Disciple de Bartoli, héros de Bolivar, coureur grassouillet : Voici Carlos Betancur

Malin jeudi à Rive-de-Gier, intouchable vendredi à Fayence, plein de maîtrise pour finir : Carlos Betancur s'est hissé à la hauteur de Paris-Nice. Il était grand temps pour lui de se développer un instinct de tueur ! Des beaux succès, le Colombien en a laissé passer quelques-uns avant de s'imposer sur le Tour du Haut-Var (en réglant Degenkolb !) et Paris - Nice en ce début de saison. Florilège sur le Giro 2013, qu'il a achevé à la 5e place du classement général, maillot blanc de meilleur jeune en prime :

Entre Rigoberto Uran, Sergio Henao ou Nairo Quintana, on vous a déjà bien expliqué que le cyclisme colombien renaît de ses cendres. Le village de Ciudad Bolivar, où Carlos Betancur a grandi, a également vu naître une autre pépite, Julian Arredondo. Alors, "Bananito", un parmi tant d'autres ? Non. Qui parmi ses compatriotes peut prétendre avoir été reçu en triomphe sur un char à même pas 20 ans ? C'était en 2009, après sa victoire sur la Vuelta a Colombia espoirs.

"Bartoli est mon arme secrète." Le secret, Carlos Betancur l'a éventé lui-même mais ça ne change rien au prestige de son entraîneur. Michele Bartoli, qui travaille discrètement avec une poignée de coureurs, est un maître des classiques. Un des rares à avoir triomphé sur Liège-Bastogne-Liège et le Tour des Flandres (ainsi que le Tour de Lombardie, la Flèche wallonne et l'Amstel Gold Race). Ça tombe bien, le punch de Betancur peut aussi faire merveille dans les courses d'un jour. L'an dernier, il a pris la 3e place de la Flèche après une attaque fulgurante sur le Mur de Huy et la 4e de Liège-Bastogne-Liège.

En arrachant la signature de Carlos Betancur à l'automne 2012, Vincent Lavenu a signé l'un des plus beaux coups de l'histoire de la formation AG2R. Pendant ce temps, la Cannondale doit encore se demander pourquoi ce n'est pas elle qui bénéficie des succès de Betancur… Selon Cycling Inquisition, l'agent Giuseppe Acquadro est le grand artisan de l'arrivée du jeune Colombien en Europe, lui permettant de signer pour Acqua & Sapone en 2011. Il signe ensuite un accord avec Liquigas et à l'automne, la formation italienne clame l'arrivée de la pépite… qui décide plutôt de continuer avec Acqua & Sapone avant de rejoindre AG2R. Aujourd'hui, Betancur vit toujours en Italie, comme nombre de ses compatriotes du peloton. Les succès qui l'ont révélé ont eu lieu de l'autre côté des Alpes, notamment lors du Baby Giro 2010. Mais c'est bien une équipe française qui profite de son talent.

Jetez un œil à Carlos Betancur, vous serez (très) loin de retrouver l'obsession qui animait Michael Rasmussen dans la chasse au moindre gramme superflu. Le grimpeur colombien affiche lui quelques rondeurs, au niveau des joues comme du ventre. Cette semaine, il s'est même dit qu'il devait encore perdre quatre kg d'ici le Tour de France ! Forcément, ça lui vaut quelques moqueries.

Il semble sans émotion

Tout petit déjà, la tête enfoncée dans son casque, Carlos Betancur affichait la moue un peu triste qui le caractérise toujours.

Le calme impérial de Betancur peut être un atout (son équipier Rinaldo Nocentini salue "sa tranquillité à la veille des grandes courses mais on aimerait parfois lui arracher un peu plus". Même la victoire ne l'a que très légèrement déridé au micro des Rois de la Pédale.