Mondiaux Ponferrada : L’Espagne est décidément loin de l’union sacrée

La tactique espagnole ne pouvait pas être plus ridicule que l’an passé où Joaquim Rodriguez et Alejandro Valverde avait montré de tels désaccords que cela en avait été grotesque. A Ponferrada, à domicile, les Ibères se devaient d’afficher une certaine harmonie. Surtout entre leurs leaders. Car, derrière, le sélectionneur n’avait pas osé faire un choix, clair et précis. Quatre équipiers pour Valverde, un pour Rodriguez, d’autres hésitants. On était loin de la Pologne ou l’Australie, entièrement dévouées à un seul et unique leader. Mais longtemps, on a supposé que l’Espagne agirait aussi ainsi. Sauf que la course s’est débridée et l’équipe ibère avec elle.

 Lorsque l’équipe polonaise est revenue à portée de fusil de l’échappée matinale, plusieurs groupes ont tenté de s’isoler en contre. Et on trouvait ici et là des Espagnols. Jesus Herrada, Imanol Erviti, jamais les mêmes, jamais bien loin. Placer un pion devant était intelligent oui, sauf que tous ces coureurs ont sauté de suite une fois repris. D’où l’inutilité de la tactique espagnole. On a même retrouvé Joaquim Rodriguez à l’avant une fois, à plus de 60 kilomètres de l'arrivée, avant qu’il ne s’arrête, comme s’il avait compris qu’il était stupide de partir. Avec une échappée jamais partie bien loin (même si Navarro en a fait partie), les Espagnols ont au moins eu le mérite de ne pas laisser partir de façon disproportionnée dans le final.

 Car, oui dans le dernier tour, les gregari ont fait le boulot. Notamment Jonathan Castroviejo, impressionnant dans la montée de la Confederacion pour ramener définitivement le peloton sur le quatuor de tête (dont Gautier) avec l’aide d’Ion Izagirre. Deux équipiers deValverde, évidemment. Comme par hasard, quand ils ont explosé à 6 km, aucun des deux autres équipiers de Valverde (désigné clairement leader par Rodriguez et le sélectionneur) – Moreno et Rodriguez – n’ont alors pris les choses en main pour empêcher toute attaque avec le Mirador. Non, le Catalan a préféré rester au chaud dans le peloton et laissé partir Kwiatkowski, étonné de ne pas voir l’équipe d’Espagne le prendre en chasse. Pourtant, le pire était encore à venir.

 Le Mirador, dernière ascension du parcours, celle où les Espagnols avaient tout intérêt à jouer une seule carte. Celle de Valverde, donc.Sauf que Purito en a décidé autrement. Le leader de la Katusha, emmené par son habituel équipier Daniel Moreno, a violemment attaqué, cherchant à s’isoler seul à la poursuite du Polonais. Sauf que Gilbert, Gerrans et Valverde sont revenus de suite. Logique. Mais alors que l’Espagne avait l’occasion d’éviter de refaire les mêmes erreurs que l’an passé, elle est retombée dans les mêmes travers. Au lieu d’emmener à bloc Valverde dans la montée et ainsi d’éviter les attaques successives, Rodriguez s’est relevé, comme si empêcher son meilleur ennemi d’accéder au titre mondial était plus important que de donner le titre à l’Espagne. Car, avec seulement huit secondesde retard sur Kwiatkowski à l’arrivée, le travail de Rodriguez aurait permis à Valverde de jouer la victoire et d’être plus frais car il aurait alors – comme l’a fait Gerrans – pu ne pas rouler. Mais voir Rodriguez et Valverde s’entendre semble vraiment impossible. Dommage car, ce dimanche, Alejandro Valverde était sans doute le plus fort dans la dernière ascension. Et l’an prochain, sur les pavés et les monts de Richmond, il ne faudra pas se tromper de leader. A condition, une nouvelle fois, qu’il y en n’ait qu’un.