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L'étrange monsieur Cobo

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 11/09/2011 à 23:47 GMT+2

Qui aurait misé sur une victoire de Juan Jose Cobo dans la Vuelta il y a trois semaines? Pas grand monde. Pas même lui, sans doute. Personnage énigmatique, coureur intrigant, l'Espagnol a d'abord dû remporter une victoire sur lui-même avant de ramener le maillot rouge à Madrid.

2011 Vuelta Juan Jose Cobo

Crédit: AFP

Après Alberto Contador et Cadel Evans, Juan Jose Cobo est donc le troisième vainqueur d'un grand tour cette année. Autant le sacre de l'Espagnol sur le Giro était attendu, autant l'Australien comptait parmi les sérieux prétendants au maillot jaune sur le Tour, autant le triomphe de Cobo sur la Vuelta sort presque de nulle part. Il y a trois semaines, le Cantabre ne comptait même pas parmi les dix principaux favoris. Un vague outsider, tout au plus. Même au sein de sa propre équipe, il était prévu en soutien de Denis Menchov, voire Carlos Sastre. Il y a une raison à cela. Quelques semaines auparavant, "Juanjo" songeait à tout balancer, à stopper sa carrière. A changer de vie, reprendre son boulot d'électricien.
De par son parcours, et plus encore sa personnalité, Juan Jose Cobo laisse perplexe. Chez lui, la part d'ombre recouvre largement la lumière. Et cette victoire majuscule, trois mois après cette retraite envisagée, ne risque pas de venir l'éclairer. Au contraire. Ainsi va Cobo, capable de passer d'une profonde dépression nerveuse à la plus grande victoire de sa carrière. "C'est vrai, pendant un an et demi, j'ai souffert de dépression, explique-t-il. Je n'avais plus aucun résultat, plus aucune envie. Je n'étais plus du tout motivé. Je voulais tout arrêter." Et comme il ne nourrit pas de tendresse particulière pour son sport, il avait perdu tout intérêt pour la course. A quoi bon continuer dès lors? "Chez moi, le cyclisme est un métier, pas une passion", répète-t-il. En a-t-il seulement, des passions? Il confesse ne pas avoir de loisirs. Quand il n'est pas en course, il reste chez lui, sans faire grand chose.
Matxin: "Il a toujours eu beaucoup de talent"
Mais comment expliquer qu'un coureur au fond du gouffre à la fin du printemps puisse ressurgir de la sorte à la fin de l'été, de façon aussi spectaculaire? Tout commence par la tête. "Le staff de l'équipe m'a demandé de finir la saison pour aller au bout de mon contrat, de faire de mon mieux", explique Cobo. Il fallait avant tout casser la spirale, comme l'expliquait il y a quelques jours dans L'Equipe Joxean Matxin, son directeur sportif chez Geox, un homme clé dans son succès aujourd'hui. "Je lui ai dit qu'il fallait qu'il pense surtout à se faire plaisir et qu'on verrait après." Alors, tout est reparti, avec comme premier signe positif sa troisième place au Tour de Burgos. C'était trois semaines à peine avant le départ de la Vuelta à Benidorm. De là à l'imaginer dans la peau d'un vainqueur à Madrid en ce 11 septembre...
Cette victoire d'un Cobo revenu de nulle part a exacerbé les doutes portés envers un coureur dont la carrière est à certains égards aussi insaisissable que le personnage. Pour beaucoup, Juan Jose Cobo reste avant tout l'ancien coéquipier de Riccardo Ricco et Leonardo Piepoli sur ce Tour de France 2008 de sinistre mémoire. Un Tour au cours duquel les Saunier Duval volaient dès que la pente s'élevait. Contrairement à ses deux camarades, Cobo n'a jamais été pris dans les mailles du filet du dopage. Mais le raccourci est tentant: si Ricco et Piepoli tournaient à l'EPO, comment Cobo, qui, rappelons-le, les devançait au classement général au moment où le scandale Ricco a éclaté, aurait-il pu être propre? D'autant que l'équipe Geox n'est autre que l'émanation de l'ancienne structure Saunier Duval. Ça fait beaucoup mais Cobo, lui, n'a jamais été contrôlé positif.
L'intéressé parait de toute façon presque indifférent devant ces soupçons à son égard. Ne se sentant pas coupable, il n'éprouve pas le besoin de se défendre. D'autres le font pour lui. "Il a toujours eu beaucoup de talent, rappelle Matxin. Chez les juniors, chez les amateurs, il avait déjà de très bons résultats. Quand il est bien dans sa tête, il peut devenir très, très fort." Une manière de dire que l'anomalie, en l'occurrence, résidait dans le fait que cette consécration ne soit pas venue plus tôt. Cobo était peut-être son principal ennemi. Sa tranquillité retrouvée, conjuguée à la faillite de ceux qui étaient présentés comme les favoris de cette Vuelta (Nibali, Anton, Rodriguez, Scarponi), ont débouché sur ce scenario que personne n'avait imaginé. Aujourd'hui, Juan Jose Cobo semble libéré de ses démons. C'est, sans doute, sa principale victoire.
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