Roi de la feuille de stats, Russell Westbrook a banalisé l'exceptionnel pour entrer dans la légende

Cette saison, il a fait de l'exceptionnel une norme. Et il faut bien s'en rendre compte. Dans de nombreuses années, on en parlera encore. Russell Westbrook a réalisé un exercice 2016-2017 d'extraterrestre. Sa saison est tout simplement un ovni. Lors de la victoire d'OKC face à Milwaukee (110-79), le meneur de jeu du Thunder vient d'égaler Oscar Robertson au nombre de triple-doubles sur une saison (trois catégories statistiques à dix unités et plus). 41. Un record qui datait de plus de cinquante ans ! Et, cerise sur le gâteau, Westbrook est le premier à finir une saison avec un triple-double de moyenne depuis cette fameuse saison 1961-62.

Avant cet exercice, cela semblait impossible, comme pour les 100 points de Wilt Chamberlain en 1962. Parler de la saison d'Oscar Robertson, c'était évoquer un mythe intouchable. Se pencher sur des images d'un autre temps. "A l'époque, ce n'était pas le même basket !", se disait-on comme pour se rassurer. Tout amateur de Fantasy NBA se mettait même à saliver en songeant à l'idée de pouvoir compter dans son effectif un joueur comme "The Big O" lors de son passage avec les Cincinnati Royals. Eh bien, la NBA a connu un retour vers le futur.

Si on se penche sur sa saison, cela peut donner le tournis. Bien sûr, tout n'est pas parfait avec Russell Westbrook, devenu le franchise player du Thunder avec le départ de Kevin Durant. Il perd un nombre hallucinant de ballons (5,5 par match) et affiche un pourcentage au tir loin d'être folichon (42.5%). Il y a aussi des raisons qui peuvent expliquer l'exercice monstrueux de RussWest. La NBA est ainsi devenue plus offensive depuis quelques saisons. Dans le sillage des Warriors et de leurs orgies répétées à trois points, les formations NBA jouent et tirent plus vite. Il y a plus de possessions. Et donc plus d'occasions de faire gonfler ses stats. Mais la performance de Westbrook est historique.

Il faut bien prendre conscience de ce que cela signifie. De la débauche d'énergie que cela demande. Pour signer un triple-double, il faut être partout. Or, Westbrook a cette capacité hors-norme à se battre sur chaque ballon. A ne jamais s'arrêter de courir. Et il l'a fait presque chaque soir. Le "Marsupilami" du Thunder, qui a eu la chance d'être épargné par les blessures cette saison, ne s'est jamais reposé. Il n'a pas raté un match. Désireux d'amener OKC en playoffs mais aussi d'aller chercher ce record mythique, il n'a jamais semblé usé par la répétition des efforts au long d'une saison régulière interminable en NBA. C'est peut-être ça le plus impressionnant.

Beaucoup pensent que LeBron James aurait la capacité de finir une saison en triple-double s'il ne jouait pas chez un prétendant au trophée Larry O'Brien. C'est possible. LeBron est aussi un monstre mais il a d'autres ambitions. Et il ne l'a jamais fait. C'est bien Russell Westbrook qui a réussi à écrire une nouvelle page d'histoire en se démultipliant. Sa saison restera dans les annales. Et ce record pèsera évidemment de tout son poids pour l'attribution du titre de MVP de la saison dans quelques jours. Même s'il ne faut pas oublier les performances collectives qui pourraient jouer en sa défaveur. Qu'importe, c'est un autre débat. Ce qu'il faut retenir, c'est que Westbrook a rendu l'impensable possible. Il faut bien s'en rendre compte et apprécier cette saison à sa juste valeur.