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Une frustration, bien sûr, mais pas un échec

Benoît Vittek

Mis à jour 26/09/2017 à 14:28 GMT+2

MONDIAUX SUR ROUTE - Julian Alaphilippe repris par ses rivaux loin des caméras mais tout près de l'arrivée, les Français repartent de Bergen sans le titre qui les fuit depuis 1997. Il faudra encore attendre au moins un an pour trouver un successeur à Laurent Brochard. Mais les Bleus de Cyrille Guimard se savent sur la bonne route.

Julian Alaphilippe et Tony Gallopin sous le maillot de l'équipe de France

Crédit: Getty Images

Putain vingt ans. Comme chaque anniversaire des Guignols de l’info, la nouvelle année qui s’ouvre sans coureur français vêtu du maillot arc-en-ciel mérite bien un juron. La différence, c’est que là où Les Guignols se riaient du temps qui passe, la France du cyclisme est profondément frustrée. Et peut-être plus que jamais après un titre qu’elle ne s’est même pas fait chiper sous le nez.
Dimanche, les suiveurs français n’ont pas vu comment la victoire leur a échappé, la faute à un parcours pas tout à fait assez sélectif et des batteries de caméra à plat lorsque le Français filait vers l’arrivée à Bergen. Ça ajoute à la frustration, même si la réalisation TV a sûrement servi d’exutoire à de nombreux supporters frustrés de ne pas voir Julian Alaphilippe apparaître seul sous la flamme rouge pour un dernier kilomètre triomphal.
Putain vingt ans sans Français champion du monde dans l’épreuve en ligne Élite des championnats du monde (il y a bien des rêves dorés qui deviennent réalité, à l’image de Benoît Cosnefroy, qui marche sur l’eau en cette fin d’année et est devenu à Bergen le quatrième Français vainqueur chez les Espoirs depuis 2009). Douze ans sans podium (depuis Anthony Geslin à Madrid). Au final, un homme en bleu s’est fait une place dans le top 10 - comme toujours depuis 2010, sauf en 2013, année qui marquait la transition entre la génération Voeckler-Chavanel et les jeunes pousses qui se font une place ces derniers automnes.

Une présence collective remarquée

Pour la première de Cyrille Guimard, la lecture des résultats bruts de Bergen dessine une stagnation. Pas plus que l’éducateur Bernard Bourreau avant lui, le Druide n’a transformé en or le talent qui irrigue l’équipe de France. On y a cru, Alaphilippe et les hommes en bleu les premiers. "On est sur la bonne voie", avançait Guimard après le show de son puncheur numéro un. On y croira encore, dès Innsbruck l’an prochain sur un parcours favorable à l’armada de grimpeurs français. Mais on en est toujours réduit à jurer : putain vingt ans !
Guimard, qui en a connu d’autres aux côtés de Bernard Hinault et Laurent Fignon, a des motifs de satisfaction après ce week-end. Et il ne s’agit pas seulement des jambes de feu d’Alaphilippe. N’oublions pas la grosse activité de Tony Gallopin dans le final et le travail accompli par les autres pour contrôler la course.
Peut-être Guimard était-il comme vous et moi, à pester lorsque le groupe Wellens est parti sans Tricolore. Mais cette "faute" n’a pas empêché le collectif français d’aller là où il le souhaitait : vers un final où le "fil rouge" Alaphilippe aurait la chance de faire parler son punch. Avec les Belges et les Néerlandais, les Français ont été les plus entreprenants, et ce sont les hommes de Guimard qui sont passés le plus près de renverser la table.

Discipline et collectif : la sauce Guimard a pris

Réputé pour son sens de la discipline, Guimard a réussi à faire passer ses préceptes auprès de ses coureurs. Le Druide de 70 ans et les jeunes talents français se sont compris. Ce n’était pas gagné. La perspective de travailler à ses côtés a fait fuir le jeune retraité Jean-Christophe Péraud, que la Fédé souhaitait associer à Guimard dans une perspective de "transmission". Les adeptes de Garmin et Strava se sont demandés pourquoi on était allé chercher un Papy du cyclisme pour guider leurs ambitions. Les rendez-vous de Herning (championnat d’Europe) et Bergen ont offert de nouvelles réponses qui semblent avoir convaincu les principaux intéressés, au-delà de "c’est le super pote à Madiot".
Les présents ont apprécié l'esprit commando porté par Guimard. Quant aux absents, ils ont nécessairement tort (et certains absents d'aujourd'hui avaient déjà eu tort en passant complètement à côté des Mondiaux il y a tout juste un an). Nacer Bouhanni, qui avait fait acte de candidature, se dit peut-être que le sélectionneur aurait mieux fait de les emmener à Bergen. Après tout, Sagan n’a pas fini de célébrer son titre que beaucoup tombent dans le révisionnisme. Et si le Druide avait ajouté un homme rapide à sa potion norvégienne ? Eh bien peut-être n’aurait-il pas tenu la roue des Kristoff, Matthews ou Gaviria : ils étaient tout de même moins de 30 (27 exactement) à l’avant lorsque la magie de la télévision a repris ses droits pour un emballage final pas tout à fait massif.
Peut-être également qu’avec un sprinteur dans l’effectif, les Français n’auraient pas livré la même partition collective. Avec des si, Brochard et Hinault auraient déjà des successeurs en arc-en-ciel et en jaune. On ne sait pas ce qui se serait passé en présence de Nacer Bouhanni, Arnaud Démare ou tous les autres dont on se dit qu’ils peuvent dessiner un avenir de toutes les couleurs pour le cyclisme français. Mais eux savent ce qu’ils ont à faire pour convaincre le Druide de leur faire une place. Ça reste la première étape pour devenir le coureur qui transformera les jurons frustrés de la France cycliste en exclamations de bonheur.
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