Mondiaux : De l'argent pour les Bleues, Marie Dorin poursuit sa razzia

Et de cinq pour l'équipe de France. Et de quatre pour Marie Dorin-Habert. La Lyonnaise a guidé les Bleus vers la médaille d'argent vendredi à Kontiolahti, dans le relais dames des Championnats du monde. Au-dessus du lot, l'Allemagne a survolé les débats pour s'offrir sa huitième médaille d'or dans cette épreuve, mais Dorin a remporté la bataille à trois avec l'Italie et la Russie derrière pour arracher la deuxième place. Après l'argent, déjà, en relais mixte et surtout ses deux titres sur le sprint et la poursuite, Marie Dorin continue de vivre des Mondiaux de rêve.

Le relais allemand composé de Franziska Hildebrandt, Franziska Preuss, Vanessa Hinz et Laura Dahlmeier, de loin le plus régulier au tir, s'est constamment maintenu dans le trio de tête de l'épreuve pour s'imposer largement. Les Françaises (Anaïs Bescond, Enora Latuillière, Justine Braisaz et Marie Dorin-Habert) ont pris position sur le podium grâce au dernier passage sur le pas de tir de Marie Dorin-Habert, double championne du monde du sprint et poursuite. Son tir parfait lui a permis de prendre le meilleur sur l'Italienne Dorothea Wierer, ainsi que sur les Russes, qui étaient en meilleure position avant le passage sur le pas de tir.

Le scénario aurait pu être cruel pour les Françaises, bien lancées par Anaïs Bescond et Enora Latuillière. Justine Braisaz, benjamine de l'équipe (18 ans seulement), a quelque peu craqué lors de son tir couché (3 pioches et un tour de pénalité), mais a ensuite fait admirer "sa VO2 de cheval", comme en sourient ses équipières. Elle a fait parler sa vitesse sur les skis pour lancer Marie Dorin-Habert en 4e position à l'assaut du dernier relais. La France avait alors une vingtaine de secondes de retard sur l'Italie, une cinquantaine sur la Russie, deuxième.

La double championne du monde en sprint et poursuite - qui s'était économisée en faisant l'impasse sur l'individuelle mercredi - a alors assumé son nouveau statut de grande de la discipline. Dans la douleur d'abord, avec un tir couché conclu par deux pioches. Mais quels nerfs pour le dernier passage au tir debout! Alors que la Russe Shumilova et l'Italienne Wierer étaient à ses côtés, arrivées sur le pas de tir quelques secondes auparavant, la Française a anesthésié la concurrence. Un sans-faute magistral, exécuté rapidement, qui replaçait les Françaises sur la deuxième place du podium tandis que ses adversaires piochaient.

Cette médaille d'argent est une récompense d'avenir pour ce relais, savant mélange d'expérience et de jeunesse. Clin d'oeil de l'histoire, Marie Dorin-Habert et Anaïs Bescond (28 et 27 ans) ont commencé à tutoyer le haut niveau ensemble, ici même à Kontiolahti, à l'occasion des Mondiaux juniors 2005. Les partenaires de chambrée récoltent ce vendredi leur deuxième médaille d'argent en commun en une semaine, après celle du relais mixte. Marie Dorin-Habert est même carrément chez elle à Kontiolahti. La voici qui totalise quatre médailles, avec ses deux sacres en sprint et individuelle et l'argent en relais mixte. Elle est la femme de ces Mondiaux.

Enora Latuillière et Justine Braisaz (22 et 18 ans), représentent elles l'avenir. Alors qu'elles débutent toutes deux cette saison sur le circuit majeur, elles décrochent une médaille d'argent qui matérialise leur prise d'assurance. "J'espère surout continuer à prendre de l'expérience", expliquait Latuillière en arrivant en Finlande. Son relais sérieux et appliqué ne peut que la conforter. C'est le même constat pour Justine Braisaz, qui a su puiser au fond d'elle-même pour se remettre d'un tir couché raté.

Celle qui a passé ses quinze premières années dans les Alpages, chaque été, coupée du monde à aider ses parents avec leur troupeau de vaches, conclut ainsi ses Mondiaux de la manière la plus productive. Samedi, le relais messieurs (Simon Fourcade, Jean-Guillaume Béatrix, Quentin Fillon Maillet et Martin Fourcade) tentera de poursuivre la moisson de médailles tricolore (5 depuis le début des Mondiaux), à partir de 16h30.