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Entre doute et suspicion, Christopher Froome s’enfonce dans la grisaille britannique

Benoît Vittek

Mis à jour 14/12/2017 à 10:06 GMT+1

Les nuages, gonflés de soupçons de dopage, continuent de s’amonceler au-dessus du Team Sky, fleuron du cyclisme britannique. Après Bradley Wiggins, au tour de Chris Froome d’être concerné par des faits qui, s’ils ne constituent pas (encore ?) un contrôle positif, nourrissent le doute.

Sky's British cyclist Christopher Froome crosses the finish line of the 20th stage of the 72nd edition of 'La Vuelta' Tour

Crédit: Getty Images

"Réveillez-vous trolls de Twitter, le jour est venu…” Ce mercredi matin, il y avait quelques enthousiastes. Cavaliers de l’antidopage sur les réseaux sociaux, des “trolls” autoproclamés (ils reprennent ici le qualificatif acerbe d’un Lance Armstrong au sommet de sa morgue face à ses accusateurs) espèrent enfin assister à la chute de l’Empire Sky et de son Chevalier le plus décoré, Chris Froome.
Endormis pour l’intersaison, ces “trolls” se sont réveillés avec un cadeau de Noël avant l’heure : une déclaration de l’UCI indiquant un “Résultat d’Analyse Anormal” contre Froome. La forteresse Sky à laquelle ils s’attaquent depuis plusieurs années de domination britannique sur le cyclisme mondial est une nouvelle fois hantée par le spectre du dopage. La fois de trop ?
Quelle que soit l’issue de ce dossier (et d’ici là, les Sky ont le temps d’ajouter quelques succès à leur palmarès avant de se voir probablement retirer leur première Vuelta), le nom de Chris Froome restera toujours associé à un résultat en infraction avec la législation antidopage, a priori lié à une prise trop importante de salbutamol. Une vraie salissure pour un coureur qui revendique haut et fort des succès acquis de façon “100% propre”.

Des fantasmes et des précédents

Aujourd’hui, Chris Froome n’est toujours pas un tricheur (il n’a pas été sanctionné par l’UCI et tente désormais de démontrer sa bonne foi pour éviter ou réduire une suspension) mais il ne peut plus vraiment se prétendre “100% propre”. Après ce contrôle, il ne s’agit plus de soupçons, de fantasmes de Kenacort ou de cétones. Son urine présentait bien une concentration trop élevée d’une substance soumise à une utilisation limitée.
Grand malade (il a notamment souffert du typhus et de la bilharziose, une maladie parasitaire), le Britannique n’est pas le seul asthmatique du peloton, ni le premier coureur épinglé pour sa prise de Salbutamol. Tous, comme Froome aujourd’hui, ont tenté de justifier leur prise de ce produit. Et de minimiser l’impact potentiel sur leurs performances - des experts abondent dans ce sens.
Le quadruple vainqueur du Tour, triomphateur en suspens de la dernière Vuelta, peut encore s’en sortir. Mais le dossier “Froome - Salbutamol” a déjà rejoint quelques archives puantes. Avec son Team Sky, rien n’est vraiment tout noir ou blanc - pas même les tuniques immaculées des héros du cyclisme britannique, elles aussi pointées du doigt cet été pour le bénéfice qu’elles apporteraient dans les contre-la-montre.
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Chris Froome (Sky) lors du chrono de Düsseldorf

Crédit: Getty Images

Malgré ses grandes déclarations de principe contre le dopage, la formation britannique est notamment accusée de se frayer dans les zones grises de l’antidopage. On lui reproche la médicalisation de la performance de ses coureurs, avec l'appui de praticiens épinglés pour leurs pratiques dopantes dans d'autres formations. En cause notamment : un recours critiquable aux Autorisations à usage thérapeutique (AUT), permettant par exemple à Bradley Wiggins d’être sous corticoïdes au départ du Tour de France 2012.

Des problèmes structurels sérieux en termes d’antidopage

Mais jusque là, la Sky continue de passer entre les gouttes, absorbant les accusations dans un entre-deux qui finit par dégager une odeur rance. Les autorités britanniques antidopage ont classé l'affaire du "colis mystérieux" - un paquet que le Team Sky s'est fait livrer juste avant le départ du Tour 2011 au bénéfice de Wiggins - le mois dernier, faute de preuves. Les députés du Royaume, qui enquêtent également sur ce colis ont eux vu “des problèmes structurels sérieux et préoccupants, à la fois en termes d’antidopage et de gouvernance”.
Après le silence de ces dernières semaines (Froome a été informé des résultats de son contrôle le 20 septembre, jour où il a décroché la médaille de bronze dans le chrono des Mondiaux), on va voir si le quadruple vainqueur du Tour et les siens peuvent offrir des justifications plus claires et convaincantes que celles de Wiggo. Ce n'est pas gagné : le “Sir” en chef des Sky, Dave Brailsford, s'est assis sur sa crédibilité lorsqu'il s’est lui aussi enferré dans des déclarations mensongères et des interventions malvenues auprès de médias s'interrogeant sur les pratiques de son équipe.
Ancien entraîneur de Wiggins, également proche de Froome, Shane Sutton se montrait plus direct à la mi-novembre, justifiant dans un documentaire de la BBC le recours aux AUT dans la quête des “marginal gains” vantés par la Sky. “Les règlements vous permettent de le faire”, expliquait celui qui a dû quitter son poste au sein de la Fédération britannique en 2016, accusé de discrimination envers des athlètes féminines et paralympiques. Au Royaume Sky, ça ne sent vraiment pas bon.
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