Les Celtics sont sur une folle lancée, mais est-ce que ça peut durer ?

Danny Ainge n’a pas hésité à tout casser, ou presque, pour tout reconstruire, ou presque, pendant l’intersaison. Boston venait de perdre vaillamment en finales de Conférence contre Cleveland. Mais le dirigeant ne s’est pas laissé griser par ce résultat prometteur. Il s’est séparé de son premier choix de draft, de son meneur All-Star Isaiah Thomas et de cadres comme Jae Crowder ou Avery Bradley. Avec un objectif en tête : bâtir une équipe capable de dominer la ligue dans le futur… mais aussi dès cette saison. Kyrie Irving, Gordon Hayward, le prometteur Jayson Tatum (troisième choix de la draft) et tout un paquet de nouveaux ont donc débarqué dans le Massachusetts. Les Celtics étaient prêts à partir en chasse derrière LeBron James.

Les rêves de titre dès 2018, ils n’ont duré que cinq minutes. Les cinq premières de la nouvelle campagne. Le temps qu’Hayward, All-Star signé en juillet, se brise la cheville. Cinq minutes après le coup d’envoi de la saison contre les Cavaliers. Choqué, le groupe s’est incliné en luttant jusqu’au bout ce soir-là. Le lendemain, Giannis Antetokounmpo enfonçait un peu plus les joueurs de Brad Stevens.

Et depuis ? Et bien depuis, plus personne ne peut les arrêter. Ils ont enchaîné neuf victoires de suite, série en cours à l'heure d'écrire ces lignes. Une sacrée réaction. Du jamais vu (neuf succès de rang après deux défaites d’entrée) dans l’histoire de la NBA. Avec un tel bilan, Boston caracole en tête de la Conférence Est, avec accessoirement le meilleur bilan du championnat. Toronto (6 victoires, 4 défaites), Washington (5-5) et surtout Cleveland (5-6) sont loin derrière. Partis pour une année de galère après les deux premiers matches, les Celtics se sont métamorphosés en machine à gagner en moins de trois semaines. C’est un peu comme s’ils avaient toujours joué ensemble. Pourtant, la moitié de l’effectif a changé. Comme aux Cavaliers où, malgré LeBron, les nouveaux ont de sérieux soucis d’adaptation.

Boston a les quatre principaux ingrédients d’une grande équipe : une défense de fer, une volonté de jouer collectif, une superstar capable de faire la différence à tout moment et un coach génial. Rien que pour ça, la franchise est quasiment assurée de pouvoir aller loin en playoffs. Mais les performances restent tout de même impressionnantes pour une formation aussi jeune, tant au niveau de l’âge des joueurs (six rookies !) que du vécu commun.

Malgré ça, les Celtics ont la meilleure défense NBA avec 96 points encaissés sur 100 possessions. Pour 105 points marqués ! Défendre dur est normalement la caractéristique des collectifs aboutis avec des basketteurs qui se connaissent parfaitement et jouent ensemble depuis longtemps. Cela requiert de la détermination mais aussi de la communication et une envie de se sacrifier les uns pour les autres. Le fait que les hommes de Brad Stevens soient déjà aussi forts dans ce domaine, malgré la présence d’Irving - pas réputé pour sa défense -, de plusieurs jeunes joueurs et de l’absence d’un grand pivot pour protéger le cercle en dit long sur le potentiel de cette équipe.

Surtout qu’offensivement, ils sont là encore en avance. Connu pour ses numéros de soliste, Irving se sublime au sein des systèmes de Stevens. Lui qui se dit “heureux de jouer pour un coach intellectuel” - Tyronn Lue appréciera - montre à quel point il peut être un joueur génial. Et pas seulement en marquant. Le meneur a pris une nouvelle ampleur depuis le début de la saison. Il est toujours capable de planter des paniers absolument incroyables dans les moments les plus chauds d’une rencontre, comme il l’a notamment fait à Atlanta lundi soir (35 points). Mais il prouve aussi qu’il est à même de faire tourner une équipe. Il ne ralentit pas le collectif des Celtics, il le sublime. Et le voilà considéré comme un candidat au MVP pour la première fois de sa carrière.

Même sans Hayward, cette équipe a des vrais atouts. Mais, finalement, la question n’est pas de savoir si les progrès et les performances des Celtics sont vraiment réels. Car leurs possibilités pour la saison en cours dépendent quand même pour beaucoup de celles des Cavaliers. Les lacunes de Cleveland sont-elles vraiment sérieuses ? Et si oui, peuvent-elles être corrigées en quelques mois ? Quelque part, voilà la vraie question. Parce que même en traversant une période difficile, la franchise de l’Ohio a ce que celle du Massachusetts rêve d’avoir : un LeBron James.

Si les triples finalistes finissent par se reprendre, comme ils le font à chaque fois qu’ils affrontent un concurrent direct, ils resteront les favoris à l’Est. Au moins cette année. Et ce quelle que soit l’évolution des jeunes joueurs de Boston dans les prochains mois. En revanche, l’écart se rétrécit au sommet de la Conférence. Ce que font les Celtics, c’est déjà très fort. Mais c’est peut-être seulement les prémices d’une aventure bien plus grande.