Froome a coincé à Los Machucos ? Pas de panique pour le maillot rouge

Le yo-yo Froome-Nibali continue. Je te prends du temps, tu me reprends du temps, on se reprend du temps... Depuis quatre étapes, le Britannique et l'Italien se rendent coup pour coup au gré des étapes et des profils. Mardi, Chris Froome avait repoussé son dauphin quasiment à deux minutes au général à la faveur de sa victoire dans le contre-la-montre.

Mais mercredi, le requin de Messine a effacé l'essentiel de cette ardoise lors de la montée vers Los Machucos, terrifiante par ses pourcentages. Il ne reste plus qu'une minute et 16 secondes entre les deux hommes. Retour à la case départ ou presque, donc...

Tête baissé sur sa machine, Froome a souffert dans cette 17e étape. Le maillot rouge a cédé du terrain sur quasiment tous ses rivaux et dès que la grande bagarre a été déclenchée, sous les premiers coups de boutoir de Miguel Angel Lopez et Alberto Contador, il est resté sans réaction. Pire, il a même donné le sentiment d'avoir du mal à suivre le rythme de ses propres équipiers.

"J'ai clairement payé les efforts du contre-la-montre", a estimé le maillot rouge à l’arrivée. Et comme à Peyragudes en juillet sur le Tour, les très forts pourcentages n'ont pas servi ses desseins. "C'était une ascension finale typique de la Vuelta. Je ne pense pas que quiconque apprécie des pourcentages supérieurs à 25% mais c'est comme ça et c'est la même chose pour tout le monde", a jugé Froomey.

Pour autant, à l'arrivée, on a vu le quadruple vainqueur du Tour avec un sourire aux lèvres en serrant la pince de Mikel Nieve, encore énorme ce mercredi. Est-ce à dire qu'il considère avoir géré au mieux ce temps faible ? Possible, oui. "Ce n'est jamais une bonne chose de perdre du temps et je savais que ce serait très dur aujourd'hui, mais je me sens bien et je reste en très bonne position. Je suis optimiste et j'ai confiance dans le fait que nous pouvons finir le boulot", a-t-il assuré.

Comme souvent, Chris Froome a préféré mettre les choses en perspective. Non, la journée n'a pas été bonne, mais après tout, sa marge de manœuvre est aujourd'hui supérieure à ce qu'elle était à la veille de la seconde journée de repos, lundi. "Cette dernière semaine, a expliqué l'homme fort de la Sky comme pour insister sur sa sérénité, je la vois comme une séquence de cinq jours, en sachant que la 20e étape [celle de l'Angliru, samedi, NDLR] sera la plus difficile. Je ne vais pas paniquer ou sur-réagir à chaque étape."

76 secondes, c'est à la fois peu et beaucoup. Peu car il reste deux étapes piégeuses jeudi et vendredi et, surtout, l'Angliru samedi. Là-bas, dans le géant des Asturies, la moindre petite défaillance peut affoler le chronomètre. Froome n'a donc pas droit à l'erreur et n'a pas vraiment de joker. Mais il garde la main et c'est au fond l'essentiel pour lui. "Je sais que mes rivaux vont essayer et essayer encore, mais je suis prêt", dit-il. A la sortie du Tour, la fraicheur ne penche pas de son côté face à Nibali. Mais de là à le voir craquer en troisième semaine...

"Gagner la Vuelta a toujours été le plus difficile pour moi parce que j'axais tout sur le Tour, a-t-il ajouté. Mais cette année, j'ai commencé ma saison un peu plus tard et je n'étais peut-être pas au Top sur le Tour, ce qui me permet de tenir ma forme plus longtemps. Je pense que ça se voit sur cette Vuelta." Une façon de prévenir tout le monde, et Nibali le premier : si tu veux ce maillot rouge, viens le chercher et ne compte pas sur moi pour le perdre comme ça...