Grégory Baugé : "Pourquoi ils sont plus forts que nous ? Allez leur demander…"

Pour la cinquième fois consécutive, la France est donc présente sur le podium de la vitesse par équipes. Une bonne habitude, une belle tradition. Même si le titre échappe aux Français depuis 2000 et le triomphe de Sydney. La médaille d'argent, il y a quatre ans, après la défaite contre la Grande-Bretagne en finale, avait, on s'en souvient, suscité beaucoup d'amertume chez les Bleus, stupéfaits de la progression des "Britts" par rapport aux Mondiaux, quatre mois auparavant.

Cette fois, les Britanniques étaient encore beaucoup trop forts, mais ils n'étaient pas les seuls, les Néo-Zélandais ayant lutté pied à pied avec eux. Et les Français ? "Nous, on a lutté avec le reste du monde et on est content d'être sortis vainqueur de ce tournoi-là", sourit Michael D'Almeida, décisif jeudi avec son dernier relais monstrueux contre l'Australie pour le bronze.

Si cette médaille satisfait globalement le camp tricolore, surtout après la quatrième place des Mondiaux en mars, leur incapacité à rivaliser avec la Grande-Bretagne et la Nouvelle-Zélande continue d'interpeller. "Là, il y a deux nations vraiment largement au-dessus de nous, constate encore D'Almeida. J'ai envie de dire deux écuries, même. Il faut être réaliste et objectifs. Les temps qu'ils sortent, on n'a jamais été capables de les faire, donc il n'y a pas de regrets à avoir. Ils étaient hors d'atteinte, clairement, il faut le dire."

Pas de regrets, donc. Mais des questions. Et pas vraiment de réponses. "Comment j'explique cette supériorité ?", s'interroge Michael D'Almeida. Je ne l'explique pas justement. Si je l'expliquais, je ne serai pas là avec une médaille de bronze mais avec une médaille d'or. Je ne suis pas dans leur écurie, pas dans leur pays, je ne sais pas comment ça fonctionne. Ils n'en parlent pas et ils ont tout à fait raison, à leur place je ferai exactement la même chose qu'eux."

"C'est comme dans l'industrie, tout est secret, confirme François Pervis. Donc c'est difficile de vous répondre. Je ne sais pas quoi vous dire, je ne sais pas comment ils travaillent. Il y a sans doute un peu de tout. A ce niveau-là, c'est une somme de petits détails. La prépa mentale, le matériel aussi, ça compte, le tissu, le casque, les chaussures, tout compte. A chaque fois, tout est nouveau chez eux : vélos, roues, casques, combinaisons. Tout est sur mesure." Et à chaque fois, ils gagnent, ce que ne savent (peuvent) plus faire les Français.

Reste que si elle est restée en filigrane et nettement moins véhémente qu'il y a quatre ans, l'amertume n'est quand même pas loin de pointer son nez chez D'Almeida, à travers une phrase lourde de sous-entendus. "Moi, dit-il, j'ai ma petite idée sur certaines choses, que je tairai, que je vais garder pour moi, parce que je pense que ce n'est pas bon de parler à chaud."

Grégory Baugé, le troisième larron, n'a pas voulu épiloguer. "Pourquoi ils sont plus forts que nous ? Allez leur demander… C'est comme ça, c'est le sport. Moi, je passe à autre chose. Demain (vendredi), j'ai mon tournoi individuel qui commence, c'est ce qui m'intéresse maintenant." Et il y a fort à craindre pour les Bleus qu'ils tombent à nouveau sur quelques os britanniques.