Valverde, retour d'enfer

Du temps de sa splendeur, on le surnommait El Imbatido. L'imbattable. Un peu surfait, évidemment. Alejandro Valverde n'a jamais été imbattable. Mais il était très fort. Suspendu deux ans pour dopage, mais concrètement absent un peu plus d'un an et demi, il est de retour dans les pelotons depuis le début de l'année 2012. Et une évidence s'impose. Valverde est toujours aussi fort. C'est le Valverde du printemps 2010. Comme s'il n'y avait jamais eu cette cassure dans sa carrière. Comme s'il avait repris la compétition après une semaine d'arrêt. Qu'il figure parmi les principaux favoris à la victoire dans une course aussi exigeante que Paris-Nice en dit long sur le bonhomme.

Chez Movistar, on se frotte les mains du comeback d'un tel leader. L'équipe espagnole a toujours soutenu sa vedette. "Je tiens seulement à rappeler une chose, dit Yvon Ledanois, le directeur sportif français de la formation espagnole. Alejandro a été suspendu deux ans sans avoir subi un seul contrôle positif. Il avait à coeur de revenir pour démontrer qu'il avait subi une injustice." L'argument de l'absence de controle convaincra ou non, selon la sensibilité de chacun. Son dossier n'était tout de même pas vide. Mais comme le dit le DS tricolore, "on n'est pas là pour parler du passé." Place au présent, et à l'avenir.

Il est possible en revanche que Valverde, lui, ait vécu son éloignement des pelotons comme une injustice. D'où son travail de forcené à l'entrainement. "Il a bossé comme un vrai pro pendant sa suspension", souligne Ledanois. La transition vers la compétition s'est donc effectuée sans la moindre difficulté. Dès sa première course, au tour Down Under, Valverde a claqué une victoire. Il en est déjà à quatre alors que l'hiver n'est pas terminé. Chez Movistar, visiblement, ça n'a surpris personne. "On s'attendait à ce qu'il gagne très vite. Il va falloir compter avec lui", reprend Yvon Ledanois. Il faut déjà compter avec lui. Vainqueur d'étape mardi à Vassivière, deuxième jeudi à Mende, quatrième du général, Valverde est incontournable cette semaine. "C'était une victoire très importante pour moi mardi, parce que Paris-Nice est une course très importante", souligne l'intéressé. Quoi qu'il advienne d'ici dimanche, la Course au Soleil aura confirmé son retour au premier plan.

Le meilleur est-il à venir pour Valverde? Il a en tout cas hâte d'en découdre sur les classiques au mois d'avril. C'est là qu'il a conquis ses plus beaux moments de gloire, à Liège notamment. Tout le monde attend déjà son prochain duel avec Philippe Gilbert. "Tout le monde évoque cette rivalité et c'est vrai qu'ils ont un peu le même profil, mais il n'y aura pas qu'eux et Gilbert a franchi un cap depuis deux ans, note Ledanois. La course nous le dira. Mais j'ai confiance en Alejandro. Je n'ai jamais douté de ses capacités et il aura toute une équipe derrière lui.Alejandro, c'est un vrai champion, un champion comme il y en a peu dans le cyclisme."

Toujours aussi ambitieux, toujours aussi fort, Valverde n'est pourtant plus tout à fait le même. Paradoxalement, cette suspension l'a libéré. Il a pu tourner la page après avoir vécu avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête pendant des mois, car son affaire a beaucoup trainé. "Ce qui a changé par rapport à l'époque d'avant ma suspension, explique-t-il, c'est que j'ai l'esprit plus libre pour m'entraîner et courir plus tranquillement. Avant, je courais, je gagnais mais j'avais toujours un poids au-dessus de la tête." Libre dans sa tête, fort dans es jambes, tel est le nouveau Valverde. Prêt, à bientôt 32 ans, à rattraper le temps perdu.