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Thibaut Pinot : 2017, l'année vérité

Jean-Baptiste Duluc

Publié 07/03/2017 à 21:13 GMT+1

A 27 ans, Thibaut Pinot n'est plus en quête d'expérience, ni d'apprentissage. Le Franc-Comtois, qui s'aligne sur Tirreno-Adriatico à partir de mercredi, doit désormais passer un cap pour évoluer avec les meilleurs sur les Grands Tours. Et 2017 a tout de la parfaite saison pour cela.

Thibaut Pinot lors du Tour de France 2016.

Crédit: Panoramic

On l'avait quitté malade en juillet dernier, contraint à l'abandon sur les routes du Tour de France. Mais son récent retour à la compétition, à Valence puis surtout en Andalousie d'où il était reparti avec une victoire d'étape et une troisième place au général, a montré un Thibaut Pinot retrouvé et en pleine forme à l'abord d'une saison 2017 peut-être encore plus importante que les précédentes.
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Pinot a repris Contador dans le dernier kilomètre avant de le scotcher pour la victoire

Si le Français a globalement connu une progression dans ses résultats et dans ses capacités depuis ses débuts professionnels en 2010, ses performances sur les courses de trois semaines n'ont plus jamais été à la hauteur de son podium sur le Tour 2014. Englué dans l’obsession de la course au maillot jaune, le leader de la FDJ n'avait jamais choisi jusqu'ici un autre Grand Tour au détriment de la Grande Boucle. Cette fois, ce sera le cas, avec le Giro en ligne de mire. Un revirement courageux dans la droite lignée de ses choix de ces dernières années : Pinot a toujours cherché comment s'améliorer, toujours rêvé d'aller plus haut.

Grandir, sur tous les terrains et sans complexe : une philosophie de champion

En 2012, il avait surpris tout son monde sur le Tour de France, bataillant avec les Nibali, Van den Broeck et autre Evans dès sa première participation. Cette performance laissait alors entrevoir un potentiel de vainqueur de Grand Tour chez le grimpeur de la FDJ. La promesse tient toujours quatre ans et demi plus tard, même si elle repose plus sur sa progression personnelle que sur ses résultats sur les courses de trois semaines (un seul top 5, sur le Tour 2014, donc).
Pinot a passé tout ce temps à trouver des moyens de s'améliorer, étape par étape, sans en brûler aucune. On l'a d'abord vu, dès ses débuts, être sans complexe en montagne, même face aux ténors, conscient de ses qualités dans le domaine. On ne bat pas Contador comme il l'a fait il y a deux semaines sur le Tour d'Andalousie sans être un grimpeur de talent ! Mais, conscient que briller uniquement en montagne ne suffit pas, le Français a vite gommé ses problèmes en descente, même s'il ne deviendra jamais l'égal des Nibali, Sagan ou Valverde dans le domaine.
Dans sa quête d'une première course par étapes, même sur une semaine, le leader de la FDJ a également compris qu'il devait travailler le chrono pour ne pas perdre des épreuves qu'il dominait sur les autres terrais, à l'image des Tours de Romandie et de Suisse en 2015. Le voilà devenu un excellent rouleur, pour un grimpeur, capable de devancer de vrais spécialistes comme au Tour de Romandie 2016.
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Thibaut Pinot (FDJ) célèbre sa victoire sur la 6e étape du Critérium du Dauphiné 2016 à Méribel

