Vuelta : Les 5 raisons pour lesquelles Christopher Horner a presque gagné

12 kilomètres à 10%, plusieurs portions autour de 20% : les pentes de l'Angliru n'impressionnent pas, elles font peur. Puis elles font mal, très mal. Encore plus aux coureurs qui ont semblé afficher leurs limites précédemment. Dernier exemple en date, 2011 : Juan Jose Cobo confirme la supériorité affichée la veille vers La Farrapona et s'en va détrôner Bradley Wiggins, à l'agonie sur les pentes extrêmes du col asturien. Auparavant, seul Alberto Contador y avait pris le maillot de leader, aux dépens d'Egoi Martinez, qui ne jouait pas le général (2008). Plus que le Basque, c'est l'exemple de Roberto Heras, vainqueur sur l'Angliru en 2002 avec le maillot de oro, qui devrait inspirer Horner. Et condamner Nibali.

"Il ne me reste plus qu'à conclure sur l'Angliru." Fanfaronnade toute américaine ? Lucidité, plutôt. Outsider méconsidéré au départ de Galice, Chris Horner a largement eu le temps d'attirer l'attention sur lui au cours de la Vuelta. Après sa victoire d'étape dès la troisième étape, oublié l'effet de surprise. Mais l'Américain continue de faire ce qu'il veut dès que la route se cabre. Depuis le début de la semaine, il a grignoté petit à petit l'avance qu'avait conquise Vincenzo Nibali. Le seul élément qu'il n'a pas tout à fait maîtrisé : il voulait attendre l'Angliru pour s'emparer du maillot rouge. Vendredi, la nouvelle faiblesse de Nibali a précipité ce que tout le monde attendait depuis Peña Cabarga.

"Horner démontre qu'il est très fort, capable d'imposer un grand rythme sur les pourcentages les plus forts. Il faut espérer qu'il ne soit pas capable d'aller aussi fort pendant la montée de l'Angliru." Vincenzo Nibali n'a pas encore rendu les armes mais ses déclarations le montrent bien : l'Italien a conscience de la supériorité de son rival américain. Les seuls à encore envisager un sursaut de Nibali semblent être Horner (par respect) et Purito (pour mettre la pression sur Horner). Le dernier vainqueur du Giro sait, lui, qu'il n'a aucune chance de l'emporter si le maillot rouge conserve son niveau. Or il n'y a pas de raison d'imaginer une défaillance de Horner samedi.

Vous vous souvenez 2008 ? Joaquim Rodriguez est encore le lieutenant de gala d'Alejandro Valverde et l'entente des deux hommes fait le plus grand bonheur de la Caisse d'Epargne. Depuis, Purito a volé de ses propres ailes et les deux hommes ont eu le temps de construire une vive rivalité sur la route. Cela devrait être encore sur l'Angliru, où Valverde et Rodriguez ont plus de chances de se disputer la 3e place (ou la 2e si Nibali s'effondre) que de faire tomber Horner. "Je vais combattre pour le podium", annonce Purito. La lucidité de Valverde devrait le mener à un même objectif. Et quand bien même les anciens équipiers noueraient une alliance de circonstance, Contador a montré en 2008 sur l'Angliru qu'un homme fort vaut mieux que l'association des deux puncheurs espagnols.

Plus c'est dur, mieux ça vaut pour Horner. Les pentes de l'Angliru laisseront peu de place aux finauderies tactiques et aux escarmouches périlleuses. "La seule tactique est de conserver son rythme en oubliant les autres, analyse Valverde. Horner est le grand favori." L'Américain n'a jamais affronté l'Angliru en compétition mais la difficulté de l'ascension lui correspond parfaitement : il est le plus fort et il aime les très gros pourcentages, lui l'habitué du Tour du Pays basque. La présence de l'alto del Cordal (1re catégorie) juste avant favorise ses desseins en évitant une course de côte dans laquelle n'importe qui pourrait se trouver un peu court. Horner devra tout de même se méfier dans la descente menant au pied de l'Angliru : en 2008, Igor Anton y a laissé une hanche et une clavicule.