Goss fait le plein

Cette fois, Matthew Goss n'a pas laissé passer sa chance. Devancé par Greg Henderson la veille à Amilly, le sprinter de l'équipe HTC High Road a mis tout le monde derrière lui mardi à Nuits-Saint-Georges. Paris-Nice garde donc un air des Antipodes. Après la Nouvelle-Zélande, c'est l'Australie qui se retrouve à l'honneur. Plutôt deux fois qu'une puisque, non content de s'offrir l'étape, Goss, via le jeu des bonifications, endosse également le maillot jaune de leader, deux secondes devant l'ancien leader, Thomas de Gendt. Goss ne devrait pas savourer sa tunique plus de 24 heures, vu ce qui attend le peloton à partir de jeudi, mais peu importe. En un sprint, il a réussi sa semaine.

Ce Paris-Nice aime prendre tout le monde à contre-pied. Dimanche, la boucle yvelinoise autour d'Houdan paraissait promise à un sprint. Résultat, la dernière échappée est allée au bout. Mardi, à Nuits-Saint-Georges, avec la présence d'une côte de deuxième catégorie à 20 kilomètres du but, l'arrivée massive était moins évidente. Elle a pourtant eu lieu. La côte de Bécou n'a pas provoqué la sélection attendue parmi les sprinters. Elle n'était pas assez difficile pour cela. Son classement en deuxième catégorie apparait même assez suspect rétrospectivement. C'est d'ailleurs un peloton assez compact et imposant qui s'est disputé la victoire.

Or l'arrivée, sinueuse, n'était pas forcément idéale pour un sprint massif, avec un dernier virage à 300 mètres de la ligne. Ça sentait la chute et elle n'a pas manqué d'arriver, même si, en l'occurrence, elle ne peut pas vraiment être imputée au profil du dernier kilomètre. Plein axe, Peter Sagan, un des grands favoris, a déjanté. Dans sa chute, le Slovaque a entraîné au sol plusieurs autres coureurs, dont Yoann Offredo, auteur d'une spectaculaire cabriole dans les barrières. Heureusement, le Francilien souffre de contusions apparemment superficielles à une hanche et à un coude. Devant, Matthew Goss ne s'est pas posé de question. L'Australien a résisté au retour d'Heinrich Haussler, à nouveau placé, mais à nouveau frustré. Après avoir traversé toute la route pour venir sur la gauche, l'Australo-allemand a encore échoué: 3e dimanche, 4e lundi, 2e mardi.

La victoire de Goss est la conséquence de l'échec des échappées. Elles ont été au nombre de deux. La première, composée de cinq coureurs, est partie dès le premier kilomètre. Elle n'a jamais eu la marge escomptée (4'30" au maximum) et a été avalée juste après le sommet de la côte de Bécou, à un peu plus de 20 kilomètres de l'arrivée. Jussi Veikkanen, le seul non-Français de ce groupe de tête, en a profité pour prendre le maillot de meilleur grimpeur. Une consolation. Pas de consolation en revanche pour Thomas Voeckler, qui a lancé le contre en compagnie de Blel Kadri, seul rescapé de l'échappée initiale. Mais là encore, malgré leurs efforts (ceux de Voeckler, surtout, Kadri ayant déjà beaucoup donné), la tentative a avorté à 5 kilomètres du terme de cette étape. "Le terrain se prêtait à une attaque même si c'était un peu trop roulant sur la fin, a confié le champion de France. Je ne veux pas avoir de regrets dimanche soir à Nice.Dommage qu'il n'y ait pas plus de coureurs qui veulent attaquer." Les attaquants auront davantage de réussite mercredi. Avec sept ascensions, même s'il n'y a pas de difficulté extravagante, un sprint est hors de question.