Roi des Ardennaises, Alejandro Valverde (Movistar) devance encore Julian Alaphilippe

La France y a cru. Très fort. Comme lors de la Flèche Wallonne, Julian Alaphilippe (Etixx-Quick Step), du haut de ses 22 ans, est passé près d'un exploit majeur. Mais comme mercredi, le puncher tricolore a buté sur plus fort que lui en prenant la deuxième place de Liège-Bastogne-Liège ce dimanche. Le briseur de rêves se nomme encore Alejandro Valverde (Movistar) qui, en ajoutant une troisième "doyenne" à son palmarès, conclut magnifiquement une campagne ardennaise qu'il a survolée. Deuxième de l'Amstel Gold Race, vainqueur de la Flèche Wallonne (sa troisième également), puis de Liège-Bastogne-Liège, le Murcian de 35 ans est bien le meilleur puncher du peloton. 

Comme lors des deux premiers épisodes du triptyque ardennais, tout s'est réglé par un sprint. Une vilaine tendance, déjà caractérisée l'an passé par la victoire de Simon Gerrans, qui ne dit en rien l'intensité de la course du jour. Comme une réponse à l'annonce du maintien de sa licence en World Tour, l'équipe Astana a mis le feu dès la côte de Stockeu à 78 kilomètres de l'arrivée. Après une première attaque d'Andriy Grivko, le peloton sombra ensuite dans un chaos rare dans la côte de Haute-Levée où les coureurs sortirent par grappe, cinq Astana figurant un temps dans un groupe de contre !

Ensuite, Kangert et Scarponi ont pris le relais en compagnie de Chaves (Orica-Green Edge) pour mettre à mal les formations Movistar, Etixx-Quick Step et Katusha, alliées de circonstance face à la furie kazakhe. L'écart n'a jamais dépassé la minute mais cela a mis le peloton sous pression. Et à la faute. Ce dernier a perdu de nombreux éléments sur une chute massive à 41 kilomètres de l'arrivée. Out les anciens vainqueurs Dan Martin (Cannondale-Garmin) et Simon Gerrans (Orica - Green Edge) qui chuta même une deuxième fois en tentant de revenir dans le peloton. Alaphilippe et Pierre Rolland  (Europcar) ont été pris dedans mais ont pu se relever. A l'inverse de Nicolas Roche (Sky), contraint à l'abandon.  

Le groupe Scarponi repris au pied de la Roche-aux-Faucons, Fuglsang (Astana) pouvait sortir en compagnie de Kreuziger (Tinkoff-Saxo) et Caruso (Katusha). Il restait alors moins de 20 kilomètres et le ballet des attaques n'a jamais cessé. Derrière, les Français Bardet, Barguil et Alaphillipe ont fait le forcing, ce dernier ayant les ailes libérées par la défaillance de son leader Michal Kwiatkowski (Etixx-Quick Step). Tout le monde attendait alors l'attaque de Vincenzo Nibali, dont le terrain avait été si bien préparé par ses équipiers. Celle-ci est intervenue dans la côte de Saint-Nicolas à six kilomètres de l'arrivée. Mais si les jambes du requin de Messine semblaient affûtées, elles ne l'étaient pas autant que lors de sa victoire sur le dernier Tour. L'Italien n'a pas réussi à se défaire de ses rivaux, avec Alaphilippe dans ses basques. Nibali repassera pour décrocher sa première victoire sur une classique.

Au pied de la montée finale de Ans, une quinzaine pouvaient encore croire à la victoire. Dani Moreno (Katusha) a cru à la gagne quand il est sorti dans l'indifférence générale sous la flamme rouge. Le trou était fait, mais Valverde a été suffisamment fort pour le boucher en portant son effort à 500 mètres de la ligne, ce qui rend son succès d'autant plus remarquable à l'issue du sprint final. Alaphilippe et Joaquim Rodriguez (Katusha) ont été battus d'un vélo. Sur la ligne, le Français pouvait taper du poing sur le guidon. Mais contrairement aux Espagnols qui l'entourent sur le podium, l'avenir lui appartient, tout comme Romain Bardet (6e). Et la disette française, qui dure depuis 35 ans sur la Doyenne depuis le succès sous la neige de Bernard Hinault, n'a jamais semblé si proche de prendre fin.