Neuner le naturel au galop

A tout juste 22 ans, Mademoiselle Neuner affiche un palmarès déjà impressionnant avec six titres mondiaux, le globe de N.1 mondiale l'hiver dernier et treize victoires en Coupe du monde. Après Antholz en 2007 et Oestersund en 2008, tout indique que la station sud-coréenne de Pyeongchang verra le troisième épisode de la belle histoire de "Lena", comme elle est affectueusement surnommée en Allemagne. "Je veux revenir de Pyeongchang avec une médaille d'or en individuel et une par équipes", espère humblement Neuner qui, après un début de saison en demi-teinte, a écoeuré la concurrence le mois dernier à Ruhpolding avec trois victoires en trois courses.

Il est pourtant un titre dont elle aimerait se débarrasser, celui de tireuse la plus fragile du circuit. Cet été, elle a pourtant travaillé avec Rudi Krenn, ancien champion du monde de tir, et pensait avoir progressé sur sa position debout, son gros point faible, mais lors de la répétition générale pour les Mondiaux fin janvier à Antholz, elle a rechuté.

Largement en tête de la mass-start, "Gold Lena" a raté les cinq dernières cibles et, avec cette rarissime série d'erreurs, le podium. Celle qui fut élue sportive allemande de l'année 2007 n'a jamais été une tireuse d'élite. C'est grâce à son impressionnante efficacité dans les portions de ski de fond qu'elle fait la différence. "Sur les skis, c'est une fusée. Heureusement qu'elle n'est pas encore très fiable au tir, sinon elle nous mettrait à tous une bonne raclée", admire la Française Marie-Laure Brunet.

Avec son minois mutin et son délicieux accent bavarois, la prodige, septuple championne du monde chez les juniors et harpiste de talent, est vite devenue la coqueluche du public allemand. Et des annonceurs aussi, comme ce producteur de laine qui, apprenant que Neuner tricotait volontiers entre les compétitions, s'est empressé d'en faire son ambassadrice.

Sa fortune, gérée par son banquier de père, se chiffrerait déjà en millions d'euros, mais elle reste attachée à son village bavarois de Wallgau et craque volontiers pour les petits plats mitonnés par sa grand-mère. "Je ne me prends pas au sérieux, j'ai gardé les pieds sur terre", assure-t-elle.