Jakob Fuglsang triomphe devant les cadors, le maillot jaune pour Richie Porte

Les favoris ont su jouer de l'art du paradoxe ce vendredi. Pour leur premier rendez-vous en montagne, les as de la grimpe ont fini par s’expliquer en sprinteurs acharnés. À la Motte-Servolex, terme de la 6e étape, la photo-finish n’était pas de trop pour donner la victoire à Jacob Fuglsang (Astana). Le Danois s'est imposé sur le fil devant Richie Porte (BMC), nouveau leader de ce Critérium du Dauphiné, qui peut regretter de s'être fait un peu coincé près des barrières par Chris Froome (Sky), troisième devant Fabio Aru (Astana).

Ce quatuor est arrivé ensemble après s’être détaché sur les pentes du redoutable Mont du Chat (hors-catégorie), dont le sommet était placé à 15 kilomètres de l’arrivée. Premiers battus, Romain Bardet (AG2R La Mondiale) et Alejandro Valverde (Movistar) ont déboursé 50’’. L’addition est un poil plus lourde pour Alberto Contador (Trek-Segafredo), 9e de l’étape à 1’06’’.

Comme prévu, le Mont du Chat a livré la première hiérarchie au sein des grimpeurs sur ce Dauphiné. Une photographie qui compte aussi en vue du Tour de France, qui débutera dans trois semaines. Meurtri par son forfait sur le Giro, qui partait de chez lui, en Sardaigne, Aru s’est montré le plus fringant dans l’ascension de 8,7km à 10,3%. Celle-ci sera d’ailleurs emprunté lors de la 9e étape du Tour. Intenable, l’Italien est passé seul en tête au sommet après avoir multiplié les accélérations. Basculant avec 12’’ de retard, Froome a ensuite effectué une grande descente pour revenir sur le leader d’Astana, mettant à mal Porte et Fuglsang. L’Australien et le Danois ont eu toutes les peines du monde à tenir la roue du triple vainqueur du Dauphiné et du Tour.

Après un début de saison mitigé et un chrono décevant mercredi, Froome peut sans doute tirer de vrais motifs de satisfaction de sa prestation du jour. Sur le plan comptable, en revanche, son retard s’est accumulé sur Porte par le jeu des bonifications. Remonté au 2e rang, il accuse désormais 39’’ de retard sur l’Australien. Ce qui reste important vu la forme éclatante du coureur de Tasmanie. Mais il y a encore largement de quoi faire sur ce Dauphiné vu les deux dernières étapes de montagne, qui se termineront respectivement à l’Alpe d’Huez (via le col de Sarenne) et au Plateau de Solaison, samedi et dimanche.

Côté français, la journée ne restera pas dans les annales. Décidé à briller sur ses terres, l’équipe AG2R La Mondiale a pris les choses en main tôt dans la journée, comblant une grosse partie de l’écart sur une échappée de six hommes qui comprenait pourtant son spécialiste des classiques flandriennes, Oliver Naesen. Ce dernier a d’ailleurs été le dernier rescapé, n’étant repris qu’à deux kilomètres du sommet par Aru. Le travail de son équipe lui a certes donné le prétexte pour s'économiser à l'approche du Mont du Chat. Mais il peut sans doute nourrir quelques regrets. Avec une minute supplémentaire de marge au pied – l’écart n’était alors que de trois minutes – Naesen, 8e de l’étape à 1’06’’ serait sans doute allé au bout.

Le travail de la formation chambérienne visait à mettre Bardet sur orbite. Mais comme depuis le début de saison, l’Auvergnat a évolué un cran en-dessous des tous meilleurs. Après être passé à l’attaque en début d’ascension, il n’a pu suivre l’accélération de Froome à 18 kilomètres de l’arrivée. Neuvième du général à 2’49’’ de Porte, Bardet reste en embuscade mais il lui faudra réaliser un nouveau coup de génie pour rééditer sa performance de 2016 (2e du Critérium, avant une nouvelle 2e place sur le Tour).

Apparemment malade, David Gaudu (FDJ) a disparu avant même le pied. Pierre Latour continue lui son bon Dauphiné (11e du général à 3'20''). 14e de l’étape à 2’17’’, le Drômois s’est classé juste devant un autre jeune talent français, le Normand Guillaume Martin (Wanty-Groupe Gobert), 19e au général à 5’11’’. Des performances encourageantes. Mais pas de quoi non plus envisager le meilleur d'ici la fin du Dauphiné.