Wigmore Hall, un dernier hommage polémique

Vendredi soir, le Daily Mirror, presse à scandale britannique, publiait les images de la mort de Wigmore Hall. Gravement blessé en course, le cheval avait été isolé derrière une bâche afin de protéger les spectateurs d'une macabre scène imminente. Un homme, le vétérinaire, pointe une arme sur son front. Les images parlent d'elles-mêmes. Le cheval s'effondre, abattu. Les photographies, reléguées par tous les médias spécialisés, font polémique. L'arme à feu à été bannie pour préférer l'euthanasie beaucoup plus respectueuse du cheval. Visiblement pas partout. La mort de Wigmore Hall était inévitable. Mais ces dernières images sont loin de lui rendre cet ultime hommage dont il méritait.

Wigmore Hall, fils de High Chaparral et de Love And Laughter, avait sept ans et était entraîné par Michael Bell, l'homme de Motivator. Il portait la casaque rose et noire de Mark B. Hawtin et représentait l'élevage de Kevin Cullen et de son épouse. Le cheval bai à la jolie et fine liste en tête a couru quarante deux épreuves en six années de compétition, en remportant sept. Plus souvent battu que gagnant, il avait tout de même deux succès de groupe 1 à son compteur : les Northern Dancer Turf Stakes au Canada en 2011 et 2012. Il n'avait pas passé le poteau en tête depuis. A Meydan en mars 2011, le cheval remportait un groupe 2 sur la pelouse, devançant d'un quart de longueur Poet's Voice, lauréat l'année précédente des Queen Elizabeth II Stakes à Ascot. Troisième dans la foulée, Presvis allait s'imposer pour sa sortie suivante dans la Dubai Duty Free.

Vainqueur à Woodbine au Canada, et à Meydan dans le désert, Wigmore Hall l'avait aussi été à Newmarket et à York. Il avait remporté son Maiden dès sa seconde sortie à l'âge de deux ans sur la piste des 1000 guinées, avant de se faire les jambes en Angleterre dans les catégories Handicaps et Listed à trois ans. C'est en 2010 qu'il se tentait pour la première fois au niveau des groupes dans les Secretariat Stakes à Arlington Park. Une première épreuve de groupe 1 et un tout premier voyage qui en appellera bien d'autres. Wigmore Hall termina second de l'épreuve, à la croupe du vainqueur Paddy O'Prado. De retour dans son pays, il participa aux Champion Stakes dont il saisit la cinquième place, devancé par les champions Twice Over, Vision d'Etat, Debussy et Gitano Hernando. Le poulain restait maître de Fuissé, Sri Putra et Poet's Voice notamment. A quatre ans, Wigmore Hall retrouva la compétition par son succès à Meydan, puis se vit devancé par Presvis et River Jetez dans la Dubai Duty Free. Devenu Globe-trotter, le cheval fut parmi les partants de la QE II Cup à Hong Kong, puis dans l'International Cup à Singapour. Il décrochait la quatrième place de l'Arlington Million pour son nouveau déplacement aux Etats-Unis et découvrait le Canada pour son premier grand succès amplement mérité. Il achevait son année par une seconde tentative dans les Champion Stakes à Ascot où il ne put se montrer convainquant, finissant seulement neuvième de Cirrus des Aigles. En 2012, sa rentrée à Meydan fut moins fructueuse. En avril, il prenait contact avec la France. Le Prix Ganay nous faisait découvrir ce pur-sang courageux et solide. Wigmore Hall ne pouvait faire mieux que quatrième, loin derrière Cirrus des Aigles, Giofra et Reliable Man. Il voyagea encore, échouant à Arlington pour mieux rebondir, de nouveau, au Canada. Il restait sur place pour une quatrième place dans les Canadian International Stakes remportées par Joshua Tree. Il ne passa plus jamais le poteau en vainqueur, et même dut, lors de ses deux dernières années de compétition, retrouver les catégories Handicaps et Listed de ses débuts. Les résultats n'étaient plus au rendez-vous. Il y a une semaine, Wigmore Hall se blessa dans le Napoleans Casinos And Restaurants Handicap à Doncaster, apportant la tristesse dans des coeurs si enjoués par la performance de Kingston Hill. Il ne remporta pas les plus belles épreuves du monde, mais rencontra bien des pistes, bien des hommes, et bien des champions. De tels voyages à répétition n'eurent jamais raison de son moral, et jusqu'au bout, il donna le meilleur de lui-même. Bon vent, champion.