NBA : Le Thunder d'Oklahoma City ou l'histoire du plus grand gâchis de la décennie

Une équipe construite par la draft, avec des All-Stars, une énorme force de frappe offensive et le potentiel pour mettre la main sur la ligue pendant une décennie. C’est ce que Kevin Durant a choisi en quittant Oklahoma City. C’est pourtant ce qu’il avait déjà il y a quatre ans.

Juin 2012 : Durant et Russell Westbrook ont 23 ans, James Harden 22 ans. Les trois hommes mènent le Thunder en finale NBA, face au Miami. Heat de LeBron James et Dwyane Wade. La défaite est lourde (4-1), mais l’espoir est grand. Sauf que cet épisode constituera finalement le point d’orgue pour cette équipe de rêve.

Le 28 octobre 2012, James Harden est envoyé à Houston. À l’époque, du côté des dirigeants, on explique qu’il n’aurait pas été possible de donner un gros contrat au barbu, tout en gardant également l'intérieur Serge Ibaka.

Sauf que, rétrospectivement, c’est une erreur monumentale. D’abord, OKC avait encore une saison sur le tout petit contrat rookie de son joueur. Ensuite, la franchise avait la possibilité de s’aligner sur toutes les offres à l’été 2013. Enfin, un point de règlement aurait permis de ne compter ce nouveau contrat dans le calcul de la Luxury Tax qu’à partir de juin 2013-14... Il n’y avait donc aucune urgence.

Comme le souligne Sporting News, il s’est passé énormément de choses pendant ce délai que le Thunder n’a pas utilisé : la valeur des franchises a grimpé, le salary cap a commencé à s’élever, et les rumeurs d’un énorme contrat TV se sont mises à circuler bien avant sa signature en octobre 2014. Sans compter que l’équipe n’a jamais utilisé sa clause permettant de couper un gros contrat sans frais. En clair : il y a avait de la place pour tout le monde dans la masse salariale. Mais OKC a dégainé trop tôt. Beaucoup trop tôt.

Les salaires du trio actuellement : 26,5 millions chacun, et 12,5 millions pour Ibaka. Soit un total de 92 millions. Le plafond salarial 2016-17 ? 94,1 millions. Avec Steven Adams à 3,1 millions sur son contrat rookie, ça passait presque parfaitement pour le cinq majeur. Et avec un tel effectif, il n’aurait pas été trop difficile de trouver des vétérans pour compléter le banc, à moindre coût. Demandez à Golden State et Cleveland.

Il ne reste plus rien de cette potentielle dynastie. Harden est parti tracer sa route dans le Texas, où il est devenu l'un des joueurs les plus dominants de la ligue. Serge Ibaka a été envoyé à Orlando en fin de saison dernière. Durant a suivi en s'exilant dans la "superteam" Golden State. Et Westbrook est désormais seul aux manettes.

Est-ce que ces hommes s’appréciaient ? Les piques lancées dans les médias ces dernières semaines laissent planer le doute.

D'un point de vue basket cependant, l’idée était si belle... Westbrook à l’attaque des défenses, capable de ressortir sur les gâchettes Durant et Harden. Trois hommes en mesure de mener le jeu et de créer. Adams et Ibaka pour faire le sale boulot à l’intérieur, mais aussi avec la possibilité de s’écarter pour ce dernier. Le basket moderne, spectaculaire et complet. Oubliez Golden State, ces gars là auraient pu tout écraser.

Au lieu de ça, Westbrook (31,8 points, 10,6 passes, 9,5 rebonds) et Harden (28,6 points, 12,4 passes) jouent les solistes. Cinq triple-doubles pour le premier, trois pour son ancien collègue. Durant est la cerise en or massif sur le gâteau des Warriors. C’est assez fun à regarder, mais c’est triste quand on imagine ce que cette association de talents aurait pu produire. Le plus grand gâchis de la décennie.