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Alaphilippe et la Vuelta, tout pour une belle histoire

Jean-Baptiste Duluc

Publié 18/08/2017 à 00:03 GMT+2

TOUR D'ESPAGNE - Blessé au genou au Tour du Pays Basque en avril, Julian Alaphilippe n'a finalement pas pu voir le Tour de France il y a un mois. Un mal pour un bien puisque cela va permettre au Français de la Quick Step Floors d'être au départ de la Vuelta, une épreuve qui semble adaptée à ses qualités.

Julian Alaphilippe (Quick Step)

Crédit: Panoramic

Voilà plus de vingt ans qu'aucun Français n'est monté sur la plus haute marche d'un Grand Tour. Une éternité pour une des plus grandes nations de l'histoire du cyclisme. Et si Romain Bardet (2e en 2016, 3e en 2017), Thibaut Pinot et Jean-Christophe Péraud (respectivement 3e et 2e en 2014) sont montés sur le podium du Tour de France, si Pierre Rolland n'est pas passé loin (4e) sur le Giro 2014, on attend toujours un successeur, à Laurent Jalabert.
"Jaja" reste encore et toujours le dernier Tricolore à s'être imposé sur une épreuve de trois semaines et c'était sur la Vuelta 1995, la première disputée à la fin de l'été. Le Tour d'Espagne n'a plus jamais souri aux Français, absents du podium depuis 22 ans. Comme sur les classiques ardennaises, l'après-Jalabert a semblé long. Heureusement, Julian Alaphilippe est arrivé, renouant avec le podium de la Flèche Wallonne (2e en 2015 et 2016) et de Liège-Bastogne-Liège (2e en 2015).

Un profil à la Valverde ?

Alors, pourquoi ne pas rêver de succéder également à Jalabert sur le Tour d'Espagne ? Bien sûr, le parallèle entre les deux coureurs est aussi facile que la comparaison entre les situations est complexe, d'autant qu'il existe un monde entre les courses d'un jour et celles de trois semaines. Aussi talentueux soit-il, le puncheur de la Quick Step Floors n'a bouclé qu'un seul Tour de France, achevé à la 41e place au général en 2016. Insuffisant sur le papier pour en faire un candidat au podium sur la Vuelta. Surtout avec son manque de foncier suite à son opération du genou cette année. Mais les qualités sont là et elles sont variées.
Excellent puncheur, grimpeur tout à fait honnête, Alaphilippe peut aussi se targuer d'un niveau intéressant en contre-la-montre. On ne gagne pas un chrono sur Paris-Nice (au Mont Brouilly cette année) par hasard, même avec une ascension pour finir. Ce jour-là, le Français était déjà largement en tête au terme de la partie plate, preuve de ses qualités de rouleurs.
Tout terrain, le coureur de la Quick Step Floors présente sur le papier un profil assez proche d'un Jalabert ou – plus près de nous – d'un Alejandro Valverde, au profil de grimpeur-puncheur plus similaire encore. Tout deux ont des qualités fluctuantes de rouleur, un domaine où Jalabert faisait quand même partie des meilleurs mondiaux. On ne peut que souhaiter à Alaphilippe la même réussite sportive que celle du vainqueur de la Vuelta 1995 ou celle de l'Espagnol, tant le natif de Montluçon a les qualités pour briller sur le dernier Grand Tour de la saison.

La Vuelta sourit aux audacieux

Il suffit de se pencher sur le palmarès de Jalabert et Valverde sur le Tour d'Espagne pour mieux le comprendre. Victorieux en 1995 en ramenant tous les maillots distinctifs, 5e en 1998, quadruple vainqueur du classement par points (un record), Jalabert a multiplié les victoires d'étapes (18), devenant même le troisième coureur le plus souvent victorieux sur le Tour d'Espagne. Mais Valverde n'est pas en reste. Si le Murcien n'a remporté qu'une seule fois la Vuelta – comme Jalabert – en 2009, il est régulièrement monté sur le podium (1er en 2009, 2e en 2006 et 2012, 3e en 2003, 2013 et 2014), finissant à huit reprises dans le top 5. Sans compter neuf succès d'étape, trois maillots verts et trois maillots du combiné (un record). Nul doute qu'une telle réussite conviendrait à Alaphilippe.
Le Français est un coureur offensif, qui n'hésite pas à tenter sa chance, y compris de loin si nécessaire. Malgré sa pointe de vitesse, il n'aime pas attendre et préfère généralement prendre la course en main lorsqu'il le peut. C'est une différence notable avec Valverde, plus attentiste désormais que dans ses premières années même s'il avait retrouvé ces derniers mois son esprit offensif. L'audace d'Alaphilippe s'accorde à l'esprit d'une Vuelta qui sourit de plus en plus aux audacieux.
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Julian Alaphilippe lors de Paris-Nice

Crédit: Getty Images

Seul Julian sait de quoi est capable Alaphilippe

Trois des cinq dernières éditions ont été remportées à la suite d'une offensive au long cours. Il y a eu d'abord le futur retraité Alberto Contador, dépossédant Joaquim Rodriguez du maillot de leader à Fuenté Dé en 2012. Fabio Aru l'a imité trois ans plus tard, en faisant craquer Tom Dumoulin à Cercedilla, à la veille de l'arrivée. Et, l'an passé, Nairo Quintana a pu remercier le nouveau coup de folie de Contador sur la route de Formigal, qui lui a permis de creuser un écart définitif sur Christopher Froome. Le genre d'offensive de loin que ne renierait pas Alaphilippe.
Seul Julian sait de quoi est capable Alaphilippe. Si son potentiel pour les classiques est certain et celui pour les courses d'une semaine semble évident, on ne connaît pas encore l'étendue de ses qualités sur les épreuves de trois semaines. Il a déjà prouvé sa capacité de récupération lors du Tour 2016, en brillant en dernière semaine dans des échappées. Mais, on le sait, on ne récupère pas de la même manière lorsque l'on joue le général.
Peut-être le Français ne sera t-il jamais en mesure de viser le podium d'un Grand Tour. Peut-être devra t-il se limiter aux courses d'une semaine et, en soit, ce serait déjà pas mal. Mais, avec lui, on veut toujours voir plus loin. Son profil colle si bien à l'essence du Tour d'Espagne que tous les rêves sont permis. Mais peut-être pas tout de suite...
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