Devolder aux commandes

Dans un contre-la-montre très roulant, un spécialiste de l'exercice, Bert Grabsch, maillot de champion national sur les épaules, a fait son numéro. Parti en début d'après-midi, à 14h10, l'Allemand n'a jamais été battu, offrant à T-Mobile son premier succès sur la Vuelta 2007. Mais en marge de l'exploit du natif de Wittenberg, c'est la lutte pour le maillot de oro qui a été magnifique. Troisième et quatrième de l'étape, derrière un autre champion national, le Hongrois Laszlo Bodrogi (Crédit Agricole), Stijn Devolder (Discovery Channel) et Denis Menchov (Rabobank) se sont livrés une lutte à couteaux tirés. Jusqu'aux deux tiers du chrono, les deux coureurs étaient dans le même temps, la balance ne penchant pour le Flamand que dans les derniers kilomètres.

Au final, Stijn Devolder devance le Russe de trente secondes, avance qui sera également la sienne au classement général à l'issue de cette 8e étape, par rapport à ce même Menchov. Les autres candidats à la victoire finale sont quant à eux moins souriants au retour de Saragosse. Cadel Evans (Predictor) déplore 2'20'' de retard sur Grabsch. Carlos Sastre (CSC) est très loin, à 4'03'', voyant ses chances de monter sur la première marche du podium à Madrid diminuer. Encore plus dans le dur, on retrouve Oscar Pereiro (Caisse d'Epargne) à plus de cinq minutes, et José Angel Gomez Marchante (Saunier Duval) au-delà des 6 minutes. Le bilan est lourd.

Voici quelques mois que Stijn Devolder annonce vouloir monter sur le podium de la Vuelta. Douze mois exactement. Avec sa 11e place sur le Tour d'Espagne 2006, Stijn se muait définitivement en bête à course par étapes, lui le flahute, venu au cyclisme par des monuments de la culture Flamande comme le Tour des Flandres ou Paris-Roubaix. En se classant troisième du Tour de Suisse en juin, puis en remportant le Tour d'Autriche en juillet, Devolder apportait des garanties et réclamait alors le leadership sur la Vuelta. Janez Brajkovic, alors pressenti pour tenir ce rôle sur les routes hispaniques, acceptait alors de se sacrifier au profit des ambitions de son coéquipier. Troisième aux Lacs de Covadonga mardi, il prouvait sa forme, et ce samedi soir, il est leader de la course.

Le champion de Belgique est-il en mesure de garder cette tunique jusque Madrid ? Son but initial était de terminer dans les trois premiers. Mais l'or donne des ailes, et le futur pensionnaire de Quickstep (Il a signé un contrat avec l'équipe Belge pour 2008) va se donner pleinement pour la garder le plus longtemps possible. Devolder est un diesel, mais Denis Menchov a également une belle mécanique. Le leader de la Rabobank est à trente secondes au classement général, et est plus à l'aise en montagne. Le Russe est aujourd'hui le mieux placé pour la victoire finale, par rapport à Cadel Evans et Carlos Sastre, mis à mal sur ce chrono. Dimanche et lundi, la haute montagne viendra se dresser devant le peloton, et le classement général verra la liste de ses prétendants se raccourcir sérieusement. Devolder en fera t-il toujours partie ?