L'avenir de Cannondale-Drapac mis en pointillés, tous les coureurs sur le marché

La nouvelle a été aussi brutale que surprenante. La formation Cannondale-Drapac a annoncé samedi en toute fin de journée à ses coureurs qu'ils étaient libérés de leur engagement avec l'équipe. Un de ses principaux sponsors a donné "des nouvelles décourageantes" alors que son arrivée était prévue au budget de l'équipe pour la saison 2018. Avec un trou important dans son budget, l'équipe américaine ne peut assurer sa licence World Tour et a donc signalé à tout son personnel (coureurs et staff) qu'ils étaient libres de tout contrat pour la saison prochaine.

Le coup est rude pour les hommes en vert, qui figurent parmi les meilleures équipes du peloton. "Nous avons besoin de 16 millions de dollars pour avoir une bonne équipe. Nous sommes 7 millions trop courts" a assuré Jonathan Vaughters, le patron de l'équipe. Parmi les coureurs sur le carreau, le deuxième du dernier Tour de France Rigoberto Uran fait figure de nom le plus ronflant. Le Colombien avait prolongé son bail avec la Cannondale pour trois nouvelles saisons il y a à peine deux semaines. D'autres coureurs de renom se retrouvent également sur le marché comme le Français Pierre Rolland, vainqueur d'étape sur le Giro cette année, Michael Woods, actuel neuvième de la Vuelta, ou encore Tom Jelte Slagter ou Sep Vanmarcke.

Enfin, provisoirement sur le marché, puisque Slipstream, propriétaire de l'équipe, ne désespère pas encore de trouver de nouvelles sources de financement dans les prochains jours. La formation a d'ailleurs lancé une campagne de crowdfunding pour que les fans puissent aider leurs protégés à se maintenir en World Tour.

Chez les coureurs Cannondale, les réactions sont pour le moment mitigées quant à l'avenir proche. Dans un post Facebook, Pierre Rolland a exprimé toute son inquiétude. Le Tricolore, vainqueur de la 17e étape du Tour d'Italie cette saison, concède avoir refusé des offres intéressantes durant l'été mais les avoir refusées car il était encore engagé pour la saison 2018. Alors que le marché des transferts arrive désormais vers sa fin, la donne est différente pour l'ancien de l'équipe Europcar.

"Je vous laisse imaginer ma surprise, a ainsi écrit Rolland. Ma démarche de recherche d'équipe était quelque chose d'impensable jusqu'à aujourd'hui. J'ai été avec mon agent approché par plusieurs formations avec des projets sportifs qui me correspondaient. J'ai dû décliner toutes ces offres étant sous contrat jusqu'en 2018. Maintenant, je me retrouve à démarcher ces équipes à nouveau où la plupart ont embauché un ou des coureurs de mon profil. Cette situation n'est pas adéquate et surtout inattendue. J'espère que cette histoire aura une bonne fin."

Actuellement engagé sur les routes du Tour d'Espagne, le Canadien Michael Woods se montre un moins abattu et croise encore les doigts pour une issue positive. Il n'a toutefois pas caché que les nouvelles étaient "mauvaises". "On a reçu de mauvaises nouvelles pour l'équipe samedi donc je pense qu'on a besoin d'un boost et on va se battre comme des champions aujourd'hui. Tu en perds le sommeil à penser à l'encadrement et tous ceux qui pourraient se retrouver sans travail l'an prochain. C'est une mauvaise nouvelle d'autant plus que j'étais vraiment excité à l'idée de courir pour l'équipe l'an prochain. Mais je pense que l'équipe va se serrer les coudes. Ce n'est pas encore fini. JV (Jonathan Vaughters) fait tout pour. C'est loin d'être fini et on a toujours une chance d'exister l'an prochain. Tout le monde au sein de l'équipe veut se concentrer pour obtenir de bons résultats pour prouver que l'équipe a sa place dans le World Tour."

Les prochains jours seront vraisemblablement décisifs aussi bien pour l'engagement de Cannondale-Drapac en World Tour la saison prochaine que pour les coureurs. Le bouclage du budget permettrait à l'équipe d'honorer les contrats dont elle s'est libéré il y a quelques heures.