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Tour d'Espagne - 37 ans après Hinault, Froome vise un improbable doublé Tour-Vuelta

Jean-Baptiste Duluc

Mis à jour 21/08/2015 à 09:58 GMT+2

VUELTA 2015 - Vainqueur du Tour de France cet été, Chris Froome sera au départ de Puerto Banus samedi avec l'objectif de succéder à Bernard Hinault en réalisant le doublé Tour-Vuelta. Une performance inédite depuis le succès du Blaireau en 1978 à laquelle très peu de coureurs se sont frottés ces dernières années.

Chris Froome

Crédit: Imago

Décidément, cette année, il est souvent question de doublé. Après la tentative d'Alberto Contador de réussir la passe de deux Tour d'Italie-Tour de France, voilà que Christopher Froome s'y met à son tour. Le Britannique n'y pensait pas vraiment avant le départ de la Grande Boucle. Mais l'idée a germé dans son esprit au fur et à mesure d'un Tour globalement bien géré et dominé. Un peu comme l'Espagnol en mai sur les routes italiennes.
Le Pistolero a d'ailleurs montré par la suite que la première victoire était de loin la plus facile à obtenir. Surtout dans le cas de Froome. Si le doublé Giro-Tour attend depuis 1998 un successeur à Marco Pantani, seuls deux illustres champions ont remporté Tour et Vuelta la même saison et c'était il y a presque 40 ans pour le dernier d'entre eux ! Depuis Bernard Hinault en 1978, aucun n'est parvenu à faire le doublé. En même temps, seul Jacques Anquetil en 1963 y était arrivé avant lui...
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Chris Froome

Crédit: Eurosport

Un vainqueur souvent en vacances

Il faut dire que le changement de date dans le calendrier de la Vuelta, passée de fin avril-début mai à fin août-début septembre à partir de l'édition 1995, n'a pas vraiment aidé les rares coureurs à avoir tenté d'imiter les deux Français. C'est d'ailleurs le doublé le moins souvent réalisé (2 fois), derrière le Giro-Vuelta (3 fois) et surtout le Giro-Tour, à la fois le plus mythique, le plus tenté et le plus réussi (à 7 reprises).
Si ce doublé a été aussi peu souvent réussi, c'est en grande partie à cause des vainqueurs de la Grande Boucle et non à cause de l'opposition proposée sur le Tour d'Espagne. Car on a rarement retrouvé sur les routes espagnoles l'homme fort de juillet. Depuis le changement de date et le passage à une Vuelta en août-septembre, seuls trois vainqueurs du Tour de France se sont présentés trois semaines plus tard au départ du dernier Grand Tour de la saison. En 20 ans, c'est peu.

Froome a longtemps hésité

Pourtant, gagner deux épreuves de trois semaines d'affilée reste réalisable dans le calendrier actuel, selon Bernard Hinault. "C'est très compliqué mais en théorie, c'est possible", estimait l'ancien champion français dans une interview au quotidien madrilène AS en mai dernier. "Il y a environ quatre semaines de marge entre chaque Grand Tour. C'est un temps suffisant pour récupérer."
Malgré tout, Carlos Sastre a été l'unique vainqueur du Tour à briller sur la Vuelta (3e en 2008), confirmant au passage en partie les propos d'Hinault. Car, ni Andy Schleck en 2010 ni Oscar Pereiro en 2006 n'ont influé sur la course à leur véritable niveau (Schleck a été exclu par son équipe, alors que l'Espagnol a fini 49e en aidant Valverde). La décompression que suit le succès de juillet pousse tout de même bien souvent le vainqueur de la Grande Boucle à renoncer à la Vuelta. Cela a bien failli être le cas de Froome, qui a longtemps hésité à venir sur les routes espagnoles. Le Britannique a multiplié les critériums, semblant comme en 2013 mettre plus ou moins un terme à sa saison à la suite de sa victoire sur le Tour.
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Le podium du Tour de France 2015: Nairo Quintana, Chris Froome et Alejandro Valverde

Crédit: AFP

Imiter Contador en 2008 et s'appuyer sur Valverde

Sauf qu'il a choisi finalement de s'aligner au départ de Puerto Banus, moins de deux semaines avant le contre-la-montre par équipes inaugural. Suffisant pour se préparer et être en forme à temps pour envisager la victoire finale sur les routes espagnoles ? Rien n'est moins sûr. Après tout, au XXIe siècle, un seul coureur a réussi un doublé. C'était Alberto Contador. En 2008, sous les couleurs alors d'Astana, l'Espagnol avait remporté en mai le Tour d'Italie au nez et à la barbe de Riccardo Ricco puis s'était imposé en septembre sur le Tour d'Espagne juste devant son propre équipier Levi Leipheimer. L'exemple à suivre ? Oui et non. Car entre Giro et Vuelta, il y a trois mois pour récupérer et se préparer, pas trois semaines.
C'est ce qui rend la tâche du leader de la Sky bien plus complexe. "Je sais que c'est un immense défi d'enchaîner avec un autre Grand Tour, surtout avec l'objectif de jouer à nouveau le classement général", a prudemment reconnu Froome, fin juillet. En fait, le vainqueur de la dernière Grande Boucle devrait plutôt s'appuyer sur les performances récentes d'Alejandro Valverde, qui a joué sa chance à fond sur les Tours de France 2013 (au moins jusqu'à mi-parcours), 2014 et 2015 avant d'aller briller sur la Vuelta (2e, 3e, 3e).
Grand gestionnaire en course mais aussi en préparation, l'Espagnol peut être un modèle pour le Britannique dont l'état de fraîcheur sera primordial, comme l'avoue le patron de Sky, Dave Brailsford: "Un Grand Tour, ce sont trois rudes semaines. C'est comme entrer dans un tunnel dont on ne peut pas sortir. Il faut être mentalement prêt et frais pour cela".

Gérer comme en 2014, la solution idéale ?

Pour espérer réussir le doublé, Christopher Froome devra s'appuyer sur son Tour d'Espagne 2014. Bien plus que celui réalisé en 2012. Pourtant, c'est ce dernier qui offre le meilleur point de comparaison. Comme cette année, le Britannique était venu sur les routes espagnoles en sortant d'un Tour de France plein (2e derrière Wiggins et une impression de facilité en montagne impressionnante).
Mais, face au trio espagnol Contador, Rodriguez, Valverde, il n'avait pas su résister plus de deux semaines et avait alors seulement terminé à la 4e place. Un résultat qui serait une grande déception et une grosse surprise cette fois-ci. D'autant qu'en 2014, Froome avait semblé trouver la formule pour pallier son manque de forme en début d'épreuve. Sans s'occuper de ses adversaires dans les deux premières semaines, le Britannique avait limité les dégâts au maximum avant de faire exploser tout le monde lors des dernières étapes de montagne. Une méthode qui lui avait permis de venir titiller Contador, cette fois absent. Mais avec Quintana et Nibali en plus, pas sûr que le Britannique y gagne au change. Comme si réaliser le doublé n'était pas assez difficile en lui-même...
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Un nouveau triomphe pour Froome ?

Crédit: Imago

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