Haras : Air Force Blue renoue avec ses racines

Il devait être LE champion de l'année 2016. Une évidence, un rêve attendu mois après mois, semaine après semaine, groupe 1 après groupe 1. Ce nouveau crack Coolmore qui effacerait des tablettes ces innombrables vedettes de Ballydoyle. L'unique, le joyau, l'Air Force Blue, le seul, l'unique. Son aura n'aura pas passé l'hiver.
Immense champion à deux ans, celui qui avait été acquis 490.000 dollars aux ventes de Keeneland, fils de War Front, avait été élevé à l'herbe de Stone Farm, un biberon d'or lorsque l'on sait quels furent les foals qui le précédèrent sur ces mêmes hectares de prairie. Fusaichi Pegasus, Sunday Silence... légende après légende, idoles du turf américain que le petit poulain bai imita de son mieux lors de sa première année de compétition. De la pelouse succulente du Kentucky, Air Force Blue décoiffa l'assistance européenne à maintes reprises. Vainqueur par deux longueurs des Phoenix Stakes face à Washington DC, déjà affuté donc pour le premier groupe 1 de l'année, il avait poursuivi sa moisson de victoires dans les Vincent O'Brien National Stakes, le Curragh lui allant si bien, et terminait son année par trois longueurs un quart de supériorité pure dans les fameux Dewhurst Stakes de Newmarket.
Cette année, Air Force Blue s'est écrasé en plein vol. Avant-dernier de 2000 Guinées qui auraient dû n'être que formalités aussi bien en Angleterre qu'en Irlande, ni Newmarket ni le Curragh ne parvenant à lui remémorer ses exploits passés, le poulain ne fit guère mieux sur plus court lors de ses deux dernières sorties. Douzième de la réputée July Cup et enfin dernier, simple voiture balai, d'un groupe 3 irlandais au début du mois d'août. Le voilà retiré de l'entraînement, l'acharnement ne donnant jamais rien de bon, sa valeur étalon en tant que crack juvénile étant déjà assurée.
Annoncé à Ashford Stud, la station étalon américaine de Coolmore, aux côtés de American Pharoah et Giant's Causeway notamment, Air Force Blue retrouve son pays et même le Kentucky qui en 2013 l'avait vu naître. Bon vent champion !