Affaire Armstrong : l'accablant rapport

Le rapport de l'USADA s'appuie avant tout sur des preuves scientifiques qui accablent Lance Armstrong. L'agence américaine a ainsi examiné neuf échantillons sanguins de LA sur les Tours de France 2009 et 2010. La conclusion est limpide : ces échantillons "sont en accord avec un recours continu au dopage sanguin." En cause notamment, un taux anormalement bas de réticulocytes à savoir des globules rouges dont la production est stoppée quand un athlète transfuse son propre sang.

L'USADA évoque également quatre échantillons "suspects" du Tour de Suisse 2001 qui seraient positifs s'ils étaient analysés avec les méthodes d'aujourd'hui mais l'UCI refuse de fournir les échantillons car Armstrong a refusé de donner son accord. Hamilton et Floyd Landis affirment dans le rapport qu'Armstrong leur avait signalé son contrôle positif au Tour de Suisse 2001 et qu'il avait payé l'UCI pour faire disparaître l'échantillon. Un médecin témoignant devant l'USADA affirme qu'Armstrong avait été contrôlé positif lors de l'épreuve.

Enfin, le rapport évoque le test des urines d'Armstrong du Tour 1999 et ses traces d'EPO dans six échantillons, révélé par L'Equipe. L'UCI n'avait pas validé le contrôle pour des raisons techniques. "Il n'y a aucune base scientifique sur une dégradation des échantillons pouvant provoquer l'apparition d'EPO", précise le rapport.

C'est le gros morceau du rapport. Onze anciens équipiers mais aussi des membres du staff de l'US Postal ont témoigné. Dernier en date, Hincapie qui a reconnu ce mercredi avoir eu recours à des pratiques dopantes. Leurs aveux sont éloquents : les coureurs de l'US Postal utilisaient de l'EPO, de la testostérone, des hormones humaines de croissance et de la cortisone, selon les témoignages de George Hincapie, Tyler Hamilton, Frankie Andreu et Jonathan Vaughters, et d'Emma O'Reilly, une employée de l'équipe.

Tout a commencé en 1995 après Milan-San Remo : "Lance a dit en substance : Ils prennent des trucs, on va se faire tuer, on doit faire quelque chose", témoigne Hincapie. C'est à ce moment précis que l'équipe commence à utiliser de l'EPO. Hincapie et Hamilton affirment qu'ils savaient qu'Armstrong prenait de l'EPO dès début 1998, Vaughters confirmant qu'Armstrong l'utilisait au Tour d'Espagne en s'injectant de l'EPO dans une chambre d'hôtel. Hamilton évoque une visite chez Armstrong à Nice en mai 1999: "Mon taux d'hématocrite était bas. Lance m'a dit de me servir dans le frigo. L'EPO était à côté du lait."

L'USADA a listé une série de tentatives d'intimidation d'Armstrong vis-à-vis des potentiels témoins. LA dîne un soir avec Levi Leipheimer et envoie un texto à son épouse : "Cours, ne marche pas." A Filipo Simeoni, ancien équipier, il lance : "Tu as fais une erreur en témoignant contre le docteur Ferrari. Je peux te détruire." En juin 2011, il retrouve Tyler Hamilton dans un restaurant à Aspen et le menace : "Quand tu seras à la barre des témoins, nous allons te déchirer."