Crédit: AFP

L'Italie, un pays qui lui correspond et lui réussit

Pinot et l'Italie, c'est une vraie histoire d'amour, jusqu'ici. Il a décroché sa première victoire professionnelle hors de France de l'autre côté des Alpes (Semaine Lombarde 2012), de même que son premier podium sur une classique (troisième des Tre Valli Varesine 2012) et sur un Monument (troisième du Tour de Lombardie en 2015). Ce n'est pas pour rien que Pinot préfère constamment Tirreno-Adriatico (quatre participations) à Paris-Nice (zéro !) en mars. Faire du Giro "l'objectif n°1" prend ainsi encore un peu plus de sens.
Mais si les épreuves italiennes lui réussissent autant, c'est avant tout pour leurs profils. Largement montagneux pour la plupart, comme souvent dans la Botte, elles offrent surtout des pentes bien différentes des courses françaises (longues et peu raides) ou même espagnoles (courtes et raides), avec souvent de gros pourcentages sur des distances conséquentes, à l'image du Mortirolo, du Monte Zoncolan ou du Plan des Corones. Des pentes dont se régale le Français. "Dans le Giro, ce sont des étapes qui me conviennent mieux qu'au Tour", avait d'ailleurs déclaré Thibaut Pinot pour expliquer son choix d'aller sur le Tour d'Italie.

Un manque d'expérience hors du Tour

Mais, en faisant du Giro son objectif en 2017, le leader de la FDJ a complètement bouleversé ses habitudes. Lui qui, les années précédentes, brillait sur les courses World Tour d'une semaine jusqu'au Tour (Tirreno, Pays Basque, Romandie, Suisse voire Catalogne) ne disputera cette saison que la course des "Deux Mers", en mars, pour toute préparation au Giro. C'est peu, même avec le Tour des Alpes (ex-Tour du Trentin) en avril. Le chamboulement est conséquent, d'autant qu'à 27 ans, c'est la première fois que le Franc-Comtois construira sa saison différement.
En sept années, Thibaut Pinot n'a participé qu'à deux reprises à un autre Grand Tour et c'était à chaque fois la Vuelta, sans qu'elle ait été son objectif de la saison. Septième en 2013, le Français s'y était quelque peu rattrapé après son abandon du Tour, avant de quitter les routes espagnoles, dès la 11e étape l'année suivante, sans jamais avoir pesé dans la course à la victoire. Un constat dont le Franc-Comtois est conscient "Je n'ai jamais eu l'opportunité de gagner un Grand Tour, remarque-t-il. On verra au bout de deux semaines au Giro." Sur la course italienne, Pinot devra faire face à une difficulté supplémentaire : "La dureté de l'épreuve, ce sont les transferts", avait-il signalé en décembre. Les coureurs terminent plus fatigués le Giro que le Tour."

Que faire en cas d'échec ?

Mais, dans ce cas, est-ce vraiment une bonne idée de découvrir le Giro cette année ? Son manager, Marc Madiot en est persuadé : "C'est la bonne année pour y aller, estime-il. Il aura eu une longue période de récupération avant la saison 2017. Il est à un point de sa carrière où s'il ne le fait pas maintenant, il ne le fera jamais, et cela peut lui ouvrir de nouvelles perspectives pour le Tour." Sauf que, jusqu'ici, Thibaut Pinot avait toujours eu une porte de sortie à chacune des difficultés rencontrées. Grandir sur les courses d'une semaine, s'améliorer en chrono, faire ses classes loin du Tour... Plus maintenant. Faire du Giro l'objectif n°1 après avoir persévéré – en vain – sur le Tour deux années de suite peut ressembler à première vue – et sévèrement - à un constat d'échec.
Mais qu'en sera t-il si le Franc-Comtois venait à passer à côté de son Tour d'Italie ? En quoi en ressortirait-il grandi ? Bien sûr, il est des défaites qui font grandir. Mais il en est d'autres qui font s'interroger. Et, si Pinot venait à ne pas réussir à entrer dans le top 5, ou pire dans le top 10, de la 100e édition du Giro, nul doute qu'il se poserait des questions sur son avenir et ses possibilités en Grand Tour.
Après tout, il y a d'autres moyens de briller, sur les courses d'une semaine et les classiques, à la manière d'un Laurent Jalabert, et le Français a déjà montré à plusieurs reprises sa capacité à peser sur ses terrains-là. Si nous n'en sommes pas encore là, à 27 ans, Pinot n'a plus le temps d'attendre. Il doit écrire l'histoire au présent. Dès maintenant.
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Thibaut Pinot en souffrance lors du Tour de France 2016.

Crédit: AFP

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