Tour d'Espagne : Les 8 étapes où va se jouer la Vuelta

Bien sûr, le parcours ne fait pas la course. Évidemment, ce sont les coureurs qui décideront où et quand le Tour d'Espagne se jouera et à quel moment le vainqueur se dessinera. La première semaine, clairement destinée aux puncheurs, avec pas moins de trois arrivées en côte (plus une en faux-plat), laissera place à une course de mouvement avant même la montagne.

D'autant plus que ces dernières années, la Vuelta nous a habitué à d'étranges scénarios dans les premiers jours : Valverde qui attaque sur du plat en 2014, le duel Horner-Nibali à partir de la 3e étape en 2013 ou encore la prise de pouvoir controversée de Joaquim Rodriguez (à la suite de la chute de Valverde) en 2012... Pourtant, huit étapes ressortent du lot.

A première vue, rien d'insurmontable. Sauf que c'est la première "vraie" étape de montagne, avec arrivée au sommet. Finies les côtes finales de 2-3km. Ici, il n'est plus possible de se cacher et on aura déjà une idée de l'état de forme des favoris. Alors oui, on est loin des pourcentages de l'Angliru, avec une ascension de 3e catégorie à mi-parcours et une montée finale longue (19,9km), mais régulière et assez roulante (5% de moyenne, 7% max). Mais lors de la première étape de montagne, il n'est pas rare d'avoir un jour sans. Le dernier Tour de France l'a bien montré.

C'est sans conteste l'étape-reine de cette Vuelta et sans doute la journée la plus dure que l'on ait vue sur les routes espagnoles depuis bien des années. Entre Andorra la Vella et Cortals d'Encamp, les coureurs n'auront pas moins de 5000m de dénivelé positif à affronter ! Au programme, la Collada de Bexalis (1re cat), le Coll d'Ordino (1re cat), le Coll de la Rabassa (1re cat), la désormais habituelle (après 2012 et 2013) Collada de la Gallina (HC) et ses 11,9km à 8,5% (14% max), l'Alto de la Comella (2e cat) et la montée finale vers Cortals d'Encamp (9,6km à 8,4%, 14% max). Le tout en seulement 138 km ! Autant dire qu'il n'y aura pas de temps mort. S'il y a bien un jour pour éviter la panne, c'est celui-là.

C'est la première étape d'un week-end ultra montagneux que les candidats à la victoire finale devront parfaitement gérer. Même s'ils sont loin de l'arrivée, le Puerto de Estacas de Trueba (3e cat) et surtout le Puerto del Escudo (7km à 9%) auront déjà entamé les forces du peloton lorsque celui-ci se présentera au pied de l'Alto Campoo. Avec 15,7km à 6,1% (et un final à plus de 11%), ce n'est pas l'ascension la plus terrible de cette Vuelta. Mais à moins d'une semaine de Madrid, nul doute que les organismes seront entamées. D'autant qu'avec 215km au programme, cette étape est la plus longue du Tour d'Espagne. Et pourtant, le plus dur est à venir... 

Comme souvent sur l'épreuve espagnole, tout se résumera à une course de côte. La faute à un Alto del Torno séduisant (2e cat, 7,4 à 6,1%), mais situé bien trop tôt dans l'étape (le sommet est à 60km de l'arrivée). Du coup, malgré la montée non-répertoriée de l'Ortiguero (8km à 4%) à 15km du pied de Sotres, les favoris devraient attendre l'ascension finale pour ouvrir les hostilités. Ce qui n'empêchera pas des écarts conséquents ! Avec 12,8km à 8% et trois derniers kilomètres à plus de 11%, la montée de Sotres Cabrales laissera bon nombre de coureurs collés à la route. Même chez les favoris.

Dans bien des Grands Tours, ce serait l'étape-reine. Pas sur cette Vuelta-là. Et pourtant. Avant même les 40 derniers kilomètres, les coureurs auront déjà franchi l'Alto de Aristébano (3e cat), l'Alto de Piedratecha (2e cat), l'Alto de la Cambruna (3e cat) et l'Alto de Tenebro (2e cat). Déjà pas si mal. Mais que dire du final ? Tout d'abord l'Alto del Cordal, sorte de mise en bouche avec ses 8,5km à 5,7%.

Le peloton attaquera dans la foulée le seul 1re catégorie de la journée. Régulièrement utilisé sur la Vuelta depuis 2006, l'Alto de la Cobertoria (9,7km à 8,9%, max 12%) continuera l'écrémage au sein du peloton et certains leaders pourraient même s'y trouver en difficulté. Pour eux, toute chance de bien figurer au général s'envolera alors, car la montée finale est aussi la plus dure. Courte de seulement 7,1 kilomètres, l'ascension d'Ermita de Alba (HC) présente cependant des pourcentages effrayants (10,4% de pente moyenne avec des pointes à 18% !). Un grand moment sans aucun doute.

Le Tour d'Espagne en a fait sa spécialité depuis désormais quatre ans. Un seul contre-la-montre individuel (plus celui par équipes en ouverture), d'une distance d'environ 40 kilomètres. Cette fois, ce chrono sera long de 38,7km autour de Burgos, sur un parcours archi-plat. Place donc aux purs rouleurs, rarement récompensés sur la Vuelta ces dernières années avec des profils de contre-la-montre bien plus vallonnés. Les grimpeurs devront eux limiter la casse pour pouvoir encore espérer s'imposer, à 4 jours de l'arrivée à Madrid.

Soyons honnêtes. A trois kilomètres près, cette étape n'aurait qu'une chance infime de faire basculer la Vuelta. Malgré l'Alto de Valdavia (2e cat) et la relative proximité avec l'arrivée de l'Alto de la Paramera (2e cat, 8,7 km à 4,5%). Sauf que voilà, le Muralla d'Avila (1,6 km à 3,6%), franchi à deux reprises au cours de l'étape, est pavé dans sa grande majorité.

Si le premier passage à près de 100km de l'arrivée ne devrait pas poser de problème, le second est une toute autre affaire. Parce que la nervosité et la vitesse dans le peloton seront bien plus importantes, mais aussi parce qu'à une borne de l'arrivée, un favori pourrait en profiter pour tenter quelque chose. Faire la différence sur les pavés, voilà qui serait une intéressante nouveauté pour la Vuelta...

Une étape de montagne la veille de l'arrivée, voilà qui est en train de devenir un symbole des Grands Tours, inspiré par ce qui est fait sur la Vuelta depuis 2010. Et ce 20e opus de l'édition 2015 promet d'être grandiose. Déjà par sa difficulté, avec quatre ascensions de 1re catégorie. Mais aussi par son parcours, assez inédit. Entre San Lorenzo de El Escorial et Cercedilla, les coureurs franchiront à deux reprises le Puerto de Navacerrada et le Puerto de la Morcuera. Mais dans deux sens différents ! Après avoir franchi les deux cols une première fois dans cet ordre, le peloton rejoindra en premier la Morcuera, du côté descendu il y a à peine 35 kilomètres. Invraisemblable !

Et si on y retrouverait des distancés ? Ce serait cocasse... Une fois les 10km à 6,8% franchis, les coureurs iront chercher le pied du Puerto de Corcos, nom donné au Puerto de Navacerrada franchi par ce versant. Un versant plus long (11km contre 9), mais en revanche moins dur (5,4% de pente moyenne contre 6,6 lors du premier passage), qui constituera la dernière difficulté de cette Vuelta 2015. Et l'ultime chance de renverser le porteur du maillot rouge de leader. En tout cas, le parcours s'y prête.