Les 5 questions qui trouveront leurs réponses dans les Alpes

Certainement pas. Tout simplement parce qu'il lui reste encore à affronter 705,5 kilomètres, 13 cols, et qu'il ne sera vainqueur qu'une fois qu'il aura ramené le maillot jaune à Paris. Pour autant, il est aujourd'hui devant tous ses rivaux, avec une marge suffisante pour assumer un petit accident, et il a montré depuis deux semaines et demi qu'il était le plus fort. Vincenzo Nibali et Alberto Contador réfléchissent sûrement à un coup de Trafalgar mais ils n'ont pas donné le sentiment qu'ils avaient les moyens de renverser Froome et les Sky. La tactique ne compense pas forcément le manque de jambes.

Nous avons cherché les raisons de penser que Chris Froome pouvait encore perdre le Tour. On en a trouvé une vingtaine, certaines moins sérieuses que d'autre. Les deux hypothèses les plus crédibles seraient un affaiblissement de Froome, comme on a pu l'observer en 2013, et une montée en puissance de Quintana, comme on l'a également vu en 2013. Rien ne dit que le scénario se répètera ni que cela sera suffisant pour gommer l'avance du Britannique.

Warren Barguil 10e, Tony Gallopin 11e et Romain Bardet 12e, voilà un joli trio à la bagarre pour le titre très honorifique de premier Français à l'arrivée. Pierre Rolland (15e à 4'52 de Barguil) peut lui aussi s’en mêler et, au vu des Pyrénées, il semble être le meilleur grimpeur du lot. Pour Thibaut Pinot (19e) et Alexis Vuillermoz (20e), les écarts semblent trop conséquents. Mais, attention, ce n'est pas seulement à la pédale que se joue le classement, particulièrement quand on dépasse les 6-7 premières places.

À l'exception peut-être de Barguil (et je m'attends à ce qu'il me démente), tous ces coureurs sont candidats aux échappées. Ils viseront plutôt la victoire d'étape, le maillot à pois peut-être, et leur classement général n'en sera qu'une conséquence.

Dans un classement lui aussi nettement dominé par Chris Froome, Joaquim Rodriguez est le coureur le mieux armé pour contrer le Britannique. Pour commencer, l'Espagnol est aujourd'hui le premier des poursuivants de Froomey (à 9 points), ce qui lui vaut de porter le maillot à pois. Ensuite, Purito ne court pas autant de lièvres que ses adversaires. Ses objectifs sont simples : partir dans les échappées pour aller chercher une étape. Il a déjà réussi sur ce Tour et tout porte à croire qu'il a les capacités de récidiver.

D'autres prétendants ? Pourquoi pas Bardet, qui a déjà pris pas mal de points (38) et compte repartir à l'assaut dans les Alpes. Mais si Purito n'y arrive pas, Froome a de bonnes chances d'être le premier depuis 1970 et Eddy Merckx à remporter le classement général et celui de la montagne.

Le vrai bonus, ce serait celui d'une victoire d'étape. Et autant Peter Sagan est un monstre sur ce Tour, autant il est difficile de l'imaginer trouver au sommet de l'Alpe-d'Huez ou à la Toussuire les ouvertures qu'il n'a pas concrétisées depuis le départ de ce Tour. L'arrivée à Saint-Jean-de-Maurienne se fait en bas d'une descente mais les vrais grimpeurs seront de sortie. Sagan devrait se faire discret dans les Alpes : il n'y joue ni la victoire d'étape ni un maillot vert qui lui semble désormais assuré. On l'attend surtout sur les Champs. Avec un titre de "super combatif" à la clef ?

Et pourquoi pas une troisième ? Il reste de belles ouvertures. Mais prenons les choses dans l'ordre : les coureurs français, muets depuis le succès d'Alexis Vuillermoz à Mûr-de-Bretagne (8e étape), sont nombreux à vouloir lever les bras dans les Alpes. Et de très gros clients restent frustrés : Europcar et FDJ font chou blanc, Romain Bardet a des jambes et beaucoup d'envie, encore plus après son échec partagé avec Thibaut Pinot à Mende.

Sur quatre étapes alpestres, on peut raisonnablement penser que deux souriront aux échappés. Les Français en seront des acteurs majeurs. La Toussuire et l'Alpe-d'Huez les inspirent : Pierre Rolland s'est imposé dans ces deux stations de ski, imité par Christophe Riblon à l'Alpe en 2013.