Et maintenant, on fait quoi ? L'avenir des Bleus en cinq questions

En premier lieu, Tony Parker, évidemment. Et promis, il ne reviendra pas sur sa décision, même si un journaliste a évoqué la possibilité d'un comeback dans quelque temps. "Non, je ne changerai pas d'avis, a promis Parker. Quand j'ai signé mon nouveau contrat avec San Antonio en 2014, on a passé un deal : je faisais encore deux étés avec les Bleus et après c'était fini. Il me reste cinq ans avec les Spurs et je veux pouvoir être en forme pour gagner encore des titres."

Outre leur meneur emblématique, les Bleus vont également perdre deux vieux guerriers, Florent Pietrus et Mike Gelabale, moins influents dans le jeu sans doute, mais pas forcément dans le groupe, surtout pour ce qui concerne le premier. "Il ne faut pas minimiser leur importance", a souligné Vincent Collet. En revanche, Boris Diaw devrait rempiler. Lui aussi âgé de 34 ans, comme Parker, le capitaine de l'équipe de France a expliqué mercredi qu'il n'avait pas l'intention pour l'instant de mettre un terme à sa carrière internationale. "Ce soir, je n'arrête pas", a-t-il garanti.

La monumentale gifle reçue contre l'Espagne est un dénouement douloureux, mais l'équipe de France n'est pas devenue une moins que rien. Elle était quand même aux Jeux Olympiques pour la deuxième fois d'affilée, soit autant de participations que de 1964 à 2008. Pour la deuxième fois, elle s'y est inclinée en quarts de finale, contre l'Espagne. "Nous sommes encore dans le Top 8 mondial, une constante depuis plusieurs années", a rappelé Vincent Collet mercredi, avant d'ajouter : "maintenant, il va falloir se battre pour conserver cette place".

Vincent Collet s'apprête à boucler un septennat en équipe de France. Arrivé à la tête de la sélection en 2009, il aura connu des résultats jamais vus pour un sélectionneur, remportant le premier grand titre international (Euro 2013) et accédant pour la première fois au podium mondial (3e en 2014). Aujourd'hui, il ne sait ni s'il souhaite prolonger l'aventure ni si la Fédération le désire. "Le timing n'est pas bon pour évoquer mon avenir, laissez-moi d'abord digérer parce que c'est dur, pour moi, ce soir", a-t-il déclaré en conférence de presse.

Un peu plus tard, devant quelques journalistes, en petit comité, il a aussi rappelé qu'il n'était pas le seul à décider. "Il y aura un debrief. Puis je dois rencontrer les dirigeants. Souhaiteront-ils que je continue ? Vous savez, j'ai appris récemment à mes dépens que ce sont les dirigeants qui décident", a-t-il confié, évoquant la fin de son bail à la tête de la SIG. La FFBB devra décider si elle souhaite profiter du départ de Parker à la retraite pour tourner complètement la page et entamer, y compris au niveau du coaching, une nouvelle ère.

Le fait que Boris Diaw poursuive sa carrière internationale atténue l'urgence de cette question. Mais si Tony Parker est un immense joueur, il était aussi un grand leader et, sur ce plan, la perte est tout aussi importante. D'autant que Florent Pietrus en était un autre.

Certains vont devoir se mettre en avant. Et assumer le statut qu'ils prétendent avoir. "Je pense qu'il y a des leaders, oui", juge Collet, avant de livrer une phrase qui en dit long : "Maintenant, il faudra le prouver. Le fait que certains affirment l'être, c'est une chose, mais après, c'est ce qui se passe sur le terrain l'important. La réalité est là, pas ailleurs."

Un garçon comme Nicolas Batum, fantomatique mercredi (0 point, 0 rebond, 1 passe), doit s'imposer comme le relais entre la génération Parker-Diaw et les plus jeunes. Son âge (27 ans) et son statut en NBA en font un candidat idéal. Mais il est plus que probablement celui que Vincent Collet visait dans sa tirade...

Tony Parker s'est montré très confiant en l'avenir. "L'équipe de France est entre de bonnes mains, a-t-il estimé mercredi. Il y a beaucoup de bons jeunes, Thomas (Heurtel), Rudy (Gobert), Evan (Fournier) qui n'était pas là pendant ces Jeux, on a encore quatre joueurs draftés cette année... Je suis optimiste pour l'avenir de cette équipe." La France, c'est vrai, ne reposait pas, ou en tout cas plus, que sur lui. Après tout, les Bleus ont réussi à finir à la troisième place du Mondial 2014 sans leur meneur emblématique. "Mais il ne faut pas faire semblant de croire qu'on va se passer facilement du plus grand joueur de notre histoire", a tempéré Vincent Collet.

Ce dernier est ainsi apparu beaucoup plus modéré. "Tony a raison, il y a du talent, mais le talent, ça ne suffit pas. Il faut plus que ça." Le sélectionneur se veut "raisonnablement confiant". Tout étant, bien sûr, dans le raisonnablement. Pour lui, au-delà du talent des joueurs, il faudra préserver ce qui a fait la force de cette sélection : le fait qu'elle soit un véritable groupe, uni. "Ces dernières années, vous avez bien vu qu'il y avait une vraie équipe, qui avait envie de faire les choses ensemble, a-t-il rappelé. Même si ces Jeux se finissent mal, regardez, après la triste entame contre l'Australie, l'équipe s'est relevée. Parce qu'il y a un groupe, des leaders. C'est ça que le basket français doit pérenniser. Il n'y a pas de raison que ça ne se fasse pas, mais il ne faut pas croire que ça se fera tout seul."