VUELTA - Jean-Christophe Péraud (AG2R) : "Je vais me mettre au service de Pierre Latour"

Presque dix-sept ans d'écart mais coleaders au sein de la même équipe. L'un dispute son dernier grand Tour, l'autre son premier. Entre Jean-Christophe Péraud, 39 ans, au crépuscule de sa carrière, et Pierre Latour, 22 ans, à l'orée de la sienne, la Vuelta qui débute samedi est un passage de témoin. "Ce sont les contre-performances de ces dernières saisons qui me poussent à arrêter", explique Jean-Christophe Péraud à l'AFP. "Quand je suis devant, au niveau des meilleurs, je prends beaucoup de plaisir. Mais sinon..." Il a donc pris sa décision: le Tour d'Espagne 2016 sera sa dernière grande épreuve avant sa retraite sportive en fin d'année.

En 2014, le Toulousain prend à 37 ans la deuxième place du Tour de France, derrière Vincenzo Nibali. Mais l'édition 2015 est une déception : après une chute à mi-parcours, Péraud termine 61e et annonce qu'on ne le reverra plus sur la Grande Boucle. Ses derniers frissons sur un grand Tour, le coureur d'AG2R La Mondiale aurait dû les connaître en Italie, au printemps. Mais une chute dès la 3e étape en décide autrement. Traumatisme facial, perte de connaissance, "Jicé" doit abandonner. Son baroud d'honneur est donc reporté en août, en Espagne.

"C'est une page de ma vie qui se tourne", assume l'ingénieur de formation, qui ne sait pas encore de quoi 2017 sera fait. "Il va falloir que je prépare ma reconversion." En attendant, il doit boucler sa 2e Vuelta, où son directeur sportif Julien Jurdie l'encourage à "prendre du plaisir" et pense "qu'il peut intégrer le top dix". "Pas dans ces conditions. La confiance n'est pas de mon côté", objecte Péraud, qui reste sur une 53e place au Tour de l'Ain. "J'ai un bon niveau, mais pas suffisant pour faire quelque chose de correct".

Plutôt que son propre classement, le vice-champion olympique de VTT en 2008 s'est donc fixé une autre dernière mission: "Me mettre au service de Pierre (Latour) pour qu'il fasse le meilleur classement possible". Péraud et Latour, "le petit frère de Jean-Christophe" selon leur directeur sportif, se connaissent depuis que le benjamin est entré comme stagiaire chez AG2R, en 2013. "Depuis que je suis dans l'équipe, il me donne des conseils sur le placement, la récupération", détaille l'espoir. "Il a un très gros potentiel qu'il ne reste plus qu'à exploiter, travailler", estime Péraud à propos du Drômois. "Je veux lui transmettre mon expérience pour qu'il puisse toucher les sommets".

Le savoir-faire du champion d'Europe de cross-country... 2005 ne sera pas de trop dans un Tour redouté pour ses pentes et ses arrivées au sommet. "Il va m'aider au maximum dans les bosses", espère Latour, qui a pris la 3e place du Tour de l'Ain. "J'ai souvent couru avec 'Jicé'. On sait comment faire." Révélation du début de saison, sa seconde chez les pros, avec notamment une 2e place au Critérium international, Latour n'a pas à chercher loin pour trouver un autre modèle d'évolution. Son leader d'équipe Romain Bardet, de trois ans son aîné, vient de finir lui aussi 2e du Tour de France, deux ans après Péraud.

"J'étais heureux pour lui et pour l'équipe", relate Péraud, qui s'entraînait quand l'Auvergnat a remporté une étape majeure à Saint-Gervais-les-Bains. En spectateur, il a vu l'euphorie s'emparer d'AG2R. "Cette deuxième place a donné confiance à l'équipe pour jouer les premiers rôles", se félicite-t-il. Rotation d'effectif oblige, la formation alignée en Espagne n'aura rien à voir avec celle de juillet, le seul à doubler étant le Belge Jan Bakelants. "C'est une équipe jeune encadrée d'anciens", explique Péraud quand on évoque la présence de Christophe Riblon (35 ans) et Sébastien Minard (34 ans). "L'objectif est de partager nos expériences." Pour mieux assurer la relève.