Planche des Belles Filles : Le Tour ne se jouera pas mercredi, mais on en connaîtra les hommes forts

C'est une des légendes tenaces du Tour de France : celui qui, en haut de l'Alpe d'Huez, porte le maillot jaune, l'a toujours sur le dos à Paris. Toujours, certes non. Mais souvent, oui. Onze fois sur les seize passages du Tour sur les hauteurs du Bourg d'Oisans. La Planche des Belles n'a pas l'aura ni le vécu historique de l'Alpe sur le Tour. Mais beaucoup la considèrent comme une mini-montée de l'Alpe d'Huez. Or il se trouve que, en dépit de sa position précoce dans la course, elle aussi a donné le vainqueur final du Tour lors de ses deux premières arrivées.

En 2012 et 2014, le Britannique Bradley Wiggins puis l'Italien Vincenzo Nibali ont pris (ou repris) le maillot jaune pour ne plus jamais le rendre. Mercredi, alors que le peloton a pour la troisième fois en six éditions rendez-vous dans la station des Vosges, chacun scrutera donc de près l'identité du leader du classement général aux alentours de 17 heures. Si un Chris Froome, aujourd'hui dauphin de son coéquipier Geraint Thomas au général, se hisse déjà au sommet de la hiérarchie, rien ne dit qu'il rendra sa place, ne serait-ce que pour la prêter un temps.

Pourtant, la Planche n'a jamais provoqué d'écarts colossaux entre les favoris. Tel n'est pas son intérêt. En revanche, elle donne de sérieuses indications et tout autorise à penser que ce sera encore le cas mercredi. Difficile, en effet, de se cacher sur une telle pente : 5,9 kilomètres d'ascension à 8,5% de moyenne. Les troisième et quatrième kilomètres sont particulièrement sélectifs, avec une moyenne respective de 9,4 et 9,5%. Sans parler du raidillon final et son passage à 20% !

Pour les prétendants à la victoire finale, si le chrono de Düsseldorf avait marqué un premier combat à distance, il s'agira ici de la première vraie confrontation directe. Un vrai test, sur une vraie pente. Chris Froome avait déjà abandonné le Tour lors de l'étape de 2014, mais le Britannique y avait signé son premier succès d'étape en 2012. "Je garde un bon souvenir de cet endroit et j'attends vraiment cette étape avec impatience", a confié le triple maillot jaune à Eurosport, mardi.

Faut-il en conclure que l'homme fort de la Sky sera à la manœuvre dès mercredi ? Il s'attend en tout cas à une vraie passe d'armes. "C'est la première arrivée en altitude de ce Tour et c'est forcément un rendez-vous important, estime-t-il. Ça va être intéressant pour moi, c'est une montée sèche, il y aura sans doute des petits écarts entre les favoris." Reste à connaître les proportions. En 2012, un quatuor composé de Froome, Wiggins, Evans et Nibali avait pris une grosse quarantaine de secondes à ses plus proches poursuivants.

Deux ans plus tard, Nibali avait devancé Thibaut Pinot de 15 secondes et les sept premiers s'étaient tenus en 25 secondes. Pas des écarts colossaux, donc. L'ascension est trop brève pour que les gains et les pertes se chiffrent en minutes. Mais ce 5e acte n'en sera pas moins déterminant : à chaque fois, la Planche des Belles Filles a révélé les hommes forts du Tour. Ceux qui étaient devant à la Planche ont pesé sur les débats jusqu'à Paris. Il en ira sans doute à nouveau de même cette année.