit aussi correspondre à sa place au sein de ses pairs. Si on part du principe que le meilleur meneur vaut un 95 de général et que Wall est 3e ou 4e meilleur meneur du jeu, sa note doit correspondre à cela."

Producteur de la série NBA 2K depuis 2001, Jones livre le détail de ces "ratings", loin d'être un résultat purement arbitraire, mais au contraire la combinaison de nombreux facteurs. "Aujourd'hui, la NBA recueille des statistiques plus détaillées que jamais : dans quelle direction un joueur aime dribbler, avec quelle main, comment finit-il ses pénétrations vers la gauche du panier, leur fréquence, leur réussite, etc… Tout est analysé. On démarre avec ces statistiques les tendances de chaque joueur à faire telle ou telle action et on extrapole le tout en prenant en compte les leaders statistiques dans chacune des catégories que l'on utilise comme critères."

De ces analyses découle un classement des joueurs à leur poste, de quoi faire grincer un peu plus les dents de John Wall. "Les statistiques sont la base, et il s'agit ensuite de trouver la place de chaque joueur dans la hiérarchie des ceux qui jouent à la même position qu'eux", conclut Jones.

Les réactions comme celles du All-Star des Wizards sont désormais devenues très courantes. Ces dernières années, 2K communique sur Twitter leur note aux joueurs qui les contactent à ce sujet. Rendues publiques, elles deviennent une fierté à exposer, ou au contraire une déception nuisible à l'image et visible de tous. "Il y a deux ans, Hassan Whiteside avait expliqué après un match qu'il enchaînait les bonnes performances pour essayer d'améliorer sa note à 2K, se rappelle Rob Jones. Ils font vraiment attention à leurs notes car beaucoup d'entre eux jouent au jeu."

Pas de quoi effrayer les équipes de 2K Sports, désormais habituées aux retours des joueurs, et qui n'hésitent plus à voir leur travail devenir une source de motivation pour les athlètes. "Quand on donne leur note aux joueurs, ils réagissent souvent en disant qu'ils valent plus que cela. Mais vous revenez ensuite à leurs statistiques et à leur réalité. Et on leur fait comprendre que leur note est celle-ci aujourd'hui, mais qu'elles sont dynamiques. On les modifie au fur et à mesure de la saison, en fonction des performances des joueurs."

Pas moins de sept personnes travaillent aussi en permanence ou épisodiquement sur les effectifs dans le jeu, comment les rendre les plus réalistes, les plus proches de ce qu'ils proposent soir après soir en NBA. Ce job est en évolution permanente en fonction des exploits des joueurs mais aussi de l'évolution du basket lui-même. De quoi donner lieu à un sacré remue-méninges pour retranscrire fidèlement le jeu dans le jeu. "Prenez l'exemple de Russell Westbrook et ce qu'il a fait la saison dernière, explique Rob Jones. On pourrait penser qu'il aurait une note bien plus haute que celle qu'il a aujourd'hui (NDLR : 94, le cinquième meilleur joueur du jeu). Quand on regarde ses statistiques, bien sûr que c'est un joueur époustouflant, mais est-il efficace ? Si on ne se base que ses statistiques et ses tendances, il ne passerait jamais le ballon dans le jeu !"

"L'addition des individualités est plus forte que les qualités d'un seul joueur. Trouver l'équilibre entre les deux est certainement ce qu'il y a de plus dur", conclut le producteur de NBA 2K18.

De cette difficulté naît des discussions intenses également au sein des équipes de NBA 2K. Rob Jones avoue ainsi sans mal que les notes sont un des sujets les plus brûlants dans la confection des jeux chaque année. "On est constamment en désaccord et c'est très sain ! Si tout le monde est d'accord, c'est très difficile de ne pas avoir un avis qui ne soit pas biaisé et 100% exact. Par exemple, l'équipe qui est la mieux notée dans le jeu à sa sortie, c'est Cleveland. On s'est longtemps posé la question, comment peut-elle être l'équipe la mieux notée ? Et on finit toujours par trouver une réponse." Pour le plus grand plaisir des fans, basketteurs ou non, qui pourront mettre à l'épreuve ces nouvelles notes dès ces prochains jours avec la démo "The Prelude" disponible en téléchargement.