Prix du Jockey Club : Brametot, ce léger frisson.

La courtesse du nez aurait pu se révéler contraignante : Brametot porte ses doux naseaux au firmament. D'un souffle, d'un sourire seulement, le champion palois s'est imposé. D'un clap, d'un sourire brillant, la Nature s'est inclinée. Instants magiques. Courant d'air orgasmique.

Habitués aux envolées du fils de Rajsaman, aux longueurs emplies d'air encore chaud, de perles rares de rejets salés, de brins verts en impesanteur imminemment balayés - le rideau rival incessamment présent - nous, public, amateurs de cracks démonstratifs, aurions pu minimiser, bouder au regard du résultat papier, la performance, que dis-je, l'exploit pourtant bien orchestré par le dernier fiston de l'écurieRouget.
L'envolée, la claque, la volée, la taloche, la calotte, la dérouillée, douce et caressante, suave et cajolante, à peine ressentie pour la plupart des prétendants au trône de Chantilly, se fit supplice délectable pour celui qui avait fait de la ligne droite des Princes la verte témoin d'un effort inouï. Waldgeist, nu dès lors qu'il quittait les ombres boisées infinies, tendait de disgracieuses branches, et à sa hanche prenait racine. Du fond de la défaite à la luminescente victoire, il y eut la peur, le doute, l'espièglerie, le talent, le génie. Et quelques foulées. Quelques foulées, et cet ultime souffle seulement. Ce frisson pénétrant. Cristian Demuro en selle, centaure en cet instant.