Flèche Wallonne 2013: Daniel Moreno (Katusha), de l'ombre à la lumière

L'Espagne garde la main. Katusha aussi. Un an après la victoire de Joaquim Rodriguez, la formation russe rayonne à nouveau sur la Flèche Wallonne et elle doit encore cette victoire à un de ses coureurs ibériques. Mais cette fois, ce n'est pas Purito qui a mis dans le mille. Diminué après sa chute et son abandon dans l'Amstel Gold Race dimanche, Rodriguez avait annoncé qu'il viendrait en équipier, non en leader, sur la Flèche. Il ne bluffait pas. Du coup, son habituel lieutenant, Dani Moreno, en a profité pour se mettre comme jamais en évidence. Excellent puncheur, il a surgi dans les 200 derniers mètres du mur de Huy pour s'offrir la plus belle victoire de sa carrière, à 31 ans.

Comme toujours, cette édition 2013 s'est jouée dans l'ultime ascension du mur de Huy. Le parcours n'est pas assez sélectif pour échapper à la notion de "course de côtes". Malgré les efforts successifs des attaquants, c'est un imposant peloton groupé qui s'est présenté au pied du juge de paix traditionnel de l'épreuve ardennaise. Laurens Ten Dam (Blanco) et Simon Geschke (Argos) ont été les derniers à se faire reprendre à moins de dix kilomètres de l'arrivée. Derrière, les contres n'ont rien donné. C'est tout sauf une surprise. La Flèche est une course relativement "facile" à contrôler pour les équipes des favoris. Les BMC de Philippe Gilbert et les Movistar d'Alejandro Valverde ont été les plus actifs dans ce registre. Mais les étincelles n'allaient pas venir d'eux dans le mur…

C'est Carlos Betancur qui a placé la première véritable mine. Un coup de giclette impressionnant de la part du Colombien de la formation AG2R La Mondiale, dont on a vraiment cru qu'il allait s'avérer décisif. Betancur a creusé un véritable écart sur le peloton. A 250 mètres de la ligne, il semblait tenir le bon bout. Mais le mur de Huy est long. Terriblement long. Face à la menace Betancur, Philippe Gilbert a pris ses responsabilités. Le champion du monde a tenté de faire la différence, mais il n'avait pas la caisse nécessaire pour tenir. Il n'a pas réussi à boucher le trou le séparant du Sud-Américain. Certes, il a réussi à faire exploser bon nombre de coureurs, à commencer par Peter Sagan, calé dans sa roue depuis le début de l'ascension. Mais d'autres n'ont pas cédé. A bout de forces, Gilbert s'est logiquement fait contrer avant de se relever, terminant à la 15e place…

C'était le moment ou jamais pour ceux qui en avaient encore sous la pédale. Daniel Moreno a sans doute senti que son heure était venue. Dans le mur de Huy, tout est souvent affaire de timing. Celui du Madrilène a été parfait. Il a attaqué au moment où Gilbert a flanché. Au moment, aussi, où Betancur était en train de constater que son réservoir était vide. En une fraction de secondes, Moreno a débordé le jeune Colombien, s'envolant irrésistiblement vers la victoire. Sa première classique. Celle qui lui convenait le mieux sur le papier, probablement. Derrière lui, non pas un Colombien mais deux, puisque Sergio Henao (Sky) est venue déborder Betancur. Un "doublé" qui confirme la montée en puissance de cette formidable génération colombienne dont on n'a pas fini d'entendre parler.

L'Espagne à la fête, la Colombie à l'honneur, mais la Belgique à la peine. Philippe Gilbert, 15e, est le premier représentant belge au classement. Toujours pas de victoire donc pour le cyclisme belge dans cette campagne de classiques et de semi-classiques 2013. Les Français n'ont pas brillé, eux non plus. Tony Gallopin (RadioShack) a pris la 16e place, juste derrière le champion du monde, et juste devant Arthur Vichot (FDJ), 18e. Tout ce petit monde a maintenant rendez-vous à Liège dimanche pour une Doyenne en forme de revanche pour certains. Philippe Gilbert sera probablement encore au centre de toutes les attentions, mais en ce printemps, les outsiders sont souvent à l'honneur, si l'on excepte le doublé de Fabian Cancellara sur le Ronde et à Roubaix. Moreno en est la dernière preuve en date.