Contador à sa main

Seulement trois jours de course, et déjà une arrivée en altitude pour les coureurs du Tour d'Espagne. Après avoir effectué sa rentrée sur l'Eneco Tour, Alberto Contador attaque son premier col en compétition avec des fourmis dans les jambes. Sur les pentes les plus prononcées du puerto de Arrate (5,5 km à 7,8 %), le Pistolero flingue à tout va. Une, deux, trois... Les attaques du grimpeur espagnol se multiplient mais à chaque fois, Valverde, Rodriguez et Froome suivent, si bien que Contador échoue à créer le moindre écart. Des coups d'épée dans l'eau ? "Je suis content de mes sensations, alors que je n'avais pas grimpé de cols ces dernières semaines", répond le revenant. Surtout, il ancre dans les esprits adverses l'idée qu'il est toujours le meilleur grimpeur du monde.

Meilleur grimpeur, et aussi meilleur rouleur parmi les grimpeurs. Contador le sait, la 11e étape, unique rendez-vous chronométrique de cette Vuelta, est un passage capital pour conquérir ce Grand Tour. Sur un parcours qui lui "va bien", le Madrilène prend la 2e place, devant tous ses rivaux au général. Froome cède 22", Valverde 51" et Rodriguez 59". Au général, s'il bute sur Rodriguez pour une seconde symbolique, Contador est dans les temps, idéalement placé avant d'attaquer la haute montagne. Pour son directeur sportif, Bradley McGee, "la performance montre très clairement qu'il est en train de retrouver le rythme." Et se prépare à fondre sur la victoire.

Après deux semaines de course, le quatuor de tête devient un duo. Parti avec Rodriguez dans le Mirador de Ezaro (1,9 km à 13,1 %), Contador collabore. Pour finalement être déposé dans le final par Purito, irrésistible dans les derniers hectomètres. Le Pistolero cède un peu de temps au maillot rouge, désormais pointé à 13", mais il a clairement pris le dessus sur Christopher Froome, le rival qu'il craignait le plus. Le Britannique lâche 23", bonifications comprises, mais l'impression laissé sur la route en dit beaucoup plus : cette fois, Froome est rattrapé par les efforts consentis depuis le Dauphiné. Valverde, distancé sur chute vers Valdezcaray, n'a pas les moyens de refaire son retard. Contador n'a plus qu'à s'occuper du cas Rodriguez, et il compte bien le faire dès le week-end qui vient.

Les trois étapes de haute montagne dans les Asturies, avec notamment les arrivées aux Lagos de Covadonga et au Cuitunigru, n'ont pas suffi. Pire, Rodriguez a encore repris du temps. Enfermé dans un schéma tactique monocorde, Contador n'y arrive pas. Et doit changer d'approche. La collada la Hoz, modeste 2e catégorie situé à 50 km de l'arrivée de la 17e étape, lui offrira le terrain pour une offensive "un peu kamikaze". "C'était une folie", concède le nouveau leader de la Vuelta, qui finit l'étape sur les rotules mais a enfin réussi à surprendre Rodriguez, qui lâche près de trois minutes dans l'affaire. "Je savais qu'il fallait tenter. Deuxième, c'est bien mais il faut toujours essayer de gagner", explique-t-il le soir même, désormais lancé vers un nouveau sacre à Madrid.

Lorsque Rodriguez prend enfin ses responsabilités, à un peu moins de deux kilomètres de l'arrivée à la Bola del Mundo, Contador ne s'affole pas. "Je savais que les derniers mètres ne lui permettraient pas de refaire son retard", explique le maillot rouge, qui préfère gérer son effort et "profiter" des derniers instants décisifs de cette Vuelta. Sur la ligne, le débours est de 44" sur Purito, 19" sur Valverde. La victoire finale est dans la poche.