Grand Prix de Saint-Cloud : One Foot in Heaven sur les traces de Coaraze !

Et si le destin se répétait ?
Il en a la couleur baie, les couleurs bleues étoilées, la pelote plutôt légère et le talent. One Foot in Heaven, l'encolure plus solide et le tour de taille plus viril, rappelle foulée après foulée les exploits mémorables de sa mère illustre, la formidable, inoubliable Pride.
Lorsqu'elle remportait le Grand Prix de Saint-Cloud sous la selle de Christophe-Patrice Lemaire, Pride avait alors six ans. Auparavant titrée à cinq reprises à niveau tout juste inférieur, elle remportait alors d'une tête sur le lauréat du Prix de l'Arc de Triomphe Hurricane Run son tout premier groupe 1. Tout premier grand succès qui en appelait d'autres : les Champion Stakes et la Hong Kong Cup clôturant à merveille une carrière des plus belles, régulières et appréciées.

Dix ans après ce sacre ou la déconvenue du Prince Harry, One Foot in Heaven prendra-t-il le pas de celle qui lui offrait son lait il y a de cela encore trois saisons ? Lui aussi pensionnaire d'Alain de Royer-Dupré, le poulain bai ne demande pas autant de tardiveté, car un sacre dès l'âge de quatre lui ira parfaitement. Lui qui n'apparaissait en piste qu'en octobre dernier, anonyme sixième d'un Maiden clodoaldien, achevait déjà sa première année de compétition par un succès sur la polytrack normande, rien de bien prometteur à première vue. Cette année, "One Foot" enchaîne et se déchaine. Troisième et dernier à Lyon, il remporte coup sur coup la Listed Prix Lord Seymour à Maisons-Laffitte, le groupe 3 Prix d'Hédouville et enfin il y a un mois le groupe 2 Grand Prix de Chantilly. Jamais seul au poteau, le poulain est efficace, faute d'être provocateur. Un fameux 25 juin 2006, sa mère Pride prouvait qu'un nez, un nez seulement, pouvait suffire.

Lorsque Corrida se présentait au départ du Prix du Président de la République 1936, elle avait pour elle, déjà, le récit de sa mère Zariba qui échouait sur la piste de La Fouilleuse quelques treize années plus tôt face à Bahadur, son combat récent face à Épinard lui ayant quelque peu coupé les jambes.
Lauréate avant ce grand jour des Prix Morny, Grand Prix de Marseille, 2ème Prix du Sweepstake National et Prix d'Hédouville, victoires obtenues dans cet ordre, échouant de peu ou nettement dans les Prix Yacowlef, Grand Critérium, Prix de la Forêt, Mille Guinées, Prix d'Astarté, Grand International d'Ostende, Arc de Triomphe 1935, Conseil Municipal, Prix Boiard, Prix de la Jonchère et Prix Daphnis et Chloé, Corrida était encore loin d'être la Légende de l'Arc, mais, course après course, places après places, ne laissait nuls doutes quant à sa qualité.
Supposée disparue sous les tirs allemands, mère unique d'un fils à la longue liste blanche moins développée, Corrida ne sera plus en vie lorsque Coaraze s'imposa en 1946 dans le feu Président renommé depuis six éditions.

Depuis ce fameux jour, le Prix du Président de la République est devenu le Grand Prix du théâtre de Saint-Cloud, et a perdu cent mètres, peut-être autant que son aura, la foule ne se massant plus, ou de son âme, la foule ne vibrant plus. S'il venait à passer, ne serait-ce qu'un nez, qu'un nez seulement, One Foot in Heaven rejoindrait Coaraze dans l'histoire des fils, des rares fils éternellement glissés sous les jupons maternels. Un exploit qui, désormais mis en avant, n'aura plus le droit de se frayer un sillon invisible. Vous êtes prévenus !