Deauville : Thawaany fera-t-elle écho à son père Tamayuz ?

Le LARC Prix Maurice De Gheest, second groupe 1 deauvillais, se court sur les 1300m de ligne droite que propose l'hippodrome de la Touques. Cette course, adressée aux sprinters, est exigeante. Elle demande aux chevaux calme et maîtrise d'eux-même, s'ils ne veulent pas perdre souffle avant-même l'effort final. Pas de tournants, pas de repos. La course se joue en moins de 1'20, le record ayant explosé l'année dernière avec la merveilleuse Moonlight Cloud en 1'14''30. Les conditions ? Être âgé au moins de 3 ans. Thawaany ne s'est encore jamais retrouvée au départ d'une course de groupe 1. On pourrait lui préférer d'autres concurrents, mais la pouliche a un atout de taille, et on va le voir, non des moindres : Freddy Head !

L'histoire d'amour entre le Prix Maurice de Gheest et Freddy Head débutait en 1996, lorsque le miraculé Anabaa remportait la course, faisant sensation. Sur son dos, Freddy Head, jockey d'expérience et de talent, le menait à la victoire. Une victoire de groupe 1, dominée par le sacre d'une seule et même famille, les Head. Tandis que, jeune poulain, Anabaa était victime du syndrome de Wobbler, l'issue se devant être souffrance et fatalité, la famille au complet se consacra à sa guérison, l'amenant à terme jusqu'à la July Cup de Newmarket. Le miracle Anabaa, dont les entraînements étaient dirigés par Christiane, soeur de Freddy, devint étalon lorsque cessa sa carrière sur les pistes. Lorsqu'il offrait à ses sauveurs son dernier souffle le 07 juillet 2009, son illustre fille Goldikova était sur le point de remporter son quatrième groupe 1 sur la piste anglaise bercée par l'exploit de son père. Qui, mieux que Freddy Head, pour amener cette légende à son firmament ? Goldikova s'imposa partout, contre n'importe qui. Elle était la reine du mile, et la concurrence, ses simples sujets. France, Angleterre, Etats-Unis, on ne lui résistait pas. A Deauville, l'idole ombrageuse établit le record de quatre victoires dans le Prix Rothschild, et s'imposa dans le mythique championnat Prix Du Haras Fresnay-Le-Buffard Jacques Le Marois... Avant elle, il y eut le formidable Marchand d'Or, dernier prodige du sprint français. Trois victoires consécutives dans le Prix Maurice de Gheest, le gris fils de Marchand de Sable et son éternel cavalier Davy Bonilla étaient phénoménaux. En rappel de ces souvenirs mémorables qui tiennent en passion son mentor Freddy Head, il s'arracha sur la piste de Newmarket, douze ans après le sacre d'Anabaa. L'année du triplé, Freddy Head sellait lors du même meeting le vainqueur du Prix Du Haras Fresnay-Le-Buffard Jacques Le Marois. Tamayuz, fils de Nayef, reprenait les couleurs victorieuses de son père, celles du prince Hamdan Al Maktoum, et s'imposait en temps record face à la grise Natagora, seule à pouvoir suivre son rythme effréné, à nette distance du champion cependant. Goldikova retirée de la compétition, Moonlight Cloud fit son entrée dans le coeur du public. La fille d'InvincibleSpirit, élevée et portant les couleurs du sympathique américain George Strawbridge, n'a pas de liens directs avec la famille Head, mais Freddy, inégalable quand il s'agit de révéler le potentiel des chevaux sur la durée, lui offrit une carrière exemplaire, et respectueuse. La pouliche remporta son premier Prix Maurice de Gheest à l'âge de trois ans, sous la pointe des bottes du formidable et exemplaire jockey Thierry Jarnet. L'année suivante, le couple s'imposait à nouveau, et tentait le doublé avec le championnat des milers dont il finit quatrième, gêné, et fortement déçu. Ils se sont vengés l'année dernière, remportant et le Prix Maurice de Gheest et le Prix Jacques le Marois, le tout en deux dimanches consécutifs et en temps record. C'est dire l'exploit de cette incroyable jument.

Cette année, Moonlight Cloud laissait son boxe vide. Elle avait été rappellée au Haras par son propriétaire et goûtait aux plaisirs d'une toute nouvelle vie. Il fallait un cheval pour tenter de pérenniser les exploits de Freddy Head, Tamayuz lui en a offert un. Thawaany, âgée de quatre ans, et préservée jusqu'à aujourd'hui, se retrouve parmi les partants du LARC Prix Maurice De Gheest qui se court demain après-midi. Parée des couleurs bleues et blanches de son ancêtre, la pouliche n'a jamais couru de telle course, mais elle s'est imposée fin juin dans le groupe 3 Prix de Ris-Orangis sur le même parcours en ligne droite, couvrant cent mètres de moins cependant. Puisqu'elle s'est déjà imposée sur le mile, sur ce même hippodrome, la distance rallongée ne devrait pas la déranger. La seule question repose sur ses capacités. Qui pour la battre ? Réponse demain, à 15h08